14 - Les liens tissés

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Équinoxe franchit les portes avant de s'arrêter dans une glissade.
Je retiens du mieux que je peux l'enfant afin qu'il ne bascule pas en avant puis je regarde autour de moi.
Des soldats accourent de la foule formée par le peuple, ils ont l'air éreintés mais sains et saufs.

– Que se passe t'il ? Me questionne le premier garde arrivé à mon niveau. Nous vous avons vus arriver à brides abattues !

C'est le moins que l'on puisse dire...

– Votre Roi et ses hommes sont au prise avec une horde d'Orques. Ils ne sont pas très nombreux mais des pièges dans la lande empêchent le combat à cheval.

– Des Orques !? Nous n'avons vu personne en arrivant.

– Peu importe depuis quand ils sont là, il faut aller aider les vôtres.

– Nous nous en occupons !

Aussitôt les soldats s'agitent, tirent leurs armes, ajustent leurs armures et montent sur leurs chevaux.

– Restez bien sur la route, lancé-je. Les alentours ne sont pas sûrs.

Les soldats acquiescent puis s'en vont au grand galop. Ils ne sont guère nombreux mais ça devrait suffire. Équinoxe piaffe, il a encore envie de galoper.

– Du calme, nous avons une autre mission avant.

Équinoxe frappe le sol de son sabot tandis que je me fais indiquer le chemin pour soigner l'enfant.
On grimpe au travers des rues étroites vers le fort et je prends conscience que la grande majorité du peuple du Rohan est venu trouver refuge ici.
Il y a bien plus de populace que des soldats...
J'ai peur pour la suite... Si Saroumane veut raser les Hommes du Rohan c'est occasion rêvée.


Je m'arrête devant le bâtiment que l'on m'a désigné comme étant le lieu pour soigner les blessés. Il est bondé.
Je descends de cheval avant d'aider l'enfant. Je prends garde à ne toucher que la cape de Legolas qui le recouvre encore. Des soigneurs à la mine épuisée viennent à nous et je leur explique les circonstances de la blessure avant de leur montrer.
Un des soigneurs amène l'enfant mais soudain celui-ci s'agite, se débat puis accourt comme il peut vers moi.

– Du calme, soufflé-je en m'agenouillant devant lui. Tu es en sécurité ici, ils vont te soigner.

– Vous m'avez sauvé, je veux rester auprès de vous...
  
Je suis si touché que je mets un temps à trouver mes mots.

– Il faut que j'aille voir si mes amis sont...

– Je vous en supplie, dame Elfe, ne me laissez pas seul !

Des larmes envahissent les yeux marrons de l'enfant puis coulent sur ses joues telles des cascades. J'hésite mais je n'ai pas le cœur à lutter.

– Je vais rester le temps des soins mais après je devrais aller aux nouvelles.

L'enfant hoche la tête comme s'il s'accrochait à un espoir fou. Qu'a t'il bien put voir pour craindre ainsi de se retrouver seul ?
Je l'accompagne jusqu'à un lit de fortune où un soigneur nettoie, désinfecte puis bande sa plaie. Je reste assise à ses côtés dans les gémissements des blessés et les pleurs de leurs proches. Je n'avais jamais vécu ça... c'est horrible.
La guerre est une chose horrible.
Je fais le vide dans mon esprit afin de ne pas laisser l'angoisse et le désarrois prendre le contrôle sur moi. Ce n'est pas ainsi que je pourrais les aider...
Dans quel pétrin me suis-je encore fourré ?


L'enfant qui porte le doux nom d'Erwin finit par s'endormir et j'en profite alors pour m'éclipser.
Je suis presque soulagé de sortir de ce mouroir. C'est horrible mais je n'y peux rien.
J'inspire l'air frais en grande bouffée quand je remarque l'absence d'Équinoxe. Je soupire avant de prendre la direction des remparts. Bien sûr il est reparti sur le champ de bataille, en même temps je ne lui ai pas dit de rester ici... Puis même si je lui avais demandé il y a peu de chance qu'il m'ait écouté.
Dans ces moments, je l'admire. Équinoxe sait toujours ce qu'il doit faire, il n'hésite pas, il avance.
Arrivée sur le haut des remparts, je suis ébahie par la vue. On surplombe la vallée qui s'étend en une vaste terre brune jusqu'à l'horizon même.
La hauteur et l'épaisseur de la muraille donnent une sensation de sécurité et j'espère bien qu'elle est réelle...

– Elsil ?

Surprise, je me retourne. Je vois alors Eowyn en bas de l'escalier menant aux remparts.

– J'étais certaine qu'il s'agissait bien de votre cheval qui descendait la rue au grand galop.

Très discret Équinoxe...

– Désolée, il souhaitait rejoindre mes compagnons et...

Soudain je me tais. Aragorn est tombé mais elle ne le sait certainement pas encore. J'hésite à lui dire... Lui cacher la vérité n'est pas le mieux à faire mais il y a déjà tant de souffrances entre ses murs. Je vais pour lui sortir une phrase type, genre : tout va bien se passer, quand un cor résonne au loin.
On se penche sur les remparts pour voir une cohorte de cavaliers arriver.

– C'est le Roi ! S'écrit un homme non loin de nous. Le Roi Théoden revient parmi nous !

Je sens le soulagement se propager comme une brise bienfaitrice. Ils aiment vraiment leur Roi.
Je laisse Eowyn sur les remparts et je m'élance dans les rues pour rallier la porte.
La descente est plus lente que la montée et j'arrive, essoufflée, alors que les lourdes portes s'ouvrent lentement.
Je suis soulagé de voir Legolas et Gimli au côté du Roi puis je constate que tous les Hommes sont là. Nous n'avons subit aucune perte cette fois-ci.
Équinoxe tente de se faire plus petit qu'il ne l'est mais impossible de passer inaperçue pour lui. Il porte deux Hommes blessés mais conscient.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornWhere stories live. Discover now