Mystère à la cour

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"Quoiqu'il en soit," dit enfin le Duc, "je tenais à me présenter réellement à vous, Mademoiselle. Mon nom est Brieuc de Montefloc'h, et je demeure en ce moment dans un château à Versailles, avec mon père. Ma mère est restée dans le château natal à Nantes avec le reste de ma famille."

Malia fut tout d'abord surprise de ces soudaines présentations, mais sourit au jeune homme.

"Nous sommes en tout dix enfants, et je suis le cadet," continua-t-il. "Mon frère aîné, Guirec, est mousquetaire du Roi. Et moi j'attend ma nomination.

"Enchantée, Monsieur de Montefloc'h!" Sourit Malia.

"Et vous?" Demanda le jeune homme en lui rendant son sourire.

"Vous savez que je ne peux révéler mon identité, Monsieur." Répondit le jeune fille sur un ton plus grave.

"Simplement votre nom, s'il vous plaît?" Supplia-t-il.

"Malia.

"C'est un nom magnifique!" S'écria-t-il. "Mais pourquoi votre identité doit-elle rester cachée?

"Par discrétion. Elle sera révélée lorsque je serai en âge de me marier. Pour le moment, on m'appelle Mademoiselle de Gemmencie.

"Étrange. Vous êtes étrange... mais fascinante," répliqua le Duc sur un ton rêveur.

Malia rougit légèrement et baissa la tête.

"Je vais devoir retrouver Madame de Montespan, veuillez m'excuser--" commença-t-elle.

"Attendez!" La retint le jeune homme. "Je ne désire qu'une chose, c'est de vous revoir! Quand cette opportunité me sera-t-elle faite?

"Je ne sais, Monsieur.

"J'aimerai vous connaître davantage, apprendre à vous connaître.

"Monsieur, votre empressement est importun! Et si vous continuez ainsi, toutes les bonnes manières que Madame de Maintenon m'a apprise ne me serviront bientôt plus," s'écria la jeune fille avec colère.

"Pardonnez mon insistance, Mademoiselle. Me permettrez-vous de vous écrire de temps en temps?

"Peut-être," répondit Malia encore sous l'emprise de la colère.

Elle s'éloigna d'un jeune homme ébahi par tant de caractère et de beauté. Malia marcha vers ses deux amies qui purent enfin lui parler des événements. Inès n'avait pas oublié la danse avec le Roi, mais Hortense était trop préoccupée par les avances d'un galant. Aussi Inès trouva-t-elle plus sage de ne rien dire, et de parler avec Malia à part, plus tard. Hortense avait les joues roses de joie, un sourire large et heureux, et des étoiles dans les yeux.

"Vous n'avez pas l'air très contente, Malia," remarqua Inès.

"Un courtisan m'a froissée, mais ne vous en faites pas pour moi!" Répondit Malia simplement. "Hortense, vous avez l'air d'une bienheureuse!" Sourit la jeune fille.

"J'ai rencontré un officier mousquetaire du Roi... le Duc de Nantes..." dit Hortense d'une voix rêveuse.

"Le duc de Nantes!?" S'étrangla Malia.

"Oui... son véritable nom est Guirec de Montefloc'h... Et il est si beau! Grand, brun, et ses yeux sont si bleu qu'on s'y perd comme dans un océan...

"Vous voilà poète à présent!" Se moqua gentiment Inès.

Malia ne répondit rien. Hortense avait rencontré le fameux frère de son galant. La soirée était plus fatiguante qu'elle ne l'avait imaginé! Malia soupira et décida d'aller prendre l'air. Elle s'excusa auprès de ses amies et sortit de la salle de bal dans les jardins. L'air était frais et bon à respirer, même s'il ne valait pas l'odeur exquise que portait le vent de son pays. Mais les fleurs du soir dévoilaient leurs parfums délicats, se mêlant à la fraîcheur de la nuit. Malia frissona. Soudain, elle sentit deux mains se poser délicatement sur ses épaules et y déposer un tissu lourd et chaud. Malia se retourna vivement pour découvrir le Duc de Nantes. Encore et toujours lui... Malia leva les yeux au ciel, et se détourna. Mais le jeune homme se plaça à côté d'elle, son regard perdu dans les allées de fleurs, illuminées, les fontaines d'eaux jallissant de tout côté, les statues éclairées, et ne dit mot.

"Vous me suivez, duc?" Demanda enfin Malia, rompant le silence.

