Tome 2 - La Lune Ardente de Fangorn

43 - Bien vivant

A la poursuite de Gandalf, on croise Aragorn, Legolas et Gimli qui discutent avec animation avec Eomer. Je ne sais pas de quoi ils parlent mais on les dépasse sans s'arrêter. On rejoint Gandalf alors qu'il marche en direction des écuries tout en marmonnant. Merry et Pipin peinent aussi à le suivre et m'adressent des regards implorants mais je ne peux rien pour eux.

– De tous les Hobbits curieux, Peregrin Touque vous êtes le pire, lance Gandalf mécontent. Allez, hâtez-vous.

– Où allons-nous ?

Comme je le craignais Pipin n'a pas prit la mesure de ce qu'il a fait, ni des conséquences.

– Pourquoi as-tu regardé ? Pourquoi il faut toujours que tu regardes ? Maugrée Merry.

– Je n'en sais rien, je n'y peux rien.

– Tu ne peux jamais rien !

Surprit de la colère de Merry, Pipin s'arrête et je manque de lui rentrer dedans.

– Je regrette ça te va ? Lance t'il tel un enfant que l'on gronde.

Merry s'arrête à son tour avant de se retourner lentement pour lui faire face. Pipin doit voir la colère qui couve en lui car il reprend.

– Jamais je ne recommencerai.

– Tu ne saisis donc pas, rétorque Merry en revenant sur ses pas. L'ennemi croit que tu as l'anneau. Il va te chercher sans relâche, Pipin. Ils doivent t'éloigner d'ici.

Pipin tique avant de s'agiter.

– Et toi ? Tu viens avec moi ?

Je ne sais pas si je dois intervenir ou pas. Je n'aime pas le tournant qu'a prit la situation mais en même temps ce que Pipin a fait est grave, et dangereux pour lui-même.
Merry, agacé, s'en va sans un mot de plus. Pipin se retourne mais je n'ai aucune réponse à lui apporter. Je me contente de hausser les épaules.
On rejoint Gandalf et Merry dans les écuries. Équinoxe est là aussi. Il sort d'un box et vient me saluer mais je n'ai pas le cœur à ça. Je le repousse doucement, faut dire qu'il est en plein milieu du passage.
Sans un mot Gandalf attrape Pipin par les hanches et le hisse sur le dos de Gris-Poil qui s'interroge. Équinoxe s'agite et m'assène un coup de tête peu délicat dans le dos.

– Attend, je t'expliquerai tous.

Il n'est pas convaincu mais libère enfin le passage.

– C'est loin Minas Tirith ?

Pipin est tendu, ça se voit à son visage et à sa voix qui tremble.

– Trois jours de route à vol de Nazgul, répond Gandalf sans ménagement. Et espérez que nous n'en ayons pas à nos trousses.

Pipin pâlit d'autant plus tandis que j'adresse un regard noir au magicien qui m'ignore. Le Warg se colle à ma jambe, m'assurant son soutien. Je n'ai aucune envie qu'il attaque Gandalf alors je me force à me détendre.
La situation est déjà assez délicate comme ça, il pourrait faire preuve de plus de tact. Merry tend alors une pochette de cuir à Pipin qui met un temps à la prendre.

– Tiens, c'est pour la route.

– La dernière feuille de Longoulet, s'étonne Pipin.

– Je sais que tu n'en as plus, ajoute Merry mal à l'aise. Tu fumes un peu trop, Pipin.

– Mais bientôt on va se revoir ?

Gandalf soupire sans prendre la peine de dissimuler son agacement. Je ne l'ai jamais vu si tendu. Il se met en selle et Gris-Poil s'agite.

– Gandalf, qu'est-ce qu'on doit faire en attendant ?

Ma question est idiote mais j'ai besoin de savoir, j'ai besoin d'avoir la suite du plan. Gandalf secoue la tête, il me paraît alors si vieux.

– Je ne peux plus rien, maintenant c'est à vous de convaincre Théoden et de porter secours au Gondor.

Je frissonne, il nous charge d'une mission bien importante.

– Vous n'avez pas une nouvelle énigme que nous comprendrons qu'au dernier moment ? Une de celle qui nous sauve la mise.

Gandalf me sourit et je retrouve des traces du magicien gris qu'il était jadis.

– Cette fois-ci je ne le peux. C'est à vous et à vous seul de vous sauver.

Le ton est doux mais les paroles lourdes de menace. Nous sommes seuls.
La peur m'enserre le cœur mais j'acquiesce.

– On va tous se revoir, pas vrai ? S'enquit alors Pipin inquiet.

Merry se tord les doigts mais se charge de répondre.

– Je n'en sais rien. J'ignore ce qui va se passer.

– Merry...

La détresse de Pipin m'enserre d'autant plus le cœur mais Gandalf décide de couper court à ces au revoir déchirant.

– Cours Gris-Poil, fait-il. Montre nous ce que célérité veut dire.

Aussitôt Gris-Poil s'agite, souffle, puis s'élance. Il fonce dans l'allée en faisant un écart pour éviter Équinoxe qui a décidé de ressortir de son box. Mon cheval s'indigne, hennit puis s'élance à son tour.

– Non, mais reste ici !

Je cours à mon tour vers la sortie pour voir Équinoxe talonner Gris-Poil. Les deux Mearas lancés au grand galop se toisent un moment puis Équinoxe s'arrête brusquement. Les chevaux du Rohan s'agite alors qu'il se cabre et henni de plus belle.

– Aller, donne toi en spectacle !

J'entends Anar rire dans mon dos tandis que Le Warg me rappelle à quel point il est sage, lui. Je le caresse quand soudain Merry passe en courant à côté de nous. Surprit, on le regard s'élancer vers le restant d'une tour servant de vigie.

– Merry ! S'écrit Aragorn en le suivant.

Je les regarde monter puis regarder en direction de Gandalf que l'horizon transforme en une silhouette floue. Les deux Hobbits n'ont jamais vraiment été séparés, je comprends la peine de Merry.
Soudain je me sens très las. La fatigue accumulée, cette nuit blanche et toutes ces émotions m'ont vidées. Je n'ai qu'une envie, me coucher et dormir pour oublier tous cela.

– Tu vas bien, Isil ?

Étonnée, je me tourne vers mon frère.

– Oui... fatiguée mais ça va.

Anar hoche la tête sans pour autant me lâcher du regard.

– Qu'est-ce qui a ?

Anar tique avant de se détourner ce qui m'intrigue d'autant plus.

– J'ai fait quelque chose de... d'anomale ?

Je vois l'hésitation dans son regard puis il me sourit avant de secouer la tête. J'ai clairement fait un truc bizarre mais il ne semble pas vouloir en parler.
J'hésite puis je respecte son choix.
Si c'était important, ou grave, il m'en parlerait.