Première Mission

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La nuit était tombée depuis plusieurs heures, et le noir était si intense, que l'on n'y voyait rien à moins de dix mètres. Dans les rues sombres de Paris, vides de tout passant, deux ombres avançaient, silencieuses. Habillés tout de noir, la capuche de leurs capes rabattue sur leur tête ne permettait pas de voir leur visage.

Ils s'arrêtèrent devant une grande bâtisse, sûrement le domaine d'un courtisan. Un rapide regard l'un vers l'autre, un acquiescement, et l'un d'eux se dirigea vers le mur pour grimper et atteindre la fenêtre. L'agilité avec laquelle l'individu se déplaçait était impressionnante et peu commune. L'autre individu fixait son partenaire et guettait au cas où quelqu'un ne les aperçoive. Mais il n'y avait pas une ombre, pas un chat, rien. Le silence était assourdissant, le noir glaçant.

L'individu atteignit enfin la fenêtre, qu'il ouvrit silencieusement. A l'intérieur de la bâtisse, il n'y avait pas un bruit, ni un mouvement. A pas feutré, il se dirigea à travers les couloirs jusqu'à la chambre dans laquelle dormait un homme entre deux âges, au cheveux grisonnant. Le rideau était à moitié fermé, laissant passer un un rayon de lune qui permettait de voir les silhouettes des meubles et des personnages. Il s'approcha du lit, et dégaina un poignard. Puis se saisissant des cheveux de l'homme, avant que ce dernier ait eu le temps de se rendre compte de quoique ce soit et puisse donner l'alerte, la lame trancha sa gorge. L'homme était mort. La dernière chose qu'il avait pu voir, étaient des yeux d'un noir velouté, une peau dorée, et dépasser de la capuche, une longue tresse brune.

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Malia bâillait à s'en arracher les mâchoires, et ses yeux étaient presque clos. Le Duc d'Anjou fixa son enfant d'un air interrogateur.

« Eh bien, Malia, » dit-il en riant, « à quoi est due cette fatigue? »

La jeune fille soupira.

« Je ne dors pas assez la nuit, » répondît-elle en s'appuyant sur le dossier de son siège, se retenant de mettre ses coudes sur la table ou tout simplement s'endormir dans son fauteuil.

« Des insomnies? » continua son père.

« Quelque chose comme cela, » baillât la jeune fille.

« Allez vous reposer, » commanda son père avec douceur. « Vous en avez besoin. »

Malia hocha la tête et remercia son père avant de se retirer, le regard du Comte la suivant jusqu'à ce qu'elle disparaisse. De retour dans sa chambre, la jeune fille s'écroula sur son lit et ne se réveilla que tard dans l'après-midi.

Ses yeux encore plein de fatigue parcoururent la chambre rapidement avant de tomber sur une enveloppe adressée à son nom. Le papier était posé sur son bureau. Intriguée, elle se leva et se saisit de la missive qu'elle ouvrit et lut. Un sourire se mit à danser sur ses lèvres: une autre mission. Parfait. Trancher la gorge de ce criminel avait été un entraînement, et sa prochaine victime serait à nouveau un entraînement pour ce qu'elle voulait réellement faire. Elle se retint de courir voir le Comte et lui annoncer la bonne nouvelle. Au lieu de cela, elle se recoiffa, passa sa main rapidement sur sa robe, jeta un coup d'œil dans le miroir et sortit de sa chambre.

Dans le petit salon se trouvaient Baudouin en compagnie de Louis-Joseph qui, lorsqu'il aperçut sa fiancée, sourit, et se leva afin de l'accueillir. Malia lui rendit son sourire, et se sentait heureuse de revoir l'homme qu'elle aimait, mais celui qu'elle avait besoin de voir était le Comte pour lui annoncer cette nouvelle qui la rendait si joyeuse. Cependant elle ne laissa rien paraître.

« Ma bien-aimée! » s'écria Louis-Joseph en embrassant la jeune fille sur la joue. « J'attendais avec impatience que vous descendiez afin de vous voir et discuter avec vous! »

Princesse et AssassinWhere stories live. Discover now