24 - Ma destinée

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Je laisse tomber mes vêtements au sol et le courant d'air me fait frissonner.
Il fait froid mais la vue est superbe. Je suis sous la forteresse, dans les grottes qui abritent un immense lac souterrain éclairé par des puits de lumière qui font miroiter sa surface.
J'hésite puis je rentre dans l'eau. Elle est froide, très froide. Un frisson me secoue de la tête aux pieds mais j'ai besoin de me laver, d'ôter de mon corps les horreurs de cette nuit.
Sous mes pieds le gravier crisse et je m'émerveille de la voûte de pierre qui surplombe cette étendue d'eau, elle est nimbé de milles et une couleurs.
Je regarde les rayons du soleil plonger au travers des trous du plafond pour illuminer l'eau d'un reflet turquoise.
J'avance jusqu'à avoir de l'eau au niveau des épaules puis je me retourne.

– Aller, viens. C'est un peu froid mais ça te fera du bien.

Le Warg me dévisage, indécis. Il fait les cent pas au bord de l'eau tandis que je l'encourage à me rejoindre. Il finit par se décider et entre dans l'eau avant de patauger jusqu'à moi. Je nage un peu avec lui puis on retourne sur le bord. Je me savonne avant de m'attaquer au Warg.
Je suis impressionné de la quantité de poils morts que je le ôte. Sous sa fourrure hirsute, il est bien plus maigre que je ne le pensais mais aussi couvert de cicatrices. Après plusieurs lavages, je découvre que son pelage est gris clair, la nuance de son poil me fait penser à une nuit de pleine lune.
Je souris, on était fait pour se rencontrer.
Transit de froid, je sors de l'eau et je m'enroule dans ma cape Elfique. Le Warg se secoue plusieurs fois avant d'aller se coucher dans une flaque de lumière. Pas bête... Je l'y rejoins et je m'assoie à ses côtés. Les rayons du soleil me réchauffent agréablement.
Je caresse le pelage à présent pelé du Warg, j'espère que ça va vite repousser...

– Je vais prendre soin de toi, soufflé-je en m'appuyant contre son épaule. Je vais te rendre ta beauté et effacer tes peurs, je te le promets.

Le Warg frotte sa tête contre mon bras ce qui me fait sourire.

– Tu sais, je pense qu'il y a une raison pour laquelle je suis venu au gouffre de Helm et il y en a sûrement une aussi pour notre rencontre.

Le Warg me lèche le visage et je rigole. C'est étrange mais je suis certaine qu'il y a une raison à tout cela. Tous à un sens et me mène sur un chemin dont je ne connais pas la fin mais je n'ai pas peur. Je n'ai plus peur, je ne suis plus seule, j'ai des amis, et surtout un excellent chien de garde.
Je rigole à nouveau et le son de mon rire semble se répercuter sur la pierre, son bien agréable après le brouhaha des combats.



Vêtue de mon armure légère, je traverse la grande salle. Des Hommes me regardent passer. Je ne vois plus de peur dans leurs regards, juste une pointe d'admiration pour certains. J'ai réussi à changer, j'ai fait mes preuves et gagné leurs respects. Je suis plutôt fière de moi.
Les herbes que m'adonné Aragorn plus tôt font effet, je ne ressens presque plus de douleurs. Je sors de la salle et descend vers les écuries. Sur le parvis je retrouve Équinoxe que l'on a sellé. Je m'assure que tout va bien pour lui, il était quand même en tête de la charge.
Avec la délicatesse qui est la sienne, il m'assène un coup de tête et m'assure qu'il va bien puis qu'il pourra se reposer plus tard. Je l'espère...
Je me mets en selle et on rejoint les autres qui sont déjà dans la plaine. Équinoxe trotte et je serre les dents, je suis parcours de douleurs. Le Warg nous suit docilement, j'ai confiance en lui, je sais qu'il saura se tenir.

– Vous êtes en retard, fait Legolas alors qu'on arrive à leur hauteur.

– Excusez moi, j'avais besoin de me laver, répondis-je du tac au tac. C'est pas mon truc d'empester l'Orque.

Legolas se marre, il l'a bien cherché aussi.
Aragorn, Legolas, Gimli, Gandalf, Hàma, le roi Théoden et moi cheminons jusqu'à la haute colline d'où est venu la charge des Rohirrims. De là, on a vu sur le Mordor où le ciel semble se déchirer. Il est bazardé d'éclairs qui donnent une couleur malsaine aux lourds nuages qui tournoient lentement au dessus de cet horrible pays. Bien qu'on soit à des centaines de lieux, j'ai l'impression d'entendre la terre gronder, comme si le volcan était en éruption. Je sens les Ténèbres et surtout la folie de Sauron, il est prêt à tous.

– Le courroux de Sauron sera terrible, fait Gandalf, les yeux perdus sur l'horizon. Son châtiment immédiat. La bataille du Gouffre de Helm est terminée, celle pour la Terre du Milieu ne fait que commencer.

Aragorn et le magicien échangent un regard puis Gandalf sourit.

– Tous nos espoirs sont désormais lié à deux jeunes Hobbits quelque part dans les régions désertes.

On fixe tous l'horizon durant un long moment puis les autres s'en vont. Moi, je reste.
Je contemple le paysage désolé qui s'étend devant nous. Le Mordor est encore loin, très loin, je n'ai fait que la moitié du chemin mais je me sens sereine.
Je vais y aller. D'une manière ou d'une autre, je vais y aller. Équinoxe me soutien, il sera là pour m'aider et me porter jusqu'aux portes même. Le Warg s'agite, lui aussi sera à mes côtés.
Je souris, je me sais entouré.
J'aime ce nouveau sentiment, bien loin de ma solitude habituelle.
Équinoxe se secoue, il veut rapidement se mettre en route.

– Attend, mon grand, rigolé-je. On a d'autre choses à faire avant.

Équinoxe se fige avant de me transmettre son étonnement.

– On doit aller en Isengard, répondis-je en le caressant. Je dois voir ce qui s'y passe et je dois aussi aller voir Anar, lui montrer qu'il avait raison de croire en moi... Oui, je dois faire tout ça.

Équinoxe acquiesce, où j'irai, il ira. Je lui tapote l'encolure puis on fait demi-tour. Équinoxe se cabre avant de s'élancer pour rattraper les autres.
Ils nous restent tant de choses à faire mais pour la première fois depuis longtemps, je suis confiante.
On va réussir.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant