³| << Jamais ! >>

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Est-ce que l'on meurt une première fois, lorsque notre cœur se déchire ?

Je me colle au mur des sanitaires, tremblant d'une peur aiguëe accentuée par l'incompréhension. Ça paraît irréel, je me crois dans un film d'horreur lorsque tu produis un sifflement entre tes dents, prenant un regard dérangé en me fixant dans les yeux. Je me crispe, te dévisageant.

Tu t'approches d'un pas, ton large sweat noir flottant autour de toi. Tu es plus maigre qu'avant. Comment as-tu pu maigrir autant en seulement dix jours... Tu n'as pas mangé du tout ? Tu sers tes phalanges à blanc, fronçant durement les sourcils en continuant de me fixer.

<< je... >>

<< ta gueule ! >>

Hurles-tu sur mon visage, me faisant pousser un léger gémissement complètement apeuré. Puis ton regard change, une lueur triste y prenant place. Je ne comprends rien, vraiment rien. Tu sembles abattu, et l'espace d'un instant, une infime seconde, je ressens quelque chose qui me raccroche au Jungkook que j'aime.

<< J-Jungkook... ? >>

<< ne prononce plus jamais mon prénom, sale merde ! Jamais ! >>

Cries-tu, me poussant fort alors que je suis déjà contre le mur, m'y écrasant dans une grognement de douleur. Tu m'attrapes les épaules et me jettes par terre, mon corps heurtant le sol. Je pousse une plainte brève puis je recule sur le carrelage alors que tu te rapproches rapidement, agrippant mon col pour faire frapper ton souffle sur mes lèvres.

Tu es si près, que si je n'étais pas pétrifié dans ton regard farouche je pourrais voir ces bleus et ces cernes, camouflés au possible par le maquillage qui laissait voir des tâches louches, irritant la plaie d'une cicatrice pas encore mûre sur ta joue gauche. Soudain tu me secoues fort, si fort que lorsque je commence à pleurer sous la peur ma voix chevrotte sous tes gestes brusques.

<< crève, ordure, crève ! Tu ruines ma vie putain, sale gay ! >>

<< ahAH J-je n'ai rien fait ! >>

Je me mets à pleurer fort, le cœur brisé en mille morceaux par ces mots violents sortis de ces lèvres qui sont si tendres d'habitude. Ce n'est pas mon Jungkook, je ne sais pas qui c'est mais ce n'est pas lui.

<< tu veux que j'te cogne toi aussi, tu veux savoir ce que ça fait ?! >>

Me menaces-tu en me lâchant les vêtements, moi faisant non de la tête avec les yeux exorbités par l'angoisse. Je n'ai jamais eu aussi mal dans ma poitrine de toute ma vie. Tes mots sont si violents et je n'en comprends pas le sens. Subitement, tu agrippes tes deux mains à mon cou, serrant très fort. Je tousse, essayant de te retirer de ma gorge mais tu serres plus encore, les lèvres tremblantes.

J'ai peur de mourir, ma respiration s'éteint à mesure que tu resserres ta prise et je faillis vomir mon cœur sous la vision de ton visage qui semble habité d'une transe face au mien. J'ai l'impression que me voir avoir mal et peur te procure du plaisir, tes yeux s'allumant d'une étincelle.

<< ne respire pas... C'est moi qui vais te rendre esclave, c'est moi qui vais te soumettre, et je vais te faire souffrir !! >>

J'inspire d'un coup, bruyamment, écarquillant les yeux en me redressant assis dans les draps chauds. Je sus, je regarde partout autour de moi avant d'enfin reconnaître ma chambre dans l'obscurité. Je respire si fort que j'ai l'impression d'avoir couru des heures, au bord de la nausée.

Mes yeux tressautent et je frémis, j'ai des sueurs froides. Je tente de calmer doucement ma respiration, les battements de mon cœur frappant fort dans ma poitrine.

Dans le silence de la nuit, je me rends compte que ce n'est qu'un cauchemar, qu'un mauvais souvenir, ton visage profondément endormi étant tourné vers moi sur l'oreiller, la respiration paisible d'un sommeil profond soulevant tes côtes sous le drap à un rythme lent. Il doit être tard, tard dans la nuit, et pour me calmer totalement j'admire ton visage dans la pénombre, écoutant tes souffles.

Je crois que la discussion avec Hoseok hier m'a un peu plus chamboulé que je ne l'aurais cru. Je tente de redescendre de mon angoisse, venant passer mes doigts dans tes mèches si douces pour dégager complètement ton visage. Comme ça, endormi, tu as l'air vraiment très mignon, innocent, détendu, et apaisé, et ça me calme à mon tour.

<< tu veux que j'te cogne toi aussi, tu veux savoir ce que ça fait ?! >>

Devant ce visage si tendre je sens mes yeux s'embuer lorsque cette phrase remonte une seconde fois dans ma tête. Maintenant que j'en comprends le sens, je ne peux m'empêcher de t'imaginer toi mon pauvre Jungkook, à terre chez toi en train de te faire détruire sous les coups et les mots.

Car le plus violent dans toute cette histoire, ce ne sont pas les actes malgré leur horrible perversité, mais bien les mots. Ceux avec lesquels on peut dire je t'aime comme on peut détruire une personne, la faire douter, la faire regretter, la faire souffrir,

la faire tomber.

Je passe mon pouce sur ta joue, sentant les restes de cette cicatrice sous la pulpe de celui-ci, mon regard se faisant doux sur ta personne. Comment as-tu réussi à sortir de cet état ? À te réveiller de ce monstre dans lequel on t'avait enfermé ? Comment le Jungkook, le vrai, a-t-il survécu ?

Est-ce l'amour qui te donna tant de force ?

ғᴀʟʟ ᴅᴏᴡɴ | ʲᵏ ˣ ᵗʰWhere stories live. Discover now