Chapitre 28

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Vivien m'entraîne à sa suite dans une longue remontée de couloirs. Il s'arrête devant un mur, appuie sur un des deux boutons proposés et j'ai la mauvaise surprise de voir des portes s'ouvrir... sur un espace fermé et minuscule. Je recule précipitamment, tandis qu'un sentiment de panique m'envahit.

— C'est juste un ascenseur, tu ne risques rien.

Je contemple avec inquiétude l'intérieur de la cage en métal. Il s'empare à nouveau de ma main (certainement, pour m'empêcher de fuir) et me presse de le suivre. Je m'en veux, mais ce simple contact - même si cela vient de lui - m'aide à refouler (un peu) mes angoisses. Je me concentre sur les boutons qui s'éclairent un à un.

— Tu me laisses parler, me prévient-il (inutilement) quand nous arrivons à destination. 

En face de nous, deux hommes armés montent la garde devant une unique porte. 

— Lucien a demandé à me voir. 

Les deux hommes me reconnaissent, j'en suis certaine. J'aimerais me faire toute petite, mais il n'y a aucun trou de souris où me cacher. L'un d'eux fait passer la commission et je reste dans l'ombre de Vivien, même lorsque l'accès nous est autorisé.  Par habitude, je baisse les yeux, même si dans cet endroit, personne ne semble se préoccuper des règles. 

— Okay.  Recontacte-moi dès que tout sera prêt.

Vivien ne perd pas de temps dans les présentations et expose mon sauvetage in extremis, l'implication de "deux de leurs membres" et les risques que j'encoure à retourner à la surface. Le ton qu'il emploi indique clairement qu'il ne souhaite pas que j'y retourne. Je sens dans sa façon de prendre ma défense qu'il refuse l'idée que je reste comme celle que je parte pour aller tout raconter aux Veilleurs. Que cela me paraisse bizarre ou pas, je crois de plus en plus que Chantal m'a dit la vérité : c'est impossible que ces gens travaillent pour eux. 

— Et donc, tu voudrais qu'elle reste avec toi  ?

Il y a comme une pointe de moquerie dans la voix de cet homme.

— Pas avec moi. Mais il doit bien y avoir un poste à lui donner dans les cuisines ou au...

— Je t'arrête tout de suite. Les unions qui ont été créés par le gouvernement n'ont aucune légitimité entre ces murs-ci. Tu n'as donc aucune autorité sur elle et elle n'a plus aucune obligation envers toi. 

Il s'avance vers moi et me relève le menton, avant de reculer d'un pas pour mieux m'observer. Les siens sont d'un marron clair. Son regard, son visage, sa silhouette ! Il ressemble tellement à Nazaire que ma surprise ne lui échappe pas. Toutefois, cet homme est plus âgé de quelques années, et un dessin (que je ne comprends pas) marque la peau de son cou. Encore une chose qui est formellement interdite.

— A partir d'aujourd'hui, Mélanie, tes décisions t'appartiennent entièrement. Il n'y a plus ni père, ni oncle, ni frère, ni mari pour t'ordonner de baisser la tête et d'obéir sans discuter. (Il sourit devant mes doutes.) Crois-moi, c'est quelque chose à laquelle tu t'habitueras très vite. J'ai lu les rapports te concernant. Tu sembles être une jeune fille pleine de ressources. Tu as sauvé ton amie au lieu de l'abandonner alors qu'elle était gravement blessée. Peu de personnes auraient accompli un tel acte de charité. Tu as fait preuve d'un grand courage et pris les bonnes décisions. J'ai besoin de combattants tel que toi dans mes rangs.

Vivien a un rire sarcastique.  

— Une combattante ? Tu veux que cette fille se batte avec quoi ? Un balai et une serpillère ? Mélanie n'est pas l'un de tes soldats. Ni aucun d'entre nous !

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