41 - Fin de soirée

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– Isil, vous auriez put mettre une robe plus décente, me fait Legolas taquin.

– Et où j'aurais put en trouver une ? Je ne vais quand même pas mettre celles de Saroumane.

On s'esclaffe comme deux gamins.
La nuit est tombée, les Hommes ont investis les bâtiments non-inondés d'où s'échappent de la musique et le bruit de nombreuses conversations.
Je suis avec Legolas, les jumeaux et Anar, et on s'apprêtent à entrer. Je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre mais il y a du monde, beaucoup de monde. Et l'alcool coule à flot.
On entre et on rejoint Aragorn, Gimli et Gandalf qui sont déjà là. Seul le Nain est assit et pioche tous ce qui passe à sa portée mais on sent l'ambiance euphorique.
Je mets quand même un peu de temps à me détendre. Il me faut un moment avant de me sentir à l'aise au milieu de tant de personnes, ce qui n'est visiblement pas le cas de Merry et Pipin. Déchaînés, ils chantent en dansant sur une table. Ils enchaînent des chansons plus entraînantes les unes que les autres et les chopes de je ne sais quel alcool.
Amusée, je les écoute, tapant de tant à autre le tempo avec mes mains.
Au terme d'une chanson vantant un établissement du nom du Dragon Vert, j'aperçois Gandalf et Aragorn qui discutent penchés l'un vers l'autre. Il y a bien trop de bruits pour que j'entende leur conversation mais soudain je pense à Sam et Frodon.
Nous on es tlà, à festoyer gaiement, pendant que eux sont on ne sait où. Ils doivent errer dans des contrées hostiles, cherchant un chemin vers le Mordor.
Je repense alors aux paroles de Saroumane : Gandalf n'hésite pas à sacrifier ceux qu'il aime... N'a t'il pas envoyé Sam et Frodon à la mort en toute connaissance de cause ?
Peut-être... Un peu comme Radagast m'a envoyé dans la gueule du loup... C'est peut-être un truc de magicien ?
Assombrie, je me retourne et je croise le regard de Théoden qui m'adresse un sourire poli avant de se reporter sur Gandalf. Je sens un certain mal être en lui, les paroles de Saroumane l'ont aussi impactées, il doit penser que ce n'est pas lui qui a mené ses Hommes à la victoire.
C'est faux. C'est lui le Seigneur du Rohan, celui qui a mené ses Hommes en sûreté et qui a défendu les siens de toute sa hargne. Je n'oublie pas non plus qu'il m'a sauvé la vie. En libérant Le Warg, il m'a sauvé la vie.
Je vais pour le rejoindre quand Anar, qui était partie discuter, revient vers moi.

– Quelle ambiance, fait-il amusé.

– Désolée, lancé-je en lui criant dessus pour couvrir le bruit ambiant. D'habitude mes compagnons sont plus sobres. Enfin, sauf les Hobbits.

Anar rit avant de me répondre alors que la chanson paillarde s'arrête.

– Tu n'as pas dut t'ennuyer.

– C'est surtout nous qui ne nous sommes pas ennuyé avec elle, intervient Legolas.

– Hé, je vous ai aidée aussi, me défende-je amusée.

– C'est vrai, concède Legolas en hochant la tête. Vous nous avez sauvé d'une belle embuscade en nous rejoignant après votre fugue d'Imladris.

– Elle nous a aussi empêchée de mourir de froid dans les montagnes, ajoute Merry qui nous a rejoint.

– Et aussi de la créature aquatique aux portes de la Moria, enchaîne Pipin.

– De vrais exploits, continue Legolas jovial. Et il y a eut le Troll enchaîné aussi.

Je rougis face à cette avalanche de compliments. Je sens le regard d'Anar mais aussi d'Elladan et Elrohir sur moi, et, je ne sais pourquoi, mais je sens que ça vite déraper.

– Ce n'est rien, lancé-je pour détourner la conversation. Vous en avez fait bien plus, souvenez vous de...

– Ce n'est pas tout le monde qui tenu tête à un...

Je bondis sur Legolas avant qu'il ne termine sa phrase mais je heurte au passage une table. Le choc est tel qu'une pointe de douleur me parcourt la hanche. Toutes les personnes assissent autour protestent de s'être faire arroser tandis qu'un gigot roule et tombe au sol dans un bruit mat. Aussitôt Le Warg jaillit de sous une table, le saisit et s'en va avec.
Hilare, Legolas me rattrape avant que je me ramasse au sol.

– Votre Warg vient de voler un gigot, rigole t'il.

– On s'en fiche, il y en a pleins d'autres !

Legolas rit de plus belle tout en me remettant sur mes pieds.

– Pourquoi vous vous agitez ainsi ? Reprend ce crétin d'Elfe amusé. Ho, vous craignez que je parle de l'horrible créature à qui vous avez tenue tête ? A moins que ça ne soit de la fois où vous avez menacée le Roi de la Lothlorien de vous jeter d'en haut d'un arbre ?

Je le haïs ! Je vais lui arracher ses saletés d'oreilles en pointes !
Je me jette à nouveau sur Legolas qui m'attrape par les poignets avant de me faire tourner. J'aperçois alors mon frère qui me fixe avec des yeux ronds.

– T'as fait quoi ?

Je repousse Legolas d'un bon coup de coude dans les côtes avant de tituber jusqu'à Anar.

– Je...

– Je vous lance un défi !

Surprise par le cri, je me retourne pour voir Gimli, debout sur une chaise, doigt tendu dans ma direction. Je mets un temps à comprendre ce qu'il a beuglé puis je tique.

– A moi ? Pourquoi ?

– Mais non pas vous, Isil ! Je parles à Legolas.

Ce Nain est fou...
Je me retourne pour voir que Legolas est aussi surprit que moi mais il retrouve vite sa jovialité et s'avance, nonchalant, jusqu'à la table où Gimli se rassoit sur sa chaise.

– Vous lui sautez souvent ainsi au cou ?

Je frissonne en reconnaissant la voix d'Elrohir dans ce murmure soufflé au creux de mon oreille mais je ne peux m'empêcher de rougir.

– Non... mais parfois il me met hors de moi.

Elrohir rit et je sens son souffle contre la joue glissant dans mon cou. A nouveau je frissonne. Je crois qu'il ignore l'effet qu'il me fait.

– En même temps, vous vous emportez si vite.

Je tique avant de faire mine de lui donner un coup de coude mais il me prend par les hanches. Je frissonne en sentant ses mains me tenir. Cette fois Elrohir doit le sentir car il reprend en un doux murmure.

– Dans ce brouhaha personne ne fait attention à nous.

– Je le sais mais...

Je sens les lèvres d'Elrohir dans mon cou et je ne peux m'empêcher de pencher la tête en arrière.

– Pas ici, soufflé-je à contre cœur.

Elrohir me sourit avant de regarder en direction de son jumeau.

– Je comprends, et vous devriez surveiller votre frère.

Je me tourne aussitôt pour voir Anar prendre poliment un verre qu'on lui tend. Elrohir me lâche et je vais le rejoindre.

– Tu n'es pas obligé de le boire, fis-je en m'arrêtant à son niveau.

– Je ne veux pas froisser nos hôtes, répond Anar avec un sourire.

Il n'a pas tord...

– Vous en voulez un ? Tonne alors un homme au visage rougit.

Je regarde la bouteille qu'il me tend, ça sent fort l'alcool.

– Je... Je n'ai jamais vraiment bu d'alcool.

L'homme me dévisage quelques secondes avant de prendre un autre pichet. Il remplit un verre qu'il me tend avec un sourire. Par politesse, je le prends avant de me rendre compte qui s'agit de lait.
J'entends Elrohir et Elladan se marrer, même Eomer à un sourire moqueur.

– Pourquoi j'ai droit au lait, moi ? M'offensai-je.

L'homme a un sourire sincère en me répondant.

– Vous semblez encore un peu jeune pour boire.

Je tique tandis que les Hommes alentours rient.

– J'ai le même âge que mon frère, répliqué-je en désignant Anar.

Il y a un blanc où certains échangent d'étranges regards.

– Faites attention à ce que vous allez dire, menacé-je.

Certains rient mais d'autres préfèrent dévier le regard. Elladan pose alors sa main sur mon épaule.

– C'est juste que l'alcool est inflammable, Isil.

Tous se mettent à rire tandis que je lance un regard noir à Elladan qui se marre.
Elrohir prend alors mon verre et boit une gorgée de lait.

– Il est bon.

Il se fout de moi ou quoi ?
Alors que je fais la moue Anar me donne son verre avec un sourire compatissant, il est mon seul allié dans cette foule de macho. Afin de ne pas perdre le peu de crédibilité que j'ai à leurs yeux je goutte le breuvage ambré. C'est pas bon... même infecte, mais je refuse de perdre la face. Je me force à avaler, réprime mon dégoût, puis je hausse les épaules, l'air indifférente. Des acclamations s'élèvent alors, on dirait que j'ai réussi une chose importante à leurs yeux, comme une épreuve. Ils se détournent rapidement pour reprendre leur activité de beuverie.

– C'est dégueulasse, soufflé-je tout bas.

Elladan et Elrohir rient puis ce dernier désigne la bouteille.

– Au vu du dépôt sur le verre, je ne tiens pas à y goûter.

– Ce n'est pas bon, confirme Anar en secouant la tête, écœuré.

Je lui prends son verre des mains, je ne veux pas qu'il soit malade, et je le verse dans le premier verre que je trouve ce qui fait rire les autres.

– Je ne voudrais pas jouer les rabats-joie, fait Elladan. Mais je commence à m'inquiéter des quantités d'alcool ingérées par nos amis.

Je me retourne pour voir Legolas et Gimli toujours attablés et qui enchaînent les pintes de bière. On s'approche de la table, non loin d'Eomer qui regarde la scène hilare.

– Je me demande lequel va tomber le premier ? S'interroge Elrohir.

– J'espère que ça sera Legolas, répondis-je.

Anar s'en étonne.

– Qu'est-ce que cet Elfe a fait pour mériter tant de rancœur ?

– Rien, c'est juste qu'il est plus léger, ça sera plus simple de le faire rouler dehors.

– Quel pragmatisme ! S'esclaffe Eomer tandis que les autres rient à l'unisson.

– Vous êtes redoutable, me souffle Elrohir à l'oreille.

Je me retourne pour lui faire face.

– Juste réaliste pour le coup.

Ho, j'ai la tête qui tourne...
Elrohir me sourit mais soudain on nous bouscule sans ménagement.
Elrohir se retrouve contre un pilier, moi plaqué contre lui. J'en profite un peu, je dois l'avouer, mais on n'a pas eut de vrais moments à nous. Je dépose un rapide baiser dans le cou d'Elrohir qui me gratifie d'un sourire.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornWhere stories live. Discover now