Princesse et Assassin

Le feu

Malia chérie,

Cela fait si longtemps que je ne t'ai pas vue, et ton absence est difficile à supporter, que ce soit pour moi, ou pour Père. Quand reviendras-tu? Nous nous languissons de toi!

Comment se passent tes années à Saint-Pierre? J'espère que tu n'es pas trop rebelle face aux règles qui te semblent si difficiles à suivre, m'as-tu dit! J'espère aussi que tu as de bonnes relations avec les demoiselles de la pension, et que tu ne t'es pas fait trop d'ennemies -je sais à quel point tu peux être difficile, mais c'est ainsi que je t'aime- et que tu n'es pas trop dure avec les Françaises!

Il faut que je te dise que Sa Majesté m'emmène avec elle sur le champs de bataille en Espagne, car elle a besoin de moi. Je ne sais si je serai dans la possibilité de t'écrire pendant ce temps qui, je l'espère, sera court; aussi je désirais t'avertir que cette lettre sera peut-être la dernière avant longtemps.

Porte-toi bien, et sois forte. Je sais que tu l'es, je te connais assez pour le dire. Sois courageuse, je sais que l'éloignement de ta partie est dure, mais tu sais que lorsque tout ce que Père désire sera accompli, tu rentreras. En attendant que ce jour arrive, sache que je t'aime et que tu n'es pas seule.

Je t'embrasse tendrement,

Ton frère qui t'aime,

Baudouin

Malia lut et relut la lettre arrivée aujourd'hui, et serra le précieux papier contre son cœur. Mais les larmes lui montèrent aux yeux: son frère partait en guerre...

"Marie?" Dit une voix la faisant sursauter, "de qui est cette lettre?"

La jeune étrangère se retourna vivement et découvrit le visage suspicieux de Madame de Maintenon.

"De mon frère, Madame.

"Très bien. Je ne savais point que vous aviez un frère... qui est-il?

"Le chevalier Baudouin d..."

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"Taisez-vous donc!!" Chuchota Hortense avec agacement en fusillant Catherine du regard. "Je n'ai point entendu la fin de sa phrase!!

"Pardonnez-moi, mais je voudrai entendre!" Rétorqua Catherine.

Les deux curieuses avaient collé leur oreille contre la porte du dortoir, gesticulant afin d'entendre la conversation entre Malia et Madame de Maintenon. Hortense glissa un coup d'œil par le trou de la serrure, et vit avec horreur Madame de Maintenon se diriger vers la porte. Elle s'écarta vivement en poussant Catherine.

"Retirez-vous, retirez-vous!" S'exclama la jeune fille en chuchotant.

Catherine comprit et s'en fut aussi rapidement que le permettait sa robe et ses souliers. Hortense fit semblant de vouloir entrer dans le dortoir. La marquise de Maintenon ouvrit la porte et fut surprise de voir Hortense ici.

"Madame!" S'écria la demoiselle, feignant l'étonnement. "Je venais voir Marie, nous avons besoin d'elle.

"Très bien." Répondit la marquise de sa voix douce et grave.