Chapitre 25 : Dis-moi que tu m'aimes

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Je ne suis pas sorti depuis trois jours. Estéban et Cons non plus. Prostré dans mon salon, je me laisse dépérir en attendant qu'ils arrivent. Nous partons demain, et cette nuit, ils dorment tous les deux chez moi, puisque ma maison est la plus proche de la gare. Je ne tiens plus. Pour la première fois depuis le premier voyage en Suède, je comprends vaguement ce que ressentent les autres contaminés par l'arbre. Ils me manquent tellement que j'ai des montées de fièvre. Mes souvenirs s'emmêlent. Ma solitude est ma plus grande source d'inspiration sexuelle. En trois jours, mes fantasmes sont devenus si hallucinants que je commence à croire que j'ai un problème. J'ai envie de sexe éveillé, endormi, tout le temps. J'ai dû me masturber quinze fois, au bas mot, depuis que je me cloître ici. Je désire mes deux amants, bien entendu, mais comme, apparemment, ça ne me suffit pas, je pense aussi à Louise, à Mathis. J'ai même rêvé de Clémentine.

Ce qui s'est passé dans l'amphithéâtre me laisse particulièrement perplexe. J'ai embrassé Mathis. L'envie m'a saisi d'un coup, et je n'ai même pas songé à résister. Je ne résiste à rien. Je me laisse porter par les courants de mes désirs, et les flots deviennent drôlement violents quand personne n'est là pour m'encadrer. Il me semble que j'étais plus raisonnable, avant, et voilà que je me sens mourir, que je me comporte comme un immonde pervers sexuel, que je me touche en songeant à ce qui serait arrivé si je m'étais abandonné à lui, là-bas, comme ça me traversait l'esprit. J'étais moins dissolu quand j'étais adolescent, c'est certain. Je crois que cette affaire d'arbre me monte sérieusement à la tête.

— Ça va, mon Juju ?

Je recouvre judicieusement mes jambes du plaid du salon. Ce n'est pas que j'ai froid, mais j'ai certaines choses à cacher que ma mère n'a pas besoin de voir.

— Oui, et toi, maman ?

— Ça va.

Elle m'embrasse la joue. Je change de position, allume la télé pour détourner son attention, et fais semblant de me concentrer profondément sur l'écran d'accueil de mon téléphone.

— Tes amis arrivent bientôt ?

Je remonte notre conversation de groupe pour vérifier l'horaire qu'ils m'ont donnée et, dans la précipitation, je retombe sur les nudes que nous avons échangés la veille. Je rougis. Tout le monde a été très imaginatif, hier. Ça me soulage. Ils ne sont sans doute pas dans un meilleur état que moi.

— Alors ?

Ma mère tente de jeter un coup d'œil à mon téléphone. Je me décale, pas discret pour un sou.

— Heu... Oui, ils arrivent bientôt.

Elle a un sourire mesquin.

— Pourquoi tu ne me laisses pas voir votre conversation ?

— Parce que t'as pas besoin de savoir ce qu'on se dit !

— Eh, sois respectueux. Je suis déjà gentille de te laisser louper tes cours pour partir en vacances.

Je souffle.

— J'ai dix-huit. Légalement, tu ne peux pas m'en empêcher.

— Qui a parlé de légalité ? Laisse-moi voir !

— Non !

Elle fait l'enfant. Je soulève mon portable très haut, derrière moi, et repousse ma mère avec mes pieds. Jusqu'où doit-on aller pour protéger son intégrité ?

— Pourquoi tu ne veux pas me laisser voir ? Tu crois que je ne suis pas au courant de ce que font les garçons de ton âge ? Je sais que t'as déjà fumé.

On s'était dit qu'on préférait les fillesWhere stories live. Discover now