Hélène

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Les mois passèrent, et Malia et le Comte continuait leurs missions, chaque semaine, quelques fois plusieurs fois par semaine, et leur amitié et leur complicité ne faisait que grandir. Seulement, ni l'un ni l'autre n'éprouvait de l'amitié pour l'autre, bien qu'ils se forçaient à repousser leurs sentiments, en raison du fiancé de Malia.

Plus le temps passait, plus les missions devenaient compliquées et dangereuses; mais Malia, grâce au Comte, gardait confiance en elle, en ce qu'elle voulait et devait faire, et n'avait pas peur. La présence de son partenaire la rassurait, et l'aidait dans chaque mission, et chaque fois, il la soutenait, et l'encourageait. Les entraînements continuaient toujours, et la froideur et la mauvaise humeur du Comte, avec ses remarques cinglantes, étaient cependant toujours là, et malgré ces choses, Malia continuait de l'aimer, puisque c'était ainsi qu'elle l'aimait. Elle avait appris à lui répondre, et s'ensuivait alors des disputes violentes qui se finissaient toujours par un long regard, puis un éclat de rire.

Cette complicité et cette amitié entre les deux jeunes gens n'avaient pas échappé à Louis-Joseph qui tâchait de ne pas en être jaloux mais s'en réjouir. Il lui était difficile de voir sa fiancée passer plus de temps avec un homme qu'il n'appréciait pas et qui avait autant de charme, plutôt qu'avec lui, Louis-Joseph... Mais il ne laissait rien paraître, car il savait que Malia l'aimait, il était sûr de l'amour qu'elle lui portait, et il faisait tout pour la rendre heureuse. Malgré tout, il sentait qu'elle lui cachait quelque chose, et cette relation entre elle et le Comte ne pouvait pas être anodine... Mais il ne dirait rien et ne chercherait pas à en savoir plus, parce qu'il respectait l'intimité de sa fiancée. Le mariage approchait, et il avait d'autres choses en tête pour se préoccuper de cette relation qui l'inquiétait.

Malia s'entendait toujours aussi bien avec son père, et lorsqu'elle n'était pas avec son fiancé ou avec le Comte, elle essayait de passer du temps avec son père. Mais du côté d'Hélène, les choses allaient très mal... Et Malia en connaissait la raison. Hélène était devenue agressive et distante, et n'acceptait plus que ses deux enfants, Philippe et Bertille, fréquentent Malia. Pour ce qui était de Baudouin elle n'en avait pas le choix, et malgré de longues discussions, parfois houleuses, elle n'avait jamais réussi à obtenir de lui ce qu'elle voulait. Malia ne supportait plus l'attitude d'Hélène à son égard, tout comme Hélène ne pouvait plus supporter la présence de Malia. Le Duc en était attristé, et avait tenté de parler à sa femme, mais il n'y avait rien à faire, et toutes les paroles les plus affectueuses, tous les arguments les plus raisonnables du monde, les demandes de pardon, les supplications, tout ce qu'il pouvait trouver, rien ne faisait flancher Hélène. Il ne pouvait dire quoique ce soit à Malia, puisque ce qui était arrivé n'était pas de sa faute, et elle n'avait jamais rien demandé. De plus, la jeune fille, malgré son mauvais caractère, multipliait ses efforts afin de rester polie et gentille avec sa belle-mère. Mais rien ne l'insupportait plus que de voir Hélène rendre le Duc aussi malheureux, et Malia avait bien l'intention de faire quelque chose...

Plus le temps passait, et plus les deux époux s'éloignaient l'un de l'autre. Ils ne mangeaient plus ensemble, ne dormaient plus ensemble, et ne pouvaient plus se trouver dans la même pièce sans qu'Hélène ne trouve un motif pour mettre le Duc hors de lui. Ce dernier avait tout essayé, et combien de fois lui avait-il demandé pardon pour ce qu'il avait fait, mais elle refusait de lui pardonner. Cela faisait pourtant 19 ans que cet incident était arrivé, elle semblait lui avoir pardonné... mais depuis l'arrivée de Malia, elle avait changé d'avis, elle n'était plus la même.

Les semaines passaient, et le comportement de la duchesse ne changeait pas, et Malia n'en pouvait plus de cette atmosphère, et ses escapades nocturnes en compagnie du Comte étaient les seules choses qui lui permettaient de s'échapper de cette atmosphère étouffante, de voir son père souffrir de la sorte, de devoir elle souffrir de l'attitude d'Hélène à son égard. Malia avait dû quitter sa mère il y a maintenant deux ans, et en arrivant en France, elle avait espéré que la femme de son père la considérât comme sa propre fille. Mais il n'en avait rien été, et la jeune fille en souffrait; en effet, elle avait toujours essayé de plaire à Hélène, elle avait même supporté son attitude quant au départ de Baudouin un an auparavant. Mais c'était comme si cela n'avait jamais été... Malia gardait tout cela au plus profond d'elle-même, et ne voulait en parler à personne, pas même à son fiancé.

Princesse et AssassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant