Chapitre 1

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Je m'appelle Tim, et aujourd'hui, c'est un jour très important. Moi et ma famille on va se battre pour nos valeurs.
La Manif Pour Tous de Paris, des centaines et des centaines de personnes, des familles comme la notre, des pancartes, des banderoles, des t-shirts, des cris, des revendications, et du dégoût. Du dégoût pour cette société ayant oublié ses traditions, son histoire.
Ces politiques, ces stars qui cèdent aux fantasmes obscènes de cet effet de mode : l'homosexualité.
C'est ce que m'a famille m'as toujours dit et répété depuis que je suis né.

Cela fait plus d'une heure qu'on déambule dans les rues de Paris, on sera bientôt arrivé à République. Le soleil tape fort, et j'ai chaud, je sue à grosses gouttes, mes bras qui tiennent une immense pancarte au dessus de mon crâne flancheront dans peu de temps.

La marche s'arrête,arrivée devant la statue de République. L'organisateur commence son discours, et je le regarde, fier, fier de voir mon oncle aussi courageux. Ma grande sœur me voyant complètement en nage, prend le relais pour la pancarte. Je m'étire quelques secondes avant d'enfin relâcher mes bras, et de les laisser pendre le long de mon corps.
Haut d'1m70, je suis un mec de taille moyenne, je porte un short, et un polo, j'ai les cheveux courts, et blonds.
Mes yeux bleus sont agressés par la lumière du soleil.

Un son irritant parvient à mes oreilles, aux miennes comme à toutes celles qui m'entourent, une musique, forte, très forte, au rythme rapide , le refrain semble être "Slap My Butt".

Je parcours la place du regard, à la recherche de ceux qui osent déranger mon oncle dans son discours d'amour pour la France, la religion, et le respect.

Et voilà, rien de plus hideux, un groupe d'une dizaine de personnes, autour d'une voiture, trois jeunes sont d'ailleurs debout sur le toit de celle ci, l'un portant une grosse enceinte sur son épaule. Plusieurs filles et garçons dansent au rythme de la musique, des couples de lesbiennes et de gays ne cessent de se rouler des pelles, c'est dégueulasse, des parents autour de moi cachent les yeux de leurs enfants.
Sur le toit il y a 3 garçons, un avec un haut en résille, et une jupe, des talons même, c'est peut-être une fille en fait, je ne sais pas. Celui qui porte l'enceinte se déhanche comme un traînée, ce qu'il est sûrement, et à ses côtés, un.. Garçon aux cheveux bleus, il semble faire 1 mètre 85, il porte une veste en cuir, ouverte,laissant voir son torse musclé , ses jambes sont recouvertes d'un jean clair, déchiré, destroy, et il porte des Docs Marten's, quel cliché.
Alors que j'observe cet accoutrement, je croise son regard qui me transperce, il sourit comme un con, et c'est idiot mais il pourrait avoir toute les filles qu'il veut celui là si il était pas pd. Je lui tends mon doigt, lui faