La cause des femmes

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Lorsque la jeune fille revint à elle, elle se trouva entourée d'une foule de courtisans, dont la dénommée Mademoiselle de Pompadour. Le Comte était à côté d'elle, le visage inquiet, lui tenant la main et scrutant son visage. Malia parcourut la foule du regard, reprenant peu à peu conscience, et c'est alors que la colère l'envahit : comment avait-elle pu se laisser aller de cette façon? Pourquoi n'avait-elle pas été plus forte? S'appuyant sur son coude, elle se redressa, aidée du Comte, ce qui la mit plus en colère encore. La foule s'écarta, et elle vit une main se tendre vers elle. Malia leva les yeux vers le propriétaire de cette main, et fronça les sourcils lorsqu'elle vit mademoiselle de Pompadour, penchée vers elle, un léger sourire sur ses lèvres. Malia abaissa les yeux vers le sol à nouveau, réfléchissant rapidement, puis se saisit de la main tendue, et se leva, aidée de la demoiselle. Les deux femmes se trouvèrent face à face, et se saisissant du bras de Malia, la jeune femme blonde entraîna l'étrangère à sa suite.

"Vous devriez boire un rafraîchissement," dit-elle d'un ton neutre. "Il fait chaud."

Malia la trouva étrange, mais étant encore dans un état second, suite à sa perte de connaissance, elle ne put résister à la jeune française. Elles atteignirent une tente dans laquelle était installée une grande table recouverte d'une nappe blanche et sur laquelle étaient disposés des coupes, et des carafes remplies de jus de fruits, d'eau, et cocktails alcoolisés. Mademoiselle de Pompadour se saisit d'un verre, y versa de l'eau et le tendit à Malia qui la remercia.

"Je m'appelle Castille," sourit mademoiselle de Pompadour en regardant Malia.

"Malia," répondit cette dernière en rendant à Castille son sourire. Cette jeune fille était de plus en plus intrigante : elle avait ignoré Malia lorsqu'elle avait reconnu le Comte, et à présent, elle n'était que gentillesse et politesse avec la jeune étrangère.

"Enchantée, Malia," dit Castille. "Veuillez pardonner mon impolitesse de tout à l'heure," continua-t-elle, "j'étais si heureuse de retrouver l'homme qui m'est promis, j'en ai oublié toutes mes manières."

Malia manqua de s'étouffer avec le morceau de pomme qu'elle avait à ce moment dans sa bouche. Comment cela, 'l'homme qui lui était promis?', le Comte n'avait jamais mentionné une quelconque femme dans sa vie! De plus, selon les rumeurs de la cour, le Comte n'était intéressé par personne, et aucune femme ne lui était promise... C'est, du moins, ce que Pauline lui avait dit.

"Vous êtes promise au Comte d'Artois?" demanda Malia incrédule.

"Oui," répondit Castille, toujours sur un ton neutre. "Cela fait dix ans, mais nous nous avons commencé à ne nous fréquenter seulement il y a cinq ans." Malia retint une exclamation. "Nous avons très peu de temps pour nous voir, parce qu'il est toujours très occupé, mais nous nous écrivons beaucoup. L'année dernière, je le trouvais très distant, et moins aimant qu'avant, mais en vous voyant je comprends mieux." Castille esquissa un sourire amère, et la tristesse se lut dans ses yeux. "Il avait aussi l'air mal à l'aise lorsque je me suis approché de lui... Comprenez mon attitude, Malia," expliqua Castille en baissant la tête, "en vous voyant avec lui, l'air si heureux tous les deux, la jalousie l'a emporté sur toutes mes bonnes manières."

Malia avait du mal à intégrer toutes ces informations, et le fait qu'après trois ans durant lesquels ils s'étaient fréquentés, et avaient mené des missions risquées, où ils avaient tant partagé, le jeune homme ne lui avait jamais fait part d'une chose beaucoup trop importante selon Malia pour être cachée de la sorte, la mettait en colère... Quoiqu'il en soit, à ce moment-là, ce ne fut plus la question. Castille semblait sincère, et Malia se sentait réellement désolée pour elle.

"Je n'ai rien à vous pardonner," répondit Malia en souriant chaleureusement. "Votre attitude est tout à fait justifiée."

Castille n'eut pas le temps de répondre, car elle fut interrompue par l'arrivée du Comte, l'air inquiet.

Princesse et AssassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant