33 - De retour

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On galope à une allure folle.
Le vent me fouette le visage, je n'entends que son sifflement et le claquement de l'harnachement d'Équinoxe. Je sens ses muscles rouler sous sa peau à chaque impacts de ses sabots.
Cela faisait longtemps que nous n'avions pas galopé ainsi, à brides abattues, cherchant presque à devancer le vent.
Ces courses folles sans obstacles, sans rien d'autre que notre envie d'aller plus vite encore, me manquaient.
Équinoxe démontre toute sa rapidité et sa puissance. Il est un Méaras, un roi cheval, un être que rien ni personne ne peut arrêter. Quand il galope ainsi, sans retenue, j'ai l'impression qu'on pourrait fracasser des montagnes ou détourner des rivières.
Il me porte comme si je n'étais qu'un fétu de paille accroché à sa crinière, je ne pèse rien pour lui qui sait courir entre les rafales.
Je me sens euphorique, ivre de liberté.
J'entends presque nos deux cœurs qui battent au même rythme, qui s'accélèrent tandis que nous nous rapprochons de Fangorn. De notre terre.

La lune poursuit sa course dans les cieux tandis que l'on secoue la terre, bondit par dessus des failles et franchit des cours d'eau. On trace notre route.
Le Warg n'est pas en reste mais on l'a distancé. Il ne peut maintenir cette allure et doit faire des pauses. Ce n'est pas grave, il n'est pas perdu, il sait où on va.
Je frémis tandis que l'aube approche et qu'enfin apparaissent les premiers arbres à l'horizon. Équinoxe, infatigable, accélère encore. Pour ma part, je ne ressens nulle fatigue, trop excitée de ce retour en ma terre natale.
On approche de l'orée de la forêt qui me semble un peu moins dense. Équinoxe ne ralentit qu'au dernier moment et je manque de passer par dessus son encolure.

– Doucement, je veux rentrer à la maison pas dans un arbre.

Équinoxe m'envoie son impatience, il veut rentrer, quitte à pousser quelques arbres.
Je me demande ce qu'il veut dire mais son excitation m'empêche de réfléchir. Je lui flatte l'encolure avant de promener mon regard sur les arbres. Ils sont somnolents, encore endormis de la nuit. Je les regarde comme on peut regarder de vieilles connaissances après une longue séparation.
Ils font parti de ma vie, ils m'ont vus grandir, évoluer mais pas changer. Ils n'étaient pas à mes côtés lors de mes peurs, de mes doutes, de mes combats...
Maintenant, je reviens à eux, changée, et eux aussi doivent changer.
Il est temps que Fangorn se révèle.
Je projette mon esprit vers la forêt. Je vagabonde entre les arbres, effleurant leurs esprits, les éveillant doucement.

– Je suis là...

La forêt s'agite alors. Des néophytes pourraient penser que ce n'est que le vent mais moi je sais que c'est autre chose. C'est l'esprit de la forêt, le maelström de toutes les consciences végétales qu'elle abrite.
Ils s'agitent, me reconnaissent, me saluent.
Je suis contente de retrouver ce méli-mélo de sons et de sensations. Je me dresse sur mes étriers tandis qu'Équinoxe piaffe, impatient de reprendre sa course. Je ferme les yeux pour concentrer mon esprit que je fais descendre le long des racines, je cherche quelque chose de précis.
Je souris quand je la trouve enfin.

– Poussez-vous...

A mon murmure répond un grand brouhaha, mélange de grincements, de bruissements et de craquements. J'entends la forêt s'agiter de plus belle. Je m'attendais à ce que les arbres m'opposent une résistance, qu'ils n'acceptent pas de faire réapparaître ce qu'ils ont mis des décennies à faire disparaître, mais non, ils obtempèrent.
Quand le calme revient, je rouvre les yeux et je vois une longue route de pavés gris clair s'enfoncer dans la forêt.
Équinoxe s'est figé de surprise. Lui qui s'attendait à galoper en terrain accidenté, je lui fais apparaître une route.

– Elle a été construite il y a fort longtemps, c'est juste que on l'a un peu oublié.

Équinoxe comprend et s'en réjouit, sa course n'en sera que plus aisée.
Je souris tout en regardant l'ancienne route de nouveau apparente, et il faut que ça reste ainsi.

– Restez en place et ne cachez plus jamais cette route.

Cette fois c'est un ordre, je suis on ne peut plus sérieuse.
Les arbres ne bronchent pas et j'en suis assez fière mais alors un tout jeune châtaignier se glisse sur les pavés.
On fait de la résistance ?

– Sors de cette route.

Le châtaignier frémit des racines aux feuilles puis s'empresse de traverser la voie pour aller s'implanter de l'autre côté.

– Oublie pas ta racine.

Aussitôt sa radicelle se replie hors des pavés. Satisfaite, je regarde ma forêt proprement rangée de part et d'autre de la voie. On s'y engage alors et le sons des sabots d'Équinoxe sur les pierres clairs sonne tel un carillon à mes oreilles. J'effleure les feuilles du jeune châtaignier qui se penche vers moi mais soudain ma monture bondit en avant. Je me raccroche à sa crinière tandis qu'il prend rapidement de la vitesse. Équinoxe veut galoper.
Je savoure le vent et ce paysage qui défile autour de moi. On jaillit hors du couvert des arbres alors que le soleil se lève à l'Est. Je souris, presque tous les événements importants de ma vie se sont déroulés à l'aube, mais alors j'aperçois une silhouette sur une légère butte plus loin. Je sens mes poils se hérisser sur ma nuque en reconnaissant Anar.
Il m'attend.
Je mets Équinoxe au pas et il obtempère sans broncher. On s'approche, surplombant mon frère. Comment a t'il sut que j'arrivais ?
Il doit voir mon interrogation car il me sourit.

– Un petit oiseau m'a dit que tu arriverais, fait-il amusé.

Ce sourire, le ton de sa voix... mon dieu que cela me manquait.

– Je suis contente de te voir, répondis-je fébrile. Tu as changé, petit frère.

– Alors ça toi aussi.

Le rire d'Anar s'élève dans les airs et m'enveloppe comme un vent de nostalgie. Je descends de cheval avant de faire face à mon frère.

– Ne bouge pas.

Anar est surprit mais hoche la tête. J'inspire, je prends le temps de me calmer, puis j'avance. Aussi étrange soit-il, c'est plus difficile avec lui.
Je me force à respirer, à contrôler mon cœur qui bondit dans ma poitrine. Avec des gestes lents, je lui prends les mains. C'est basique, simple, mais si difficile pour moi.
Je suis soulagée de sentir sa peau sans que la mienne ne devienne ardente. J'y arrive. Je me contrôle. Perdue entre mon envie de rire et de pleurer, j'enlace mon frère. Je me blottis contre lui comme j'aurais toujours dut le faire.
Je savoure ce moment mais soudain Anar rabat ses bras pour me serrer contre lui puis, me soulevant, il tourne sur lui-même.
Je souris face à cet élan de gaminerie.

– Je t'avais dit de ne pas bouger, soufflé-je.

– Et toi, tu fais toujours ce que l'on te dit ?

Il y a un instant de stupeur où l'on se dévissage puis on rit.
On rit ensemble, à l'unisson, comme un frère et une sœur.
J'inspire son odeur et je me délecte de ce moment d'affection pur, jamais je n'avais pensé pouvoir le reprendre ainsi dans mes bras.
Je ne sais pas trop pourquoi mais, essoufflés, on se recule pour reprendre nos souffles. Équinoxe vient alors quémander des caresses qu'Anar lui donne avec plaisir.
J'en profite pour regarder autour de nous, apparemment rien n'a changé. Je vois toujours les plaines cernées par la forêt et mon fort, austère, qui domine ce paysage.
On dirait que la guerre n'est pas venue jusqu'ici. Ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre et j'espère que c'est aussi le cas aux dépendances.

– Isil ?

Je me retourne pour voir mon frère qui me dévisage avec curiosité.

– On dirait que rien n'a changé ici. Isengard ne vous a pas causé de soucis ?

– Je n'irais pas jusque là mais dans l'ensemble on a été préservé, surtout quand je vois ce qui s'est passé au delà de la forêt.

Je ne peux que hocher la tête, je suis contente qu'il n'ait pas vécu les horreurs de la guerre.

– C'était si horrible que cela ?

Il lit dans mes pensées ou quoi ?

– Ne soit pas si méfiante, reprend Anar, riant. Tu m'as envoyé un message et tu portes encore les stigmates de tes combats.

Il désigne mon front où trône toujours les points de suture fait par Aragorn.

– Tu me connais que trop bien...

Anar rit puis s'avance. Lentement, comme s'il cherchait une limite invisible, il me prend les mains. Son sourire est contagieux, il n'y a pas plus apaisant que mon petit frère.
Cette pensée m'amuse mais alors je remarque un détail qui m'avait échappé jusque là.

– Comment ça se fait que tu es plus grand que moi ?

C'est presque une accusation mais c'est surtout la vérité. Je me redresse mais Anar me dépasse toujours. Voilà que mon petit frère est plus grand que moi à présent !

– Comment ça se fait tu es grandi et pas moi ?

Pour toutes réponses, Anar rit.

– Je suis soulagé de te voir en si bonne forme, je dois avouer que j'ai eu un peu peur en voyant le message que Fée m'a portée.

– Je t'ai pourtant dit de ne pas faire attention à ma tête, rigolé-je. Disons que les combats ont été rudes, on s'est retrouvé coincé au gouffre de Helm, une forteresse des Hommes du Rohan. On été prit entre la montagne et l'horrible armée de monstres envoyée par Saroumane, mais ça c'est bien terminé.

J'ai volontairement prit un ton léger pour ne pas l'inquiéter davantage mais ces  événements seront à jamais marqués en moi.
Et il faudra que je pense à ne pas lui montrer mon casque bien amoché...

– J'ai senti cette armée, reprend Anar plus bas. Je l'ai senti alors qu'elle marchait vers l'intérieur des terres...

– Des Orques, ou autres, sont venus jusqu'ici ?

– Non, la forêt et ses gardiens ont joués leurs rôles, ils nous ont préservés de ces horreurs.

Je ne suis pas certaine de comprendre. Je suis la seule gardien de Fangorn.

– De quels gardiens parles-tu ?

Anar me sourit, il ne va pas me répondre directement.

– Tu le saura bien assez tôt.

– Depuis quand es-tu devenu cachottier ? Lancé-je suspicieuse.

– Depuis que tu es parti, il fallait bien quelqu'un pour remplir ce rôle.

Je l'ai pas raté celle-là et mon frère se marre de mon air désabusé. Le soleil émerge alors au dessus de la forêt. Ses rayons inondent les plaines et coulent vers nous en rendant toutes ses couleurs au monde autour de nous.
Je savoure la chaleur sur ma peau. Je trouve Anar scintillant, il a tant changé. Il a l'aura d'un Roi.
Fallait-il que je parte pour qu'il révèle son éclat ?
Peut être...
Soudain je vois Le Warg sortir de la route que j'ai fait renaître. Curieux, il regarde autour de lui avant de nous voir. Il remue son bout de queue puis vient en trottant.
Anar, suivant mon regard, se retourne. Je m'attends presque à ce qu'il se tende ou se mette en garde mais non, il se contente de regarder cet imposant animal venir à nous. Tout est normal pour lui.

– C'est un ami, fis-je bien que je sais que c'est inutile.

Le Warg, méfiant, s'approche au pas. Il hume l'air, tente d'analyser cet inconnu qui le dévisage. A ma grande surprise, Anar s'agenouille, sans crainte.

– Viens mon ami.

Le Warg se fige avant de venir à lui, ventre à terre et queue ballante.

– Tu es une bête sublime, fait Anar en le caressant.

Le Warg se frotte à lui avant de lui lécher la joue avec douceur. Là, je n'en reviens pas, lui qui est si méfiant d'habitude.

– Tu as apprit à apprivoiser les bêtes ? M'amusai-je.

– C'est une bonne créature, ça se voit à ses yeux.

Je tique tandis que Le Warg me fait des fêtes, se dressant sur les pattes arrières pour me lécher le visage.

– Moi j'ai une corneille de Fangorn comme animal de compagnie et toi un loup d'Isengard.

Je ris tout en caressant Le Warg.

– D'ailleurs, tu as des nouvelles d'Isengard ? Repris-je après un temps.

– Isengard est tombé... C'est un peu long à expliquer, on ferait mieux d'y aller directement. Enfin si tu le veux.

Je refoule ma surprise pour reprendre.

– Mes... compagnons vont venir ici. Il y a ceux avec qui j'ai traversée une grande partie de la terre du Milieu, et que j'aimerai te présenter, et aussi le Roi du Rohan, Théoden, et ses Hommes. Ils devraient être là d'ici demain.

– Tu m'en vois ravi, je les accueillerai avec joie. Est-ce que les deux Elfes d'Imladris en font parti ?

Je tressaille de surprise.

– Comment les connais-tu ?

Anar rougit, ce qui m'intrigue d'autant plus.

– Grâce à Fée, elle rapportait ton message et à travers son regard je les ai vu, il y a peu. Ils partaient vers l'intérieur des terres du Rohan. J'ai juste déduit.

Ça explique qu'il connaisse leurs présences sur ces terres mais pas leurs appartenances à Imladris... De mémoire, Elladan et Elrohir ne portaient pas d'étendard ou autre signe visible. Alors comment sait-il d'où ils viennent ?
Étrange tout ça...
Je dévisage Anar qui dévie le regard. Je suispresque certaine qu'il me cache quelque chose mais je n'ai pas envie de gâcher nos retrouvailles.

– Oui, ils seront aussi avec eux.

Je ne sais pas quoi dire de plus. Heureusement c'est Anar qui reprend.

– Alors je suis pressé de rencontrer tous tes amis.

Ho, si tu savais, petit frère...



On marche main dans la main jusqu'à ce qu'on arrive en vue des dépendances. Je marque alors un temps d'arrêt. Ça a vraiment changé.
Il y a plus de bâtiments, de champs cultivés et même ce qui semble un potager mais c'est surtout la vue des barricades sur les chemins d'accès qui m'interpellent.

– Simple précaution, me souffle Anar. On n'en a pas eu besoin.

Je hoche la tête, tant mieux. Au vu de ce que j'ai vécu récemment, je sais qu'elles n'auraient jamais suffit.
En silence, on continu notre chemin. On entre dans le petit village qu'est devenu les simples dépendances du fort. Tout est calme, encore endormit.

– Là-bas, la maison à étage c'est chez moi, m'explique Anar avec une pointe de fierté.

La maison a l'air accueillante et douillette mais je n'ai pas le temps de l'admirer plus car quelqu'un se tient, bras croisé, devant.

– Et ça c'est Feaurl qui a l'air mécontent, soupire mon frère en secouant la tête.

Je suis surprise de son ton las. Dans mes souvenirs il était toujours docile avec Feaurl.
Celui-ci me dévisage sans même prendre la délicatesse de cacher son amertume. Il me déteste.
Bon retour chez toi, Isil...
Je suis mal à l'aise mais Anar m'entraîne vers l'avant et on se plante devant Feaurl qui ne me lâche pas du regard.

– Bonjour, fait mon frère comme si tout cela était normal.

– Qu'est-ce qu'elle fait ici ?

Sympa de parler de moi comme si je n'étais pas là...

– Feaurl, je suis désolée de tous ce que j'ai fait et qui a put vous blesser, mais c'était nécessaire... Et je suis revenue tous vous expliquer.

– Qu'est-ce que vous voulez ?

Sa méfiance me heurte. Ça fait des années qu'il n'a plus confiance en moi mais je ne pensais pas que cela m'atteignait encore à ce point.

– Elle vit ici, Feaurl, intervient alors Anar.

– Elle a quittée nos terres, elle ne fait plus partie des nôtres.

Carrément ?

– J'avais de bonnes raisons de le faire et je suis venue vous les expliquer, je...

– Alors expliquez-vous !

Son ton agressif me blesse et je ne peux m'empêcher de baisser les yeux, honteuse.

– Pas pour l'instant... Je préfère attendre demain quand ceux qui m'accompagnent seront aussi ici.

– Qui doit venir ? Aboie Feaurl.

Je relève la tête. Il peut s'en prendre à moi, me détester même, mais pas mes amis. Je ne le laisserai pas faire.

– Mes amis, des gens avec qui j'ai traversée une grande partie de la Terre du Milieu, ainsi que des Hommes du Rohan et leur Roi, Théoden.

T'as quoi à redire ?
Feaurl est troublé, je sens l'hésitation prendre possession de son cœur. J'ai changée, je ne suis plus l'Elfe fragile, influençable, que j'étais et surtout je ne suis plus seule.

– Je suis désolée de tous ce que je vous ai fait subir, repris-je plus bas. Je suis la seule responsable de mes actes et j'en assume les conséquences. Je ne veux pas que vous me pardonniez mais au moins que vous sachiez pourquoi je l'ai fait.

Il y a un instant de silence, comme suspendu dans le temps, puis Feaurl hoche la tête. Il n'a rien de plus à dire.
Je me détends mais déjà Anar m'amène vers sa maison. On plante Feaurl devant le portail comme un visiteur non désiré et on s'avance dans le jardin.

– T'as quelque chose contre lui ? M'étonnai-je alors qu'on arrive sur le parvis de la maison.

– Pas vraiment, mais tu n'es pas la seule à avoir changé.

– Qu'est-ce qui a changé alors ?

Anar s'arrête et me sourit, ce sourire innocent et un brin taquin qui est le sien.

– Disons qu'en ton absence j'ai comprit certaines choses, notamment que bien que Feaurl nous a élevé et protégé, il ne reste qu'un précepteur, alors que toi, Isil, tu es ma sœur.

Je reste un moment immobile, le temps d'assimiler ce que mon frère me dit, puis je l'enlace avec douceur.
Nous sommes jumeaux, il est donc semblable à moi, bien plus que je ne l'aurais crut.
Pourquoi il m'a fallut autant de temps pour le comprendre ?
Pourquoi je n'ai pas vu avant combien Anar est incroyable et combien j'ai de la chance de l'avoir comme frère ?
Il faut vraiment que je remédie à tout cela.



Fin du chapitre
Isil est enfin de retour chez elle et ses retrouvailles avec Anar se passe on ne peut mieux, mais ce n'est pas le cas avec Feaurl ?
Qu'est-ce que le vieil Elfe reproche à Isil ?
Arrivera t'elle à lui expliquer les raisons qui l'ont poussés à partir ?
Et comment va t'elle gérer l'arrivée prochaine de ses amis ?

Vos avis et suggestion en commentaire ^_^

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornWhere stories live. Discover now