Entraînements

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Malia se réveilla en sursaut lorsqu'elle entendit un coup violent à sa porte. Lorsqu'elle vit la tête du Comte passer dans l'entrebaillement de la porte, elle se souvint ce que cela signifiait, et la joie l'envahit.

"Vous êtes en retard," lui dit le Comte sèchement. "Dépêchez-vous."

Et il sortit en claquant la porte. Retrouver le mauvais caractère du jeune homme n'allait pas être chose facile, mais Malia comptait bien s'amuser malgré tout. S'étirant d'abord dans son lit comme un chat, paresseusement, elle se leva ensuite et alla jeter un coup d'œil par la fenêtre, et vit le Comte, les bras croisés, tappant du pied impatiemment, ses yeux, que la lumière du soleil avait rendus verts, levés vers la fenêtre de la jeune fille qu'il ne pouvait voir en raison des rideaux tirés. En souriant, elle s'écarta et s'habilla rapidement, selon les ordres du Comte: un pantalon de coton noir, une ceinture de cuir marron, une tunique blanche, un peu large pour elle, qu'elle rentra dans son pantalon, des chaussures de cuir marron, hautes et serrées, dont elle cru ne jamais venir à bout des lacets. Enfin, elle coiffa ses cheveux en une longue tresse. Elle descendit les escaliers le plus silencieusement possible, s'assurant de n'être vue de personne. Dehors, le Comte l'attendait, dans la même position dans laquelle elle l'avait vu quelques minutes plus tôt. Il ne lui adressa pas la parole, mais lança simplement un rapide regard à sa tenue qu'il sembla approuver.

"Suivez-moi." Ordonna-t-il.

Et cela dit, il se mit à courir. Une petite foulée pour commencer, mais à un rythme rapide. Malia dût suivre et courir à la même vitesse et exactement comme le Comte qui la reprenait à chaque faute, à chaque écart, ce qui faisait enrager Malia, qui ne pouvait rien dire, étant peu à peu à bout de souffle. Une demi heure plus tard, ils arrivèrent à l'orée de la forêt, et le Comte s'arrêta net, suivi par Malia, qui, essoufflée, se plia en deux, cherchant l'air qui lui manquait. Le jeune homme lui frappa l'épaule, l'obligeant de se redresser, avec un grognement d'agacement.

"Il est temps d'apprendre à se défendre, et à riposter, Princesse," dit-il froidement.

La jeune fille le fixa avec un air de défi et crut se tenir prête. Mais elle ne vit pas arriver le coup de poing du Comte, dans son épaule. Cela lui arracha un cri de rage et de douleur. Soudainement agressive, elle se rua vers le Comte qui se déplaça rapidement, évitant un coup que Malia pensait qu'il méritait grandement. Alors que la princesse, encore dans son élan, passait devant le jeune homme, ce-dernier lui donna un léger coup de pied dans les jambes, la faisant chuter. La jeune fille étouffa un cri et se tourna vers le Comte, alors tout souriant. Mais alors qu'elle allait se relever et tenter de riposter, le Comte, en un rapide mouvement, se trouva au-dessus de la jeune fille qu'il avait maîtrisé en un éclair. Malia ne s'était jamais sentie autant en colère de toute son existence, et semblait incapable de réfléchir posément.

"Votre impulsivité et vos passions vous empêchent de penser clairement!" Lui dit le jeune homme, en la maintenant toujours au sol. "Maîtrisez votre colère! Cherchez dans votre esprit un moyen de me déstabiliser. Que pouvez-vous faire?"

Après une heure d'entraînement intensif, Malia se sentait épuisée, mais le Comte ne semblait pas vouloir s'arrêter là. Le corps à corps était terminé, certes, mais maintenant, c'était au tour des armes. Le Comte dégaina son épée, et lança une autre épée à la jeune fille qui la rattrapa au vol avec adresse, et retira de son fourreau. Le Comte était déjà en position d'attaque, et Malia, au lieu de prendre la position de défense, submergée par la colère d'avoir été battue jusque là, attaqua le jeune homme par surprise. Mais ce-dernier était prêt à tout, aussi évita-t-il l'attaque de la jeune fille qui, dans son élan, failli tomber. Mais elle fit rapidement volte-face, et cette fois, ce fut au tour du Comte de donner le premier coup. S'enchaîna alors une bataille sans mercie, et à la surprise du Comte, Malia se défendait très bien, et était presqu'aussi rapide que lui. Mais cette surprise fit défaut au jeune homme. Malia profita d'un moment de faiblesse du Comte pour le désarmer. Elle jeta son épée à terre, et se rua vers son adversaire; elle entoura ses jambes et le fit chuter, puis le maîtrisa en plaçant ses jambes de chaque côté du corps du jeune homme. Elle attrapa un poignard accroché à sa ceinture et, maintenant un des bras du Comte au-dessus de la tête de ce-dernier, elle plaça le poignard sous son cou.

Leurs yeux se croisèrent, leur visage était proche, et pendant un instant, Malia se perdit dans les yeux de son maître d'arme, qui la regardait avec une lueur dans ses yeux que Malia ne lui avait jamais connu. Ils ne disaient rien, tous deux à bout de souffle, la sueur perlant à leur front, leurs cœurs battant rapidement, au même rythme. Et Malia, instinctivement, rapprocha son visage de celui du Comte, les yeux mi-clos. Et à ce moment, le jeune homme perdit toute notion de temps, d'espace, de quoique ce soit, et le temps d'un instant, il se laissa aller. Mais alors que les lèvres de la jeune fille effleuraient celles du Comte, ce dernier se ressaisit et tourna soudainement la tête sur le côté, faisant sursauter la jeune fille qui se redressa.

"L'entraînement est terminé," dit-il presque en chuchotant.

Malia hocha la tête, et se leva, libérant le jeune homme. Ils n'osèrent plus se regarder, et le silence s'installa entre eux jusqu'aux portes du château.

Princesse et AssassinWhere stories live. Discover now