28 - Parée au combat

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La route était longue et éprouvante, pas tant physiquement mais plutôt mentalement.
Partout où Elladan et Elrohir arrivaient, ils ne voyaient que les dégâts causés par l'armée de Saroumane. De la misère, de la peur et des Orques.
A plusieurs reprises, ils durent tirer l'épée pour tuer ces créatures en errance, le fait de n'avoir plus rien à perdre les rendait d'autant plus dangereux.
Ils ne les traquaient pas réellement mais ils ne pouvaient se résoudre à laisser de telles engeances s'en prendre aux gens qui avaient déjà tout perdu.
Après une énième escarmouche, Elladan balaya l'horizon du regard, l'inquiétude peint sur son visage.

– On peut aisément suivre la trace de cette immonde armée, fit-il en désignant la terre noircie. Mais s'il y a autant d'Orques en errance on peut espérer que les Hommes du Rohan s'en sont sorti.

Elrohir décrocha son regard de la lune pleine qui montait lentement dans les cieux.

– C'est une hypothèse plausible, mais j'avoue avoir peur pour les Hommes retranchés au gouffre de Helm, il s'agit quand même d'une impasse.

– Père disait qu'il existait des passages sous la montagne, mais si la forteresse est tombée, je doute que des survivants aient put s'enfuir par là...

Les jumeaux échangèrent un long regard, ils n'osaient imaginer le pire.

– Je m'inquiète pour Imladris, reprit Elladan après un temps. Si une telle armée marchait sur la demeure de père...

– Je préfère ne pas y penser.

– Moi, non plus... Comment Saroumane a t'il put se constituer une telle armée sans que personne ne s'en aperçoive ?

Elrohir haussa les épaules.

– Je suppose qu'il a eu les mots pour nous apaiser et nous empêcher de le voir.

– Sûrement... C'est quand même ironique que seule une Elfe que tous pensaient perdue dans les Ténèbres ait comprit la perversion de Saroumane.

Elrohir ne put s'empêcher de rire.

– C'est vrai, reprit-il. Comme quoi nous étions peut-être trop aveuglé par nos croyances pour voir la vérité.

– Sauf Radagast et Isil. En même temps, elle ne s'embarrasse pas vraiment des faux semblants, elle voit ce qu'il y a à voir et se fait son propre avis.

Elrohir ne put que sourire. Oui, Isil était différente, elle n'était pas coincé dans le carcan des croyances dépassées et des traditions. Elle avait fait le choix de tracer sa propre voie et il l'admirait cela.

– Remettons-nous en route, reprit Elrohir en se dirigeant vers les chevaux.

Soudain son ombre se dessina avec netteté sur le sol. Surprit, il se retourna pour voir que la pleine lune s'était teinté d'une couleur orangée.

– Une lune ardente, souffla Elladan.

Elrohir sourit.

– Isil est en vie, j'en suis certain.


***


Le voyage continu et je commence à me lasser de ce paysage de désolation.
Aujourd'hui il pleut et les gouttes d'eau s'écrasant sur mon casque forment une triste mélodie. On marche au pas depuis ce qui me semble une éternité. Équinoxe suit docilement le convoi tandis que Le Warg patrouille autour de nous et qu'Erwin, chevauchant à côté de moi, m'abreuve d'aventures fictives qu'on pourrait vivre ensemble.
Même si je ne l'écoute que d'une oreille, je dois avouer qu'il a de l'imagination et beaucoup de détermination à essayer de me convaincre de le garder auprès de moi. C'est un enfant amusant et plein de bonne volonté mais je ne peux me résoudre à l'amener au devant de si grands dangers.

– Qu'est-ce qui se passe ? S'agite Erwin.

J'émerge de mes pensées pour voir que le convoi s'est arrêté. Visiblement, il se passe des choses en avant.

– Reste ici, fis-je à Erwin.

– Non, je dois venir ! Imaginez qu'il y ait du danger.

– Raison de plus pour que tu restes ici... Il faut que tu surveilles le restant du convoi.

Ma pirouette fonctionne et Erwin hoche la tête avec un air solennel de celui qui accepte une dure mission. Je souris, j'arrive assez facilement à le gérer, puis je talonne Équinoxe qui sort du convoi. On trotte sur quelques dizaines de mètres pour arriver à l'avant.
Je retrouve Aragorn, Legolas, Gimli, Gandalf et l'escorte du Roi arrêtés devant une rivière en crue.

– C'est quoi toute cette eau ? M'étonnai-je en m'arrêtant à leur côté.

– C'est la question que l'on se pose, me répond Gandalf pensif. Je suis passé par ici il y a à peine quelques jours et c'était à sec...

– C'est vrai, je m'en rappelle, soutient Eomer. Il n'y avait plus une goutte d'eau... Il s'est passé quelque chose en Isengard.

Soudain je tique.

– Saroumane y avait érigé un barrage, fis-je alarmée. Il a dut céder, mais sous quelle pression ? De mémoire, il était énorme.

Serait-ce Anar ? Non, il n'a pas d'armée ou autres créatures assez puissantes pour briser un mur de roche...

– Pourrons-nous traverser ? Demande Théoden perplexe. Le courant me paraît bien fort.

Je ne sais pas à qui il s'adresse mais Équinoxe s'agite. Il veut essayer.
Je prends la précaution de descendre de son dos, je n'ai aucune envie d'être mouillée, et je monte sur un amoncellement rocheux tandis qu'il s'engage dans les eaux tumultueuses. Rapidement le courant lui heurte les flancs mais il continue, rien n'arrête Équinoxe. Au plus haut, l'eau lui arrive en milieu d'épaule. Lui parvient à traverser mais je doute que le reste du convoi le puisse, les chevaux n'ont pas sa hauteur, ni sa carrure.

– Il nous faut trouver un autre passage, soupire Théoden. Cela va nous allonger le chemin mais je ne prends pas le risque de tenter cette traversée.

Sur la rive opposée, Équinoxe s'agite puis s'en va au galop.

– Il va essayer de trouver un gué praticable, expliqué-je.

Le Roi se contente de hocher la tête et c'est alors que je sens une pression sur mon bras. Je baisse les yeux pour voir un roncier s'enrouler autour de mon poignet. Le Warg gronde, je l'apaise avant d'orienter mon esprit vers la plante. Elle est plutôt contente du retour de l'eau et attendait ma venue.
Quoi ?
Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle veut dire, ni comment elle savait que je viendrais par ici, mais j'ai une information assez intéressante à livrer à Gandalf.

– L'eau coule à nouveau que depuis ce matin. Quoi qu'il se passe en Isengard, c'est assez récent.

Le magicien me sourit avant de hocher la tête, la nouvelle lui plaît. Je remarque alors le regard stupéfait des Hommes, notamment de Théoden.
Je rougis avant de retirer mon bras du roncier.
Oui, je suis bizarre... Je le sais...

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu