Princesse et Assassin

Audience

Le Comte fixa Malia en hochant la tête, l'air grave, mais l'œil rieur. La jeune fille avait les yeux rivés sur le sol, et elle resta ainsi pendant quelques secondes avant de relever la tête et regarder le bel ange déchu qui se tenait debout devant elle, et le noir rencontra le bleu-gris. Malia sourit: enfin! Enfin elle avait trouvé l'homme qu'elle cherchait, enfin allait-elle pouvoir commencer ce qu'elle voulait depuis qu'elle était arrivée en France. Un léger sourire se dessina au coin des lèvres de la jeune princesse, un sourire de victoire.

"Je veux voir le Roi," dit-elle d'un air déterminé. Le Comte sourit et acquiésa.

"Je lui ai demandé une audience demain à 10 heures. Soyez prête," dit-il simplement.

Malia hocha la tête et se retira. Lorsqu'elle arriva à la porte qu'elle ouvrit, elle se retourna une dernière fois, afin de regarder le jeune homme qui la suivait des yeux, les bras croisés, l'air satisfait. Et Malia sourit avant de sortir. Dans les couloirs du château, la jeune fille marchait d'un pas lent, un sourire en coin. Quelque chose dans ses yeux avait changé, il y avait comme une étincelle qui était née, une détermination. Elle était sûre d'elle, triomphante. Tout se passait comme prévu. Si le Roi lui accordait sa volonté, elle savait qu'elle aurait de nombreux sacrifices à faire, mais ce qu'elle ignorait, c'est que cela allait lui coûter cher... très cher. Cependant, il ne semblait y avoir aucun nuage à l'horizon, au contraire, tout semblait clair à nouveau, net; le chemin qu'elle voulait prendre était enfin tracé de façon distincte. Elle fut interrompue dans ses réflexions par l'arrivée d'Hélène.

"Bonjour, ma chère Malia," dit Hélène en souriant.

"Bonjour, mère," répondit Malia en tâchant de sourire le plus chaleureusement possible. Hélène embrassa sa belle-fille qui réprima son agacement et se laissa faire. Puis Hélène s'empara du bras de Malia et toutes deux se mirent à marcher en direction du petit salon.

"Comment allez-vous ce matin, Malia? J'espère que vous n'êtes pas trop fatiguée par les évènements de la soirée d'hier?" commença Hélène en souriant.

"Point du tout, mère," répondit la jeune fille en souriant. "Je suis une bienheureuse, et il m'en faut bien plus pour en venir à bout de mon énergie!"

Hélène se mit à rire doucement.

"Ce que vous dites me rend heureuse," avoua-t-elle. "Mais votre santé et votre énergie sont des choses qui m'étonneront toujours: il est impossible de les détruire!"

"Certes," répliqua Malia en fronçant les sourcils. "Mais dans mon pays, nous vivons souvent au grand air, et nous sommes habitués aux caprices du climat."

Malia sentit la main d'Hélène resserer son bras.

"Mais d'où venez-vous exactement?" demanda Hélène en s'arrêtant, forçant Malia à faire de même et en plongeant ses yeux dans ceux de sa belle-fille. Cette-dernière sentit une certaine colère dans le ton de la voix de sa belle-mère, et plus que cela... de la haine. Malia ne laissa rien paraître, et sourit. Elle allait répondre, lorsque le Comte fit son apparition, sauvant la jeune fille d'un interrogatoire indésiré. Le jeune homme s'était changé, et était vêtu de bleu: l'ange déchu avait disparu, à sa place, un ange lumineux. Malia baissa les yeux, tentant de réprimer son sourire causé par cette réflexion.

"Madame, mademoiselle," salua le Comte en souriant. "j'espère que vous avez passé une agréable nuit. Pourriez-vous me faire l'honneur de votre compagnie?"

Hélène acquiésa et prit le bras que le Comte lui offrait, en gentilhomme honorable qu'il était, et tous les trois se dirigèrent vers le petit salon. Malia marchait derrière eux, réfléchissant à la façon dont sa belle-mère s'était adressée à elle: pourquoi cette soudaine haine? Pourquoi cette soudaine dureté envers sa belle-fille? Hélène s'était toujours montrée accueillante et bienveillante envers Malia, encore plus lorsque son époux était présent... Mais Malia avait une idée sur la question. En effet, plus elle y pensait, plus la réponse lui paraissait évidente.