#14 - ESTEBAN

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J'ai dû changer le nom de la mère de Julien, mais c'est toujours la même personne.

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— Mmh... Béatrice, il faudra que tu me donnes la recette de ces lasagnes, elles sont toujours plus formidables que dans mes souvenirs.

Cons tente désespérément de décharger l'atmosphère de sa lourde tension sexuelle, mais rien n'y fait. Julien, échevelé, fixe son assiette, et Estéban est trop préoccupé pour lancer des boutades. Sous la table, Béatrice frotte sa cuisse à la sienne, et il est de plus en plus convaincu qu'elle le fait volontairement.

— Bien-sûr, Cons, tout ce que tu veux.

Jouir ne l'a pas apaisé. Loin de là. D'habitude, son corps se détend, il se sent plein, repus, prêt à dormir, mais l'organisme qui l'a accompagné toute son enfance semble avoir subitement changé, il y a deux jours, car l'éjaculation, qui avait jusqu'à présent été son seul véritable salut, ne fait désormais qu'empirer la situation.

— Alors, qu'est-ce que vous allez faire en Suède qui soit si urgent ? Julien n'a rien voulu me dire !

— Tu ne m'as jamais demandé ce qu'on allait faire là-bas ! Tu voulais fouiller dans nos messages.

La cuisse de la mère de Julien sur la sienne augmente une érection déjà désagréable et, complètement démuni, il n'a trouvé aucun moyen de lui cacher la chose.

Béatrice baisse les yeux, presque innocente, et remarque une jolie bosse compressée par un jean trop serré. Estéban se mord les lèvres, les joues roses, sans oser la regarder dans les yeux. Il est beau, vraiment très beau, beau comme les garçons de séries télé dont elle était amoureuse, adolescente. Ses boucles noires encadrent son visage halé. Ses yeux sont brillants, luisants. Il est affamé, et ce qui était jusqu'alors un simple fantasme se change dans son esprit en une obligation. Elle a envie de lui depuis longtemps. Par respect pour Julien, elle n'avait pas songé à agir plus tôt, et caressait seulement son rêve du regard. Mais Julien ne la respecte plus. Il l'ignore, passe ses journées dans sa chambre, quand il daigne être à la maison, ne lui raconte plus rien, toujours fourré à faire on ne sait quoi avec ses amis. Julien est ingrat. Julien la chasse de sa vie, et Béatrice est fatiguée d'être une bonne mère.

— Un ami de ma famille...Un ami de ma famille est décédé, et cet été, il avait rencontré Julien et Estéban, qu'il avait beaucoup appréciés. On s'est dit qu'on se devait de revenir pour lui tous ensemble, même si on ne le connaissait pas très bien.

Encore une succession de conneries qui ne tiennent pas de debout. Béatrice n'est pas dupe. Elle sait pertinemment ce qu'ils vont faire là-bas, pourquoi ils ressentent le besoin d'être si loin, si tranquilles, ensemble. Et lui, il est là, devant elle, tout tendu et suppliant. Pas question de passer à côté d'une occasion pareille.

Estéban soupire péniblement quand elle se met à titiller la bosse à travers le tissu. Son cerveau fonctionne par à-coups. Cons. Sa mère. La bagarre. Il avait été fou de rage. Il ne peut pas faire pareil. Il ne peut pas l'imiter, en étant, lui, pleinement consentant, assujetti à ses désirs douloureux. Il était prêt à tuer son ami de longue date pour moins que ça, et la femme est sur le point de le branler en face de son fils. Et il va la laisser faire, il le sait déjà. C'est tordu.

— Oh, je suis désolée.

Elle déboutonne le jean d'une main habile, petite, délicieusement blanche. Le sexe jailli sous ses yeux gourmands, émerveillés par la disproportion et la vaillance du monstre nervuré, au gland perlé d'envies liquides.

— Non, ce n'est pas grave. Nous ne le connaissions pas très bien, et je ne l'avais pas revu depuis mon enfance. Je me souviens qu'il m'amenait au parc... C'est sûr que ça va laisser un vide. Je suis content qu'Estéban et Ju m'accompagnent.

On s'était dit qu'on préférait les fillesKde žijí příběhy. Začni objevovat