36 - Confidences et souvenirs

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Je me réveille, un peu perdue.
Je ne reconnais pas la pièce et je mets un temps à me rappeler où je suis, puis je vois Anar. Endormi à mes côtés comme quand on était enfant. On a passé la journée à se raconter nos vies puis on a sombré dans un sommeil bien mérité.
Je me retourne pour mieux le regarder. Je savoure ce moment de calme et de tendresse. Anar me manquait tant.
Le Warg, allongé au bout du lit, relève la tête. Je ne rappelle pas qu'il soit venu avec nous dans la chambre.

– Depuis quand t'es là ? Murmuré-je.

Pour toute réponse, il remue son moignon de queue puis repose sa tête sur ses pattes. Je me redresse doucement pour ne pas réveiller mon frère, je caresse Le Warg puis je m'approche de la fenêtre. Le soleil se hisse doucement au dessus de la forêt.
Le calme qui règne ici est incroyable. Peut-être que c'est dut à mes récentes aventures ?
C'est ironique quand on y pense, enfant je détestais les dépendances maintenant je trouve qui y fait bon vivre.
J'avais tant rêvée de m'en aller et voilà que je suis contente d'être revenue. Je souris, j'ai vraiment changée.

– Salut, fait alors la voix d'Anar. Et salut à toi aussi.

Je me retourne pour voir qu'il s'adresse à Le Warg qui remue vivement la queue. Mon frère le caresse puis se tourne vers moi.

– Pourquoi l'as-tu nommé Le Warg ? Tu as baptisé ton cheval Équinoxe, tu aurais put lui trouver un autre nom. Solstice par exemple.

Je sens le rouge me monter aux joues.

– J'étais épuisée et à court d'idée, me défendais-je.

Anar rit en s'asseyant au bord du lit.

– Tu veux prendre un bain ?

Je ne peux m'empêcher de sourire.

– Ça me ferait le plus grand bien.

Anar me conduit à la salle d'eau où il remplit la baignoire sous laquelle j'allume un feu.

– Je vais t'apporter de quoi te changer comme ça je pourrais faire nettoyer ta tunique de voyage.

– Quelle prévenance, ris-je. Tu trouves que je pues ?

Anar rit mais ne répond pas.
A vivre dans des conditions précaires, à dormir à même sol, le simple fait de prendre un bain me donne une impression de grand luxe. Je savoure ce moment de détente mais je suis quand même surprise par mon reflet dans le haut miroir à pied.
Les hématomes dut à mes récents combats ne se sont quasiment plus visibles mais je gardes encore quelques écorchures. Toutes ces courses folles, ces combats et ces longs voyages ont sculpté mon corps en courbes de muscles, et même mon visage semble différent.
Alors que je me sèche, mon regard s'accroche au bracelet d'Elrohir. J'en ai tellement l'habitude que parfois je ne le vois même plus.
Je souris en me rappelant d'Elrohir me l'offrant. Sa gêne, mon émoi que je voulais cacher et toutes ces choses que l'on a pas sut se dire. On peut dire qu'on a bien progressé depuis mais ça reste étrange pour moi.
J'effleure le bracelet dont le rouge a perdu de son intensité, seul l''argent brille comme au premier jour. Il aborde des signes évidents d'usure mais je l'aime tout autant. Il a une telle valeur sentimentale.
Avec tous ça je n'ai pas eut le temps de penser à Elrohir. Le pauvre, à peine on se retrouve que je pars loin de lui... Comment vont se dérouler nos nouvelles retrouvailles ? Comment vais-je devoir me comporter ? Aller vers lui, rester distante, garder notre relation secrète ?
Encore un millier de questions, à croire que ça ne s'arrêtera jamais.
Tout en soupirant, je m'attaque à sécher mes cheveux. Ils ont vraiment bien poussés, si bien que je suis obligée de les attacher en un chignon lâche puis j'enfile la robe qu'Anar m'a apporté. Elle est simple, dans des tons sobres brun gris.
J'ai presque l'air d'une dame vêtue ainsi.
Entre Isil la Guerrière et Isil au Repos, il y a un monde.
Je ne peux m'empêcher d'en rire. Je ne suis plus celle que j'étais mais ça ne m'empêche pas de faire attention à mon style.
Après ce petit rafraîchissement, je rejoins Anar qui joue une mélodie entêtante sur son piano puis on sort. On fait vite le tour du petit village que sont devenues les dépendances. Je suis surprise de voir autant de personnes saluer Anar, on dirait un seigneur faisant le tour de ses terres. Par contre ils sont plus méfiant vis à vis de moi, ils m'observent, me suivent du regard mais n'osent pas en faire plus. Je ne leur en demande pas plus. Tant qu'ils n'essayent pas de me chasser à coup de fourche, ça me va mais je ne peux m'empêcher de repenser aux villageois, à la peur dans leurs regards.
Il faut vraiment que je travaille sur mon image, que les gens apprennent à me connaître pour ne plus me craindre.
Tout en marchant on parle de tous et de rien. C'est incroyable tous ce qu'on avait à se raconter.
Des années de discutions laissées en suspend.

Tome 2 - La Lune Ardente de FangornOù les histoires vivent. Découvrez maintenant