17 - Une chute inattendue

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Les femmes et les enfants sont envoyés vers les grottes souterraines.
C'est une bonne cachette même si l'accès n'est qu'une simple porte. Si les Uruk-Hai arrivent à atteindre cette dernière salle, ils seront sans défense.
Je secoue la tête pour ne pas y penser.
J'ai l'impression d'étouffer dans cette salle aussi vaste soit elle. Je sors sur les remparts.
L'air frais me fait du bien. Je regarde les éclairs déchirer le ciel, dévoilant par moment l'armée en marche. C'est peut-être pas si mal de ne pas les voir...
Depuis une bonne heure maintenant les cris ont progressivement envahit l'air. Des hurlements, gémissements et autres couinements, sons bien désagréables pour nous autre assaillis.
Nous on est silencieux. C'est étrange d'avoir autant de personnes rassemblés sur les remparts et de n'entendre que si peu de bruit, mais on ne peut que regarder les forces ennemies s'étendre dans la vallée. Seules quelques barricades grincent.
Malgré moi, je frissonne. Je regrette de n'avoir pu mettre ma cape Elfique mais elle n'aurait gênée dans les combats.
Combat...
Ce mot me fait frissonner à nouveau.
Je secoue la tête, je dois garder l'esprit clair. Je vais en avoir besoin.
Je rejoins Legolas et Gimli, récupère mon arc posé sur le parapet puis réajuste la sangle de mon carquois pour la énième fois.

– Apaisez vous, Isil, me souffle Legolas, le regard fixé sur l'horizon.

– J'ai du mal à attendre comme ça, surtout en les voyant avancer.

– Vous au moins vous les voyez, peste Gimli à côté de moi.

Legolas émet un petit rire qui sonne étrangement dans cette ambiance tendue.

– Je pense en tuer plus que vous, maître Nain, reprend l'Elfe d'un ton léger.

– Ça j'en doute, oreilles pointues !

– Comment vous pouvez plaisanter de la sorte ? Demandé-je surprise.

– Ils s'en ont l'habitude.

Je me tourne pour voir qu'Aragorn nous a rejoint. Je tente de lui sourire mais je suis certaine de lui adresser qu'une étrange grimace. Soudain un cor déchire le silence des remparts. Il est si près qu'il semble faire éclater l'air même.
Je me penche sur le parapet. L'armée est là, toute proche...

– Vous auriez put choisir un meilleur endroit, grommelle Gimli en se hissant sur la pointe des pieds.

Legolas sourit mais se passe de commentaire.

– Mon ami, quelque soit votre chance pourvu qu'elle passe la nuit, reprend le Nain à l'attention d'Aragorn.

Le tonnerre gronde comme un roulement de tambour.

– Vos amis sont avec vous, Aragorn, ajoute Legolas, presque serein.

– Pourvu qu'Ils passent la nuit.

Le ton est donné, je sens ma gorge se serrer. Soudain on me pose quelque chose sur la tête, je sursaute avant de me retourner brusquement.
Haldir me sourit, visiblement amusé. Je lève les mains et mes doigts effleurent un métal doux. Il vient de me mettre un casque Elfique sur la tête.

– Merci, soufflé-je un peu honteuse.

Haldir se contente de hocher la tête puis il fait signe à Aragorn avant de s'en aller. Aragorn tape sur l'épaule de Legolas puis il serre la mienne avant de le suivre.
Je les regarde disparaître parmi la foule puis je me reporte sur l'armée en marche.
Elle a avancée, rien ne semble pouvoir l'arrêter, et je peux à présent discerner les Uruk-Hai des premières lignes. Leurs torches projettent de la lumière et des ombres sur leurs hideuses faces.
Une goutte s'écrase alors sur mon casque dans un tintement clair. Elle est rapidement suivi par d'autres. Je lève les yeux au ciel, exposant mon visage à la fraîcheur de la pluie.

– Au moins je n'aurais pas trop les cheveux mouillés, soupiré-je en me reportant sur les Uruk-Hai.

Legolas et Gimli ont un petit rire mais la tension reste palpable.


