Débuts difficiles, le bal

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La journée dans Paris s'écoula doucement, dans une atmosphère joyeuse, et Malia prenait plus de goût à visiter et regarder ce qui était autour d'elle. Les messieurs qui les accompagnaient avaient été très courtois et galants, et Catherine et Juliette, lorsque ceux qui les accompagnaient s'étaient éloignés pour parler à Malia, se mirent à chuchoter et à rire à propos de leurs gardes du corps. Malia, malgré la réticence qu'elle éprouvait à parler à ces messieurs, entretint la conversation, à la plus grande joie des deux jeunes hommes. Inès et Hortense quant à elles, toujours au bras de leur galant, riaient et se trouvaient en grande conversation. Ils avaient bientôt fait un grand tour autour du château du Louvres, des Tuileries et de la Bastille. Il était temps pour ces demoiselles de rentrer, avant que Madame ne s'inquiète. Elles furent raccompagnées jusqu'à la calèche, et les quatre cavaliers les escortèrent. Lorsqu'elles furent arrivées, elles furent accueillies par les plus jeunes avec des cris de joie et les questions fusaient de toute part. Malia s'écarta du groupe et se dirigea vers son dortoire où elle déposa son ombrelle sur son lit; puis elle se dirigea vers la coiffeuse afin de défaire son chapeau. Lorsqu'elle eut terminé, il était temps pour toutes les demoiselles de souper.

Les semaines passèrent. Un soir, alors que les jeunes filles étaient dans leur dortoir, Inès se leva et alla s'assoir sur le lit de Malia, suivie d'Hortense.

"Malia," chuchota-t-elle. "Parlez-nous un peu plus de votre pays."

La jeune fille sourit dans le noir.

"Là-bas, l'air est chaud, et sent les noix de coco, les mangues, les fleurs sauvages. Le soir, on allume un feu, et le sage raconte les exploits de nos ancêtres. Après, les musiciens de notre village jouent, et nous dansons.

"Est-ce ainsi tous les soirs?

"Presque. Certains soirs, les grands se réunissent, et discutent à propos de la sécurité de notre île.

"Votre île? Vous habitez une île?

"En quelque sorte oui.

"Pourquoi la sécurité de notre île? Êtes-vous en danger? Est-ce pour cela que vous êtes venue en France?"

Malia baissa la tête, jouant nerveusement avec un petit objet entre ses mains.

"Les colonies françaises sont venues, nous ont aidés, nous ont donné des munitions, des armes, des tissus, des méthodes de construction et en échange, nous leur avons procuré de l'or, des diamants, des fruits et des plantes. Le Roi a des noix de coco qui lui viennent de là-bas.

"Vraiment? Il faut absolument que j'y goûte! Malia, au prochain bal, vous me montrerez à quoi cela ressemble?

"Bien sûr!

"Mais, Malia, pourquoi êtes-vous venue en France? Vous semblez aimer votre pays plus que tout au monde...

"Celui qui n'aime pas sa patrie en est un traître. Et si je suis venue en France, c'est parce que mon père le voulait.

"Votre père connaissait la France?

"Oui. Mais il est tard, et je suis fatiguée."

Inès et Hortense n'insistèrent pas et regagnèrent leur lit respectif. Malia, assise sur son lit, les yeux grand ouverts dans le noir, tournait et retournait son petit objet. Les larmes lui montaient au yeux, elle était incapable de les refouler.

Une semaine passa, durant laquelle Madame de Maintenon, qui avait décidé de donner les leçons à Malia de manière particulière, dut faire appel à tout son courage et à toute sa patience afin de ne pas finir par laisser Malia se débrouiller. En effet la jeune fille prenait du temps à comprendre, à apprendre, et surtout, se rebellant souvent contre l'ordre instauré, Madame de Maintenon avait du plusieurs fois la punir, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que cela ne changeait rien. Elle avait alors essayé d'autres moyens plus subtiles, comme par exemple lui faire apprendre plus de leçons, mais elle fut étonnée lorsqu'elle se rendit compte que Malia avait une mémoire comme jamais elle n'en avait vu jusque là. Madame de Maintenon était découragée. Un joir cependant, elle eut une idée. Le bal donné par le roi, auquel certaines des demoiselles avaient le droit d'assister, allait bientôt avoir lieu. Elle se rendit aussi compte que Malia avait quelque peu hâte d'y être. La règle était simple: la jeune fille devait se tenir à carreau jusqu'au bal. La menace eut son effet, au plus grand étonnement de la marquise, qui fut ravie de voir que Malia avait progressé. Malia avait une mémoire et une intelligence vives, et Madame de Maintenon en profita pour lui faire rattraper les bases des leçons apprises. En quelques semaines, la jeune fille avait le niveau de sa classe. Il ne lui restait que deux ans en pension, et Madame de Maintenon savait qu'elle serait fière de la rendre à son oncle, instruite, polie, courtoise, enfin, bonne à mariée.

Princesse et AssassinWhere stories live. Discover now