"Je vous ai vue partir, et vous pensant seule, je me suis dit que c'était l'occasion de vous demander le pardon quant à mon attitude." Répondit-il silencieusement d'une voix grave. "Mademoiselle Malia, je dois vous avouer quelque chose: je me suis épris de vous dès que mon regard s'est posé sur vous, dès que vous m'avez adressé la parole. Et je sais que tout cela paraît irréfléchi, et peu sérieux, puisque nous ne nous connaissons que depuis peu, mais permettez que je vous écrive afin d'en apprendre plus à votre sujet..."

Malia fut agréablement surprise, mais la déclaration du jeune homme la mit quelque peu mal à l'aise. Cependant, il s'était montré audacieux, une qualité que la jeune fille appréciait tout particulièrement. Il était aussi amusant, galant et courtois, et en plus de cela, il était très bel homme. Son père trouverait peut-être en lui un bon parti? Voyons! Pourquoi penser à cela! Malia secoua la tête et tourna son regard vers le Duc.

"Je veux bien que vous écriviez. Et je vous répondrai," ajouta-t-elle avec un beau sourire.

Le jeune homme fut si surpris de sa réponse et si charmé par son sourire, qu'il ne sut que dire. Malia se mit à rire, d'un rire cristallin, léger, en cascade. Elle descendit les quelques marches pour atteindre les allées, le Duc la suivant. Ils se promenèrent dans la magnifique et grand parc. Avançant sans rien dire au début, Malia prit le bras du duc en lui souriant. Ils échangèrent un regard, un sourire, un léger rire... soudain, les fontaines s'allumèrent, l'eau projetée dans les airs en forme d'arc, sortant de la bouche de statues d'or, les lanternes allumées jouaient avec l'eau, lançant des arcs-en-ciel, et la faisant scintiller comme une myriade de diamants. Malia passa sa main dans les jets, et se mit à courir d'une fontaine à l'autre, touchant l'eau, les fleurs, les arbres. Le duc la suivait en souriant. Elle s'arrêta pour se tourner vers lui et l'inviter à faire de même. Il se baissa et cueillit une fleur qu'il lui offrit.

Ils couraient à travers les allées, à travers l'herbe parfaitement coupée, sous les fontaines, leurs rires se mêlant au doux bruit du vent dans les arbres, et de l'eau qui coulait. Malia ne s'arrêtait plus: elle était dans un autre monde, son pays. Elle était sur le sable fin, parmi les palmiers, le vent soufflant dans ses cheveux, les enfants de son village avec elle... Elle s'arrêta net lorsque le Duc l'appela.

"Malia!"

Le jeune fille se tourna vers lui: il l'avait appelée par son nom! Elle revint à la dure réalité de l'instant présent: dans le parc du château, la nuit, avec l'homme qui lui faisait la cour. Elle regarda autour d'elle: les jardins n'avaient pas perdu en éclat et en beauté, et la douce odeur qui y régnait était toujours aussi agréable.

"Pardonnez-moi," dit-elle, "je m'étais perdue dans mon imagination...

"Voulez-vous rentrer?"

Malia hocha la tête et prit le bras que le jeune homme lui offrait. Ils se dirigèrent vers les portes du palais, et alors qu'ils allaient entrer, ils se trouvèrent en présence de leur souverain. Le duc s'inclina profondément, Malia l'imita. Le Roi les releva et commanda à Malia de le suivre. Le duc laissa partir la jeune fille à regret et s'en fut dans la salle de bal.

Le Roi offrit son bras à Malia qui le prit sans hésitation et tous deux descendirent les chemins tracés, entourés de fleurs.

Une heure plus tard, Inés, Hortense et le Duc de Nantes attendaient fébrilement Malia qui finit par arriver, riant avec le monarque. Les trois jeunes gens exécutèrent la révérence ordonnée par l'étiquette, mais n'en furent pas moins surpris. Inès osa lever les yeux vers le Roi et tendit l'oreille.

"À très vite, mon enfant." Murmurait le souverain.

Mais Inès ne put entendre ce que Malia répondit. Le Roi s'éloigna, et Malia se tourna vers ses amies qui froncèrent les sourcils. Malia les fixa d'un œil interrogateur, mais ne dit rien. Enfin le Duc s'avança et lui offrit le bras, la guidant vers la sortie, car l'heure était venue pour ces demoiselles de retourner dans leur pension. La marquise de Montespan les attendait, en grande conversation avec la comtesse de Montpensier. Elles marchèrent toutes vers le carrosse, Inès et Hortense en silence, ainsi que Malia et son galant. Avant d'entrer dans la calèche, le duc retint Malia. Il ne lui dit rien, mais ses yeux en disaient déjà beaucoup...

(A/N) Je suis consciente que ce chapitre n'est certes pas le meilleur, mais je ne voulais pas vous faire attendre trop longtemps. Vous me pardonnerez donc, et lorsque j'aurai fini, je ferai une grande révision et correction! :) ;) ❤❤

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