Secrets

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Le retour à la vie si soudain du Comte provoqua une vague d'allégresse au sein du château de Saint-Germain. Baudouin et le Marquis retrouvaient leur ami, le Duc retrouvait un fils adoptif, Malia, elle, retrouvait un homme pour lequel elle commençait à éprouver de l'amitié. Enfin, Louis-Joseph, ne connaissant le Comte que de vue et de renommée, était simplement heureux de revoir un vrai sourire sur le visage de sa Malia chérie. Au château, le Duc avait décidé de recevoir du monde, afin de célébrer le retour à la vie du Comte. Aussi, les serviteurs et servantes s'affairaient à présent depuis plusieurs jours dans le grand salon, le petit salon, le grand hall d'entrée et tous les autres endroits dans lesquels les invités seraient susceptibles de passer du temps.

Malia avait tenu à inviter Inès et Hortense, ainsi que le tuteur d'Inès, mais avait refusé d'envoyer une invitation aux Ducs de Nantes, en lesquels elle n'avait aucune confiance, en particulier Guirec, l'amant d'Hortense. Elle savait que cela ferait sûrement de la peine à son amie, mais elle cherchait à la protéger d'un danger qu'elle sentait trop important et qui pouvait faire trop de mal à la jeune Hortense. Quelques invités étaient arrivés un jour plus tôt, plus spécifiquement le plus jeune frère du Comte, avec lequel Malia s'entendit à merveille; elle se rendit compte à quel point les deux frères étaient différents. En effet, l'un était distant, désagréable, froid, et l'autre était chaleureux, et avait l'œil rieur.

Le Comte s'était rétabli doucement pendant la semaine des préparatifs de la fête. Le médecin avait ordonné que le jeune homme restât dans son lit encore deux jours, afin qu'il se repose et reprenne des forces. Baudouin passait souvent le voir, ainsi que le Marquis; Malia était venue le premier jour, puis avait été absente, et le Comte en avait été attristé, bien qu'il refusât de se l'avouer. Sa mauvaise humeur s'était faite ressentir, mais il refusait d'admettre que c'était tout simplement en raison de l'absence de la jeune fille.

Le soir de la réception arriva. En plus d'être une occasion de réjouissance du rétablissement du Comte, ce soir allait être un évènement marquant pour Malia aussi. Cette-dernière avait décidé de porter une robe de soie sauvage blanche: les épaules étaient découvertes, le haut de la robe avait un décolleté en pointe, et le bas de la robe était recouvert de tulle fin dans lequel étaient incrustés mille et un petits morceaux de cristal, faisant scintiller le large bas de la robe. Elle avait attaché ses cheveux en une tresse sur le dessus de sa tête, et avait laissé le reste de ses cheveux tomber naturellement en cascade. Malia fit l'admiration de tous, on aurait dit une nymphe, tout droit sortie d'un endroit magique et mystérieux, et Louis-Joseph n'en était que plus fier. La soirée débuta calmement, on félicitait les jeunes soldats de leurs actions héroïques, on souhaitait bon rétablissement au Comte, tout semblait parfait.

Le Duc d'Anjou fit soudainement tinter son verre de cristal afin de solliciter l'attention de tous ses invités. Le silence se fit, et tous les regards convergèrent vers Monsieur le frère du Roi. A ses côtés se tenaient la belle Malia, et le jeune Louis-Joseph, tous deux souriants.

"Mes amis," commença le Duc, "si je vous ai réunis ce soir, cela est non seulement pour fêter le retour de mon fils et le rétablissement du Comte, mais aussi pour vous annoncer les fiançailles de ma fille, Malia, avec Monsieur Louis-Joseph. Je suis très honoré du choix que ces deux êtres remarquables ont fait. Je sais que Louis-Joseph prendra bien soin de ma fille, et que tous deux construiront une merveilleuse famille. Je suis un père heureux, et fier."

Tout le monde se mit à applaudir à tout rompre, et alors s'ensuivit une enfilade de courtisans, se bousculant pour féliciter les jeunes fiancés. Après cela, Malia avait besoin d'air. Elle sortit alors du grand salon, aussi discrètement que possible, et se trouva dans les jardins, l'air frais du soir lui permettant de respirer enfin. Les bras croisés, ses yeux fixant le sol, elle avançait avec lenteur, pensive. Louis-Joseph, les fiançailles, le Comte... D'ailleurs, depuis l'annonce des fiançailles, Malia n'avait plus vu ce dernier, il avait disparu, et elle ne savait où. Elle aurait aimé pouvoir le retrouver dans les jardins, parler avec lui, avoir une de leur nombreuses disputes encore? Malia sourit à cette dernière idée, et leva les yeux, regardant devant elle. Tout était silencieux, la nuit avait recouvert d'un noir absolu toute forme, vivante ou non vivante, ne permettant pas d'y voir quoique ce soit. Malia s'arrêta un instant, et sursauta lorsqu'elle sentit quelque chose bouger dans l'ombre, puis des pas, quelqu'un courrait. Plissant les yeux, elle put reconnaître un homme... Intriguée, elle souleva les nombreux jupons de sa robe, et se lança à la poursuite de l'homme. Mais ce dernier était trop rapide, et la jeune fille savait que c'était déjà peine perdue que de le rattraper. Cependant, elle ne s'avoua pas vaincue de si tôt. Elle ne perdait pas l'inconnu des yeux, ces derniers étant habitué au noir; elle le vit courir vers le château, mais au lieu de prendre l'entrée principale, il bifurqua vers la gauche du château, et s'arrêta un instant avant de commencer à escalader la façade, avec une agilité surprenante. Lorsque Malia reconnut la chambre dans laquelle l'homme était entrée, son cœur s'arrêta un instant, et mille et une question se bousculèrent dans son esprit. Elle ne voulait pas tirer des conclusions trop rapides, mais elle devait en avoir le cœur net. Mais pas ce soir. Ce soir, elle devait retourner auprès de son fiancé, et de sa famille.

Princesse et AssassinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant