Chapitre 1 - avec corrections

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ÉDIT du 07/12/2020 -

Bonjour à tous ! Depuis que le chapitre 36 (et le 37) ont été publiés, je reçois beaucoup de messages qui me demandent de poster la suite des aventures de Mélanie. Comme je suis actuellement dans les corrections, je vous propose pour le moment de découvrir la version corrigée des chapitres. ^^ La correction du récit (le fond) est ma priorité, sachant qu'une amie va m'aider pour toute la partie relative à la forme. Alors s'il reste des fautes, ne m'en voulez pas trop, à force je ne les vois plus.

De gros bisous à vous tous, et bonne découverte de cette deuxième version.  🥰

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La salle de classe est plongée dans un silence glacial.

Les consignes du Ministère sont claires. Les yeux rivés au sol, nous restons toutes immobiles tandis qu'un Veilleur menotte brutalement Mélissa. Elle a cessé de se débattre depuis qu'il lui a fracturé la mâchoire.

— Je... v... vous... en p... prie, é... coutez... moi ! pleure-t-elle.

Un coup de crosse l'assomme. Elle s'écroule comme une masse, tête la première à mes pieds. Des mains gantées de cuir noir la relèvent et la traînent vers la sortie sans que l'une d'entre nous ne remue un cil. Le courage est une denrée rare dans le Deuxième Quartier, la moindre condamnation peut s'élargir aux membres de la famille. Quelquefois sur plusieurs générations. Notre vie est peut-être misérable, mais on s'y accroche bec et ongles.

Mélissa est la troisième fille de l'école à être embarquée en deux jours. Sa chaise ne restera pas vide longtemps : dans le fond de la salle surchargée d'élèves, d'autres attendent qu'une place se libère. Quant à son nom, il sera vite oublié comme s'il n'avait jamais existé. Si des murmures subsistent, ils seront ravalés par la présence des Veilleurs dans les murs. Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont armés.

Je jette un coup d'œil furtif vers les grandes fenêtres. En l'absence d'électricité dans le bâtiment, elles apportent un maximum de lumière extérieure. Dans la cour enneigée, une Mélissa inconsciente disparaît à l'arrière d'un fourgon noir.

— Éloïse, va chercher une bûche pour le poêle avant que nous ne tombions malades.

Aucune question ne filtre sur le départ de Mélissa, nous connaissons déjà la réponse : les traîtres doivent mourir, la faute commise ne nous regarde pas. Pourtant, je ne peux m'empêcher de songer que s'il y avait une fille à qui j'aurais décerné le prix de l'excellence, c'était bien à elle. Mélissa était toujours souriante, aimable, compatissante et chaleureuse. À croire que trop de qualités auraient dû me mettre la puce à l'oreille.

Je louche vers ses amies. Nathalie et Émilie ont les joues en feu. Elles doivent penser à tous les affreux secrets qu'elles ont partagés depuis l'élémentaire. Peut-être seront-elles les suivantes.

Rester seule.

Ne pas m'attacher.

L'affection amène la jalousie.

La jalousie entraîne la trahison.

La trahison conduit irrémédiablement à la mort.

— Mesdames, reprenons.

Madame Bartholomé ne descend jamais de son estrade, qui fait presque le tour de la salle. En tant que professeure, elle doit être un modèle de perfection pour nous toutes. Sa longue blouse blanche boutonnée n'a pas une seule tache, ses bottines sont cirées du matin. Elle parle lentement et arbore un sourire étudié. Mais ses yeux sont cernés, et ses joues creuses. Elle paraît vieille, pourtant mon frère prétend qu'elle n'a pas trente ans. Elle arpente chaque jour le même parcours en pointant avec sa règle les affiches accrochées aux murs. Des dessins validés par le Ministère qui nous éduquent pour notre future mission : devenir une épouse et une ménagère parfaite.

Depuis que je suis haute comme trois pommes, j'apprends à développer ma mémoire pour les tâches domestiques essentielles comme la couture, le repassage, la cuisine, s'occuper d'un bébé... Et, surtout, à rester à ma place de femme.

Madame Bartholomé se racle la gorge et, avec un sourire chaleureux qui effacerait presque sa fatigue, elle brandit sa règle en direction de ma voisine.

— Louisa, peux-tu rappeler à tes camarades les principaux critères d'une parfaite épouse.

— Elle doit être soumise et silencieuse. Dans l'éventualité où son époux lui pose une question, la réponse doit être courte et polie.

— Très bien. N'oubliez pas que le sourire est très important. Il vous évitera les coups, vous garantira le bonheur et un toit au-dessus de votre tête. Soyez vigilante, intuitive et réactive.

Son regard balaie l'assemblée et se braque dans le mien.

— Mélanie, peux-tu rappeler à tes camarades les conséquences d'un reniement ?

— Toute femme s'opposant ou ne satisfaisant pas son époux sera bannie et transférée dans le Troisième Quartier.

— Quelles sont ses chances de survie ?

— Aucune.

Obéir et vivre.

Refuser et mourir.

Voilà nos seuls choix.

J'ai seize ans. Dans deux ans, je serai unie à un garçon dont j'ignore tout. Toujours dans le Deuxième Quartier, là où vit la quasi-totalité de la population qui n'intéresse personne : les ouvriers et les paysans. Là où je vis, avec mon frère Pierre et ma belle-sœur Perronne.

Et j'y mourrai aussi sûrement que le soleil se lève chaque jour derrière les remparts qui nous séparent du Premier et du Troisième Quartier.


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Le premier chapitre reste toujours court. J'ai simplement rajouté des ajouts sur Madame BARTHOLOME et sur le décor de la salle de classe et des pratiques. Assez pour développer l'univers mais sans vouloir trop en faire pour un premier chapitre.

Bonne lecture et à bientôt pour la découverte du chapitre 2 corrigé. 🥰

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