6 - Edoras

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Je dois avouer que le Rohan est superbe. De longues plaines herbeuses puis des plateaux rocheux bordés de hautes montagnes enneigées. La vue est à couper le souffle. On galope d'une traite jusqu'à la nuit où on fait une pause.
Comme à mon habitude, j'allume un petit feu. Gandalf s'en réjouit, il me demande alors de lui montrer ce que j'ai appris durant son absence. Je rougis mais je m'exécute.
Le magicien semble ravi et j'en ressens une pointe de fierté. Je ne suis plus vraiment le boulet qu'ils se traînaient au début de notre épopée.
J'ai changée, et ça me plaît.

Je passe une nuit assez agité mais je mets ça sur le compte de l'agitation que l'on voit grouiller à l'Est, le Mordor est en activité et le ciel en prend une couleur rougeâtre, malsaine.
On repart au lever du jour et après une longue chevauchée, on arrive enfin en vue d'Edoras.
Niché sur une haute colline allongée, faisant face aux hautes montagnes, ça pourrait être une belle cité mais je la trouve maussade. 

– Edoras est le château d'or de Meduseld, fait Gandalf alors qu'on s'est arrêté. C'est là que réside Théoden, le Roi du Rohan donc l'esprit a été vaincu.

– Ce n'est guère engageant, soufflé-je impressionnée. Je ressens une présence malfaisante par ici.

– Pouvez-vous lui donner un nom ? Me demande le magicien

La question ne me surprend pas et la réponse s'impose même à moi.

– Saroumane. Il plane sur ces lieux.

– Vous avez raison, acquiesce Gandalf en hochant la tête. L'emprise de Saroumane sur le Roi Théoden est désormais très forte.

Je frémis et Aragorn me jette un regard par-dessus son épaule. Je lui souris sans oser lui avouer que j'ai peur.

– C'était autrefois une cité charmante, murmure t'il comme pour lui-même. A l'architecture insolite mais aux habitants chaleureux.

– Les fermiers qui nous attendent là-bas n'ont rien de chaleureux..., répondis-je tous bas.

Non loin de la muraille des paysans regardent dans notre direction comme si nous étions une sale maladie prête à déferler sur leur cité.

– Prenez garde à ce que vous dîtes, reprend Gandalf après un temps. Nous ne sommes pas les bienvenus.

Ça au moins, c'est dit...
J'ai de moins en moins envie d'aller par là-bas, mais à part sauter de cheval, ce que je ne veux pas faire, je n'ai pas le choix.
On repart dans un petit galop en direction des portes. Alors qu'on s'approche, je remarque l'architecture dont parlait Aragorn. Le mélange de pierre et de bois sculptés est étrange mais assez harmonieux, mais pourtant, à mes yeux, Edoras ressemble à une cité fantôme.
Mon regard s'égare sur le haut bâtiment tout en haut de la colline, je vois alors une jeune femme en sortir. Ses longs cheveux blonds cuivrés volent aux vents tandis que son regard parcourt ses terres. C'est étrange, malgré l'immensité de la plaine devant elle, elle semble comme prisonnière...
Son regard se pose sur nous et soudain un des étendards qui battait au vent se décroche et tombe lentement vers nous.
Quand on atteint les portes au pas, je le vois rouler au sol comme un vulgaire tissu.

– C'est toujours un mauvais présage quand les étendards tombent comme des feuilles en automne, soufflé-je à l'oreille d'Aragorn.

Le rôdeur hoche la tête avant d'engager Arod dans la large porte ouverte.
On pénètre dans la cité au pas, je vois alors que les rues sont encombrées de boue et qu'il y a de nombreux paysans qui semblent attendre en silence. Ça en est presque inquiétant.
Edoras n'a rien d'accueillant, bien au contraire, je sens comme un malaise ici... Oui, je ressens la présence malfaisante de Saroumane.
Je me demande comment était ces lieux avant ?
Là on dirait un cimetière hanté par des âmes perdues.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornWhere stories live. Discover now