#2 - GAËTAN

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Constantin entame sa deuxième journée de cours. Vague sourire aux lèvres. Poches sous les yeux. Il n'a pas beaucoup dormi, hier soir. L'entretien qui l'a maintenu éveillé une bonne partie de la nuit continue à émouvoir son organe reproducteur. Mélissa. Dix-huit ans. Française, avec des origines algériennes de sa grand-mère. Le genre de filles qui plairait à Julien.

La veille, quand elle lui a envoyé un message, son meilleur ami a été le premier au courant. Une fois de plus, la discussion a dévié sur des blagues absurdes, mais Julien était content pour lui. Et puis il a râlé. Clémentine l'a retrouvé sur Facebook. Et sans le vouloir, il a ouvert la conversation qu'elle entamait. Elle a vu qu'il avait vu. Elle l'a coincé. Ils ont été obligés de parler.

— C'est chiant, les meufs, a fini par dire Julien. On est bien entre couilles.

Ce n'est pas que Constantin n'est pas d'accord. Il est le premier à souhaiter coller Julien toute la sainte journée, mais c'est que les filles, quand même... C'est sympa, les filles.

Et puis Mélissa, elle a été très sympa quand elle lui a envoyé un selfie où on entrevoyait largement son décolleté. Julien, même avec la meilleure volonté du monde, il aurait du mal à attiser si facilement tous ses fantasmes.

— C'est tellement gay, ce que tu dis, a-t-il répondu.

Silence à l'autre bout du fil. Constantin a senti la panique le chatouiller. Il est si confortable avec Julien qu'il ne réfléchit plus avant de parler, mais il n'a pas envie de le vexer, ou de lui faire du mal. Surtout, il ne veut pas qu'ils se disputent.

— Nan, je ne suis pas gay. Mais je ne sais pas pourquoi, avec Clémentine, c'est le néant complet. Et ça m'agace un peu qu'elle me colle déjà autant au bout d'une seule journée... Dis-moi, il y a des odeurs que tu aimes beaucoup ?

— Ouais. L'odeur du gâteau qui sort du four, de la dinde, d'une bonne pièce de bœuf, des frites...

— Ok, mais à part des plats ?

Constantin a eu beau réfléchir, il n'a pas trouvé grand-chose. S'il y a un truc qui le fait plus vibrer que le selfie tendancieux de Mélissa, c'est bien la bouffe. De son odeur à son goût en bouche, la bonne nourriture bien préparée est son amante favorite.

— Je ne sais pas, pourquoi ?

— Pour rien, a répliqué Julien un peu trop vite, un peu trop troublé.

— Ton rien, il s'appelle comment ?

Cons a presque entendu son ami déglutir au téléphone. Julien ne raconte pas sa vie sur tous les toits, mais il ne lui cache pas des choses souvent.

— Non, mais il y a rien d'incroyable. Juste un gars dans l'amphi qui sentait bon. Et je me demandais d'où venait cette odeur.

— Tu devrais lui demander.

— Ouais.

— Il est sympa ?

— Chelou...

— Mmh... C'est pas ce qui t'arrête en général.

— Ouais... Bref, je vais me coucher.

— Ça marche. Bonne nuit.

Constantin, lui, il n'est pas allé se coucher avant un moment. Et ce matin, il regrette un peu. Il a discuté longtemps avec Mélissa. Il lui a envoyé le moins moche de tous ses selfies, en prenant garde à ce qu'elle remarque son torse-nu. Elle a dit qu'elle le trouvait beau gosse. Il a été content.

En entrant dans son amphithéâtre, elle l'a salué de la main. Il se serait bien assis à côté d'elle, mais il n'y a plus de place. Une fille lui fait signe deux rangs plus loin. Elle fait partie du groupe qui l'a ajouté sur les réseaux dès le premier jour.

On s'était dit qu'on préférait les fillesWhere stories live. Discover now