Chapitre 8 : Estéban et l'érection maudite

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Estéban vire du blanc au cramoisi en deux secondes. Je suis pris d'un sourire carnassier. Démentiel. Je pourrais avoir de la peine pour lui, mais ce qui se passe est bien trop jouissif. Surtout après le coup du baiser. Cons écarquille les yeux et s'exclame :

- Mais quoi ? C'est qui, Gaëtan ? C'est quoi cette histoire de branlette ? Pourquoi je ne suis pas au courant ?

Comme Estéban ne parle plus, je me lèche consciencieusement les lèvres pour ménager mon effet, puis dis :

- Gaëtan est un camarade de classe d'Estéban qui lui a gentiment proposé de le masturber quand il a remarqué que notre très cher ami ici présent bandait comme un taureau.

Cons bondit, baisse les yeux, plaque les mains sur ses tempes, et fait des petits tours, la bouche ouverte.

- Putain mais il est vraiment ouf le pouvoir de cet arbre ! hurle-t-il finalement.

C'est tout Cons, ça. Il digère les informations en deux temps. Tout ne passe pas d'un seul coup. Il lui faut soupeser le poids de chaque révélation, en mesurer la véritable teneur. Et ça, ça peut durer plusieurs minutes. Cons n'est pas tout à fait ce qu'on peut appeler un garçon rapide. Et c'est aussi pour ça qu'on l'aime.

- C'est qui, Gaëtan ? C'est lui, ton crush ?

- Houlà ! Non ! Certainement pas !

Estéban semble soudain reprendre vie. Son expérience en tant que poupée de cire est arrivée à son terme. En même temps, une poupée qui bande, ce n'est pas très vendeur. Enfin... Ça dépend pour qui.

- Pourquoi vous avez fait ça, alors ? Tu te fais souvent branler par des gars qui ne te plaisent pas ?

Qu'est-ce que je peux aimer Cons quand il a ce genre d'interrogations. Le plus drôle, c'est qu'il n'est même pas dans le jugement. Ses questions sont sincères.

- Mais non... J'ai eu un problème... Et il m'a aidé parce que... J'étais stressé, et voilà.

Je ne l'ai jamais vu autant perdre ses moyens. Ce serait presque attendrissant s'il ne nous avait pas tendu un tel piège, à Cons et moi. Pour l'instant, je savoure ma victoire, je danse dessus. Je veux écraser Estéban encore un peu, et connaître tous les tenants et aboutissants de cet événement.

- C'est quoi le rapport avec ton stress ?

- Je... Parce que j'étais bloqué... Et je... Il fallait finir avant que les cours se terminent... Argh...

Il soupire bruyamment, met un terme à ses explications foireuses et se passe les mains sur le visage. Puis il m'observe à nouveau, et demande :

- Et comment ça se fait que tu es au courant ?

- C'est Gaëtan qui m'en a parlé. Il croyait que tu m'avais raconté ce qui s'était passé...

- Qui raconterait un truc comme ça ? C'était gênant et malaisant.

- Toujours est-il que ça a séduit Gaëtan, expliqué-je.

- Je sais...

Il s'éloigne et souffle, toujours rouge de honte. Cons se rassoie à ma gauche, après avoir continué ses petits cercles une bonne minute.

- Il s'est passé quoi, en fait ? demande-t-il.

- Je... Bon... Je suppose que je ne peux pas ne pas vous en parler... Alors, voilà. Depuis le début de ma puberté, j'ai des petits soucis d'érection.

- T'es impuissant ?! coupe Cons.

Estéban le fusille du regard.

- Non. Loin de là... Ce serait sans doute moins handicapant, quand j'y pense. Vous vous souvenez du moment de votre puberté où vous avez commencé à bander pour un oui ou pour non ?

On s'était dit qu'on préférait les fillesWhere stories live. Discover now