Le retour

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Lorsque les cavaliers s'arrêtèrent enfin, Malia vit le Comte sur le point de chuter. Son sang ne fit qu'un tour, et elle courut pour le rattraper, aidée par les deux gardes. Baudouin sauta de son cheval et accourut.

"Nous avons été surpris par une embuscade, d'où notre retard...," dit-il essouflé.

Malia leva les yeux sur lui, d'un air compréhensif, et hocha la tête. Puis son regard revint sur le Comte, et elle se mit à donner des ordres, afin que l'on s'occupe du jeune homme et qu'on le soigne au plus vite. Des domestiques accoururent, et un messager fut dépêché auprès du médecin royal. Lorsque le Comte disparut, emmené par les domestiques, la jeune fille se tourna vers son frère dans les bras duquel elle se jeta. Baudouin fut surpris, mais serra sa petite sœur fort contre lui. Lorsque Malia se dégagea de l'étreinte, ses yeux étaient remplis de larmes, mais elle les refoula, et prit le bras de son frère, et tous deux se dirigèrent vers le château où les attendait une Hélène plus joyeuse que jamais.

Au château, on prit soin du Comte, et pendant près de trois jours, ce dernier demeurait inconscient. Malia passait beaucoup de temps à son chevet, veillant sur lui, et priant ses ancêtres de protéger le jeune homme et de le maintenir en vie. Malia savait pourtant qu'une fois que le jeune homme serait rétabli, son mauvais caractère et sa personalité exécrable seraient de retour. Mais aussi paradoxalement que cela pouvait être, elle avait hâte de retrouver tout cela. Baudouin la relayait de temps en temps au chevet du Comte, obligeant sa sœur à se reposer, et à prendre un peu de temps pour elle-même et pour l'homme qu'elle aimait. En effet, le jeune Louis-Joseph prenait souvent des nouvelles de Malia, lui envoyant souvent des lettres que la jeune fille aimait lire et relire. Elle répondait toujours en grande hâte, et ces moments étaient pour elle des moments sacrés et Baudouin le savait. De temps en temps aussi, le Duc d'Anjou acceptait la venue de Louis-Joseph. Il s'était pris d'affection pour lui, et avait dit à sa fille qu'il pensait que c'était un excellent jeune homme; cela avait réchauffé le cœur de Malia et l'avait beaucoup rassurée. Le fait que son père et l'homme qu'elle aimait s'entendait aussi bien était pour elle un bon signe. Tout ce qu'elle espérait à présent, était de rencontrer la famille de Louis-Joseph, et de pouvoir s'entendre aussi bien avec eux. Du côté de Baudouin, Louis-Joseph était devenu pour lui comme un frère, et les deux jeunes hommes passaient beaucoup de temps à discuter le soir après le souper. Tout semblait aller à merveille.

Les trois jours passèrent, longs et Malia devenait plus anxieuse chaque jour. Le Comte ne se réveillait pas, et les docteurs ne savaient plus quoi faire, ils avaient tout essayé. Un quatrième jour, un cinquième... une semaine s'écoula. Malia perdait espoir. Elle refusait de dormir dans ses appartements, mangeait très peu, et en avait presqu'oublié d'écrire à son bien-aimé qui avait fini par venir au château pour soutenir la jeune fille, et simplement être présent à ses côté, être là pour elle. Le soir, Malia s'installait toujours dans la chambre du Comte, sur un fauteuil, et lisait. Mais ce soir-là, elle fut rejointe par Louis-Joseph qui s'assit en face d'elle, et les deux amants commencèrent à parler en chuchotant. Ils parlaient de leur passé, de leur futur, de mariage, d'enfants...

"Le mariage n'a jamais été quelque chose qui me faisait rêver," avoua Malia. "C'était plus quelque chose qui me faisait peur, qui me rendait esclave, et je veux toujours rester libre."

Louis-Joseph la fixa un instant, en souriant.

"Dans les romans, le mariage est souvent présenté comme un engagement contraignant," répondit le jeune homme en souriant. "Et il est contraignant, en effet, parce que l'on doit prendre en compte l'autre, dans ce que l'on fait; on n'est plus focalisé sur un seul, mais sur deux; sur le bien de deux personnes en relation l'une avec l'autre, et non plus son propre bien égoïste. Au contraire, le mariage est un engagement qui permet de se donner entièrement, de s'oublier soi-même pour l'autre aimé. Et on est libre avec cette personne lorsqu'on est capable de lui dire non lorsque quelque chose va à l'encontre du meilleur bien; lorsqu'on est capable de poser les bons choix, même si l'autre ne sera pas d'accord... Savoir ensuite le lui expliquer etc. Je ne sais si vous comprenez."

Princesse et AssassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant