Le Comte et Malia

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Malia fixa le corps étendu devant elle, les yeux dans le vague, son poignard ensanglanté dans la main. Combien de temps elle était restée là, elle n'en savait rien. Elle venait de tuer un homme. Un deuxième homme. Non pas selon l'ordre du roi, non pas un homme qu'elle ne connaissait pas et à qui elle n'avait jamais adressé la parole, mais selon sa propre volonté, un homme qu'elle connaissait et à qui elle avait déjà adressé la parole.

Sa main portant l'arme meurtrière, tremblait, et la jeune fille eut soudainement froid. Un frisson secoua violemment son corps, et fit réagir Malia qui s'agenouilla et essuya son arme dans l'herbe. Puis elle jeta un dernier regard à sa victime et se détourna pour monter à nouveau sur son cheval qu'elle lança au galop. Arrivée aux écuries, elle vérifia que personne n'était là, et alla rapidement se laver les mains et le visage entachés de sang; pour sa robe, il n'y avait rien à faire, aussi décida-t-elle de couvrir les taches avec de la terre.

Le soir tombait lorsqu'elle arriva au château, où Louis-Joseph l'attendait, inquiet. Lorsqu'il vit sa fiancée, il courut jusqu'à elle et la serra dans ses bras.

« Où étiez-vous? » demanda-t-il toujours aussi inquiet. « Vous êtes partie pendant des heures et j'ai commencé à m'inquiéter... »

« Ne vous inquiétez plus, mon tendre ami, » lui dit la jeune fille en souriant. « J'avais besoin d'air. »

« Êtes-vous tombée? Vous êtes-vous blessée? »

Malia fronça les sourcils, ne comprenant pas, puis elle se rappela de la terre qu'elle avait étalée sur ses vêtements.

« Je... non... non je ne suis pas tombée, » dit-elle incertaine. « Je... j'ai glissé lorsque je marchais dans la forêt, mais ne vous inquiétez pas. » Finit-elle en souriant.

Elle ne laissa pas le temps à son fiancé de répliquer, et s'éloigna rapidement. Elle monta les escaliers, et ouvrit la porte de sa chambre qu'elle referma doucement après être entrée. Elle sursauta et retînt un cri de surprise. L'ange déchu était de retour, mais il ne souriait pas. Il était assis dans le fauteuil près de la cheminée, jouant avec son petit poignard. Malia porta la main à son cœur, tâchant de se remettre de sa surprise.

« Comte! » s'écria-t-elle, « vous m'avez fait peur! »

Le Comte ne broncha pas, et laissa la jeune fille s'approcher avant de commencer à parler. Sa voix grave et douce était agréable aux oreilles de Malia.

« Je vous ai vue... » murmura-t-il tout en tournant son arme entre ses mains. « Je vous ai vue égorger cet homme... »

Malia pâlit et sentit son cœur s'accélérer. Le Comte leva les yeux vers la jeune fille.

« Pourquoi avez-vous fait cela? » demanda-t-il.

« Cet homme était quelqu'un de mauvais, » répondît Malia, retrouvant soudain son assurance. « Il a tenté d'abuser de Hortense. Il a fait beaucoup de mal à d'autres femme. »

« Le roi ne vous a pas donné l'ordre de l'exécuter, vous n'auriez pas dû prendre ce droit selon votre propre volonté. Vous serez punie, vous le savez n'est-ce pas? » dit le Comte.

Malia baissa la tête: il avait raison, elle le savait. Mais peu lui importait, elle savait ce qu'elle voulait et devait faire. Le Comte la fixait, d'abord inquiet, puis il sourit.

« Vous avez reçu la lettre de Sa Majesté? »

Malia sourit.

« Oui! Je voulais vous trouver tout à l'heure, mais en entrant dans le salon, mon fiancé était présent, puis j'ai vu le sieur Guirec, et... vous connaissez la suite... »

Princesse et AssassinWhere stories live. Discover now