L'armée avance. Pas à pas, mètre après mètre.
Rien ne l'arrête.
Le sol tremble. Le bruit des pas et de l'équipement s'entremêle et semble se répercuter sur la montagne austère, nous écrasant au passage.
Je ressens le son en moi, il fait vibrer mes entrailles et oppresse mon cœur. Je vois les torches et les monstres qui les tiennent, toujours plus proche.
Un Uruk se dégage de la masse. Je le regarde gravir un promontoire puis contempler ses semblables. Il doit se sentir fort, encouragé par leur masse qui fait face à notre simple muraille. Les Uruk ignorent la peur, contrairement à nous...

N'ayez aucune pitié car ils n'en auront aucune ! Clame Aragorn en Elfique.

J'inspire, cherchant du courage, puis je souffle, chassant la peur.
L'Uruk sur le rocher hurle et soudain l'armée toute entière se stoppe à quelques mètres de la muraille. Je vois leurs faces hideuses, sent leurs odeurs putrides et je frémis devant l'horreur qui nous attend.

– Qu'est-ce qui se passe ? S'agite alors Gimli en sautillant.

– Dois-je tous vous décrire ou vous trouvez un marche-pied ?

Gimli se met à rire et un sourire s'esquisse sur mes lèvres. Eux n'ont pas peur, je dois être comme eux. Confiante.
L'armée s'agite, frappe les lances à terre en poussant des cris gutturaux. Que de la provocation !
Aragorn, non loin, tire son épée tandis que les archers préparent leurs flèches.
Les Uruk continuent leur provocation et soudain une flèche part de nos rangs. Elle atteint un des monstres à la gorge.

– Attendez ! S'écrit Aragorn mécontent.

Le silence tombe alors que l'Uruk s'effondre. Ce n'est pas bon, à vrai dire c'est encore plus inquiétant ainsi...
Seul la pluie et l'orage perturbent ce calme morbide.
Soudain, comme animé d'une nouvelle force, l'armée reprend de plus belle ses provocations puis ils chargent.
Ils accourent sur nos remparts comme des vagues sur les rochers.

– La bataille commence ! S'écrit Théoden du haut du bastion.

Parez à tirer ! S'exclame Aragorn en Elfique.

Aussitôt les Elfes se mettent position de tir.

– Leurs armures a une faille au cou et sous les bras, lance Legolas en bandant son arc.

Décochez les flèches ! Continu Aragorn.

Les flèches fusent et font de gros dégâts dans les rangs des Uruk.

– Ils ont touchés quelques chose ? Demande Gimli en me tirant le bras.

– Plutôt oui, répondis-je. Mais ce n'est pas suffisant.

Les Hommes tirent à leurs tours. Les flèches sont moins précises mais font tout de même tomber bons nombres d'Uruk.
Les Elfes restés en arrière dans la cour les imitent et les flèches passent au dessus des remparts, et de nous, en sifflant. Beaucoup d'Uruk sont touchés et s'effondrent mais ils sont aussitôt remplacés par les suivants. Ils sont si nombreux.

– Amenez les moi, allez ! Hurle Gimli qui ne tient plus en place.

Soudain les Uruk ripostent avec des arbalètes. Je me penche tandis que les carreaux ricochent sur les créneaux ou fauchent Hommes et Elfes. La peur revient en moi mais je la repousse, je dois tenir bon.
Je me redresse pour jeter un coup d'œil par dessus le créneau devant moi. Sous la masse grouillante d'Uruk, je vois se déplacer de longs montants de bois. Je ne tarde pas à comprendre.

– Échelles ! Hurlé-je à m'écorcher la gorge.

– Échelles ! Répète Aragorn

D'autres reprennent en écho et l'information circule dans nos rangs.

– C'est bien ! acquiesce Gimli, le seul ravi.

Une multitude d'échelles viennent assaillir la muraille. Le son mat est rapidement suivi par celui plus sec de l'accroche qui se rabat sur les pierres. Ces échelles ne sont pas de fabrication Orque ou Uruk, elles sont bien trop sophistiquées. Maudit Saroumane !
Non content d'avoir créer une armée gigantesque, il l'a, bien entendu, doté d'un équipement de pointe !

– Les épées ! Les épées ! S'égosille Aragorn.

J'abandonne mon arc, qui ne m'a servit à rien, et je tire ma lame dentelée et ma dague de cristal.
Venez, je vous attends !

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant