ғᴀʟʟ ᴅᴏᴡɴ | ʲᵏ ˣ ᵗʰ

³| << C'est Rien >>

Tu crois qu'un jour on arrêtera d'y penser ?

<< j'ai besoin de savoir ce qu'il veut... >>

<< franchement, qu'il crève. >>

<< J-Jungkook... >>

Tu me lances un regard peiné à mon appel, mais je vois sur tes traits que l'énervement envers lui est loin de t'avoir quitté. En ce samedi matin pluvieux, nous avons entamé une discussion périlleuse. Cette nuit, j'ai réfléchi et je veux rencontrer Hoseok. Mais tu ne sembles vraiment pas de mon avis, et je te sens agacé. Tes mots envers lui se font de plus en plus éloignés de ceux que tu emploies habituellement en ma présence.

<< il m'a jamais aidé, jamais tendu la main, il ne m'a jamais dit non quand je lui disais de faire quelque chose... Il aurait refusé ne serait-ce qu'une fois, peut-être que ça m'aurait aidé à m'en sortir plus tôt. >>

<< il avait sûrement peur... >>

<< je sais pas mais je m'en fous, je m'en fous de lui. Pourquoi on devrait faire attention à ces envies d'un coup ? >>

Tu poses ta tasse durement sur la table, me faisant sursauter. Tu fronces tes sourcils sous ton geste, crispé par une colère que je ne comprends pas, puis la seconde d'après tes yeux se teintent d'un éclat complètement différent, mais toujours farouche.

<< tu dis que ça nous aidera mais je sais que ça m'aidera pas. J'aurais juste envie de le cogner. Pour moi il fait parti de tous les souvenirs que je voudrais effacer. Et toi, tu veux qu'il mette les pieds dans notre chez nous ! >>

<< tu peux pas dire ça d'un être humain, tu peux pas dire que tu voudrais qu'il disparaisse... >>

Tu laisses un sourire agacé accompagner un souffle sec, plongeant tes yeux noirs dans les miens. Tu attrape ta tasse d'une main avant de continuer. Je n'aime pas cette expression sur ton visage.

<< ah ouais ? T'inviterai Namjoon chez toi ? >>

J'écarquille les yeux, le souffle coupé, tout se brisant dans ma tête, tes mots explosant dans le silence. N-Namjoon ? Chez moi ? C'est le cauchemar que j'ai fait la dernière fois, ce sommeil où il me tenait par les poignets, et où quand je me suis réveillé c'était toi.

Ce cauchemar où je pensais être réellement face à lui, à terre dans la cuisine, les poignets immobilisés contre le meuble par une de ses mains, son poids malsain contre moi, ses yeux fous sur mon corps à moitié dévêtu, ses doigts tenant ma mâchoire à m'en faire mal.

Cette nuit que je croyais avec horreur vivre, revivre, ressentir, la peur, l'angoisse, la honte, le dégoût, dans mes veines comme un flux glacé. Avoir mal, pour de vrai, et se réveiller en larmes, sans souffle, sans repère, paralysé d'épouvante.

Soudainement, tu laches ton café, te redressant, toutes traces de colère ayant quitté ton visage. Tu sembles ne pas savoir quoi dire, la bouche ouverte sous ta lèvre pendante.

<< je... C'est pas ce que je voulais dire. >>

Je ne réponds pas, te regardant te lever pour uniquement venir caresser ma joue du revers de ta main. Nos yeux se cherchent, et moi je cherche quelles émotions t'habitent actuellement.

<< J'aurais pas dû parler de lui... >>

Mais tu l'as fait, et je t'en veux, mais je me contente de ne rien dire, encore. Parce que je sais qu'il te fait peur à toi aussi, et que tu étais juste énervé. Mais je t'en veux car tu sais que ce n'était pas nécessaire de parler de lui. Mais que tu l'as fait. Et que, fatalement, tu fais les choses puis tu t'excuses après, mais le mieux, ce serait encore de ne pas les avoir faites.

<< dis quelque chose, Tae... >>

Fais-tu en passant tes doigts dans mes cheveux bruns. Tu me regardes douloureusement, comme si tu avais peur d'avoir déclenché des souvenirs. Étonnement, à part mon cauchemar, ça va. Il faut dire que j'en ai passé des jours chez le psychiatre, et tu le sais à présent.

<< c'est rien... >>

Tu ne sembles pas convaincu, peut-être que c'est parce que je ne le suis pas moi-même. Tu soupires en laissant ton bras retomber, te grattant la nuque avec l'autre main.

<< alors on dit oui... pour Hoseok... ? >>

Ton regard est fortement réprobateur et je baisse le mien sur mes cuisses, fuyant l'autorité dont tu fais preuve. Pourquoi je me sens si faible ? J'ai envie de te faire partager mon ressenti, mais je n'ai pas les mots pour adoucir ton opinion. Je t'entends souffler, puis tu te mets à genoux devant moi et viens poser ta tête sur mes cuisses, les mains sur mes genoux et le menton entre la courbe de mes jambes. Tu m'observes, puis tu souris légèrement.

<< c'est OK, dis oui. Après tout, je peux faire un effort... >>

<< ça va être dur je pense... Tu seras là pour m'épauler ? >>

La position dans laquelle tu es te rends beaucoup trop adorable à mes yeux, et tes sourcils se tordent un peu, comme dans une réflexion légèrement douloureuse avant que ta voix basse ne s'élève après que tu ais baissé les yeux sur mon torse.

<< c'est que... C'est plutôt moi qui vais avoir besoin d'être épaulé... J'ai vraiment très peur de le voir... De ce qu'il va penser de moi... J'ai peur Tae. Je sais que c'est à moi de t'aider et je suis désolé de ne pas avoir assez de force... >>

Muet à cause de l'émotion que je sens venir piquer mon nez après tes paroles, je fais non de la tête, venant te rapprocher de moi par la nuque. Tu te relèves en suivant mon geste et je plaque un baiser fort et rapide sur tes lèvres.

<< tu n'as pas à être plus fort que moi, on va le recevoir ensemble, et on va s'aider tous les deux... >>

<< Mon cœur... Désolé d'avoir parler de lui... >>

Reprends-tu, tes yeux prenant alors cette lueur coupable caractéristique. Je souffle, épris d'émotions contradictoires et plutôt violentes. Nous nous serrons mutuellement dans nos bras, et à cet instant, je ne sais pas exactement pourquoi, je me rappelle de ce que tu m'avais dit.

<< ne t'excuse pas. Tu n'as pas à t'excuser. >>

<< ne t' excuse pas. Tu n'as pas à t'excuser. >>

Fais-je, reprenant tes mots. Je te renvois la pareille puisqu'après tout nous sommes ensemble, et que nous sommes égaux. J'ai envie que tu saches que mon cœur te pardonne peu à peu, et que même s'il est à toi depuis longtemps, il l'est un peu plus chaque jour.

Et si l'on pardonnait pour avancer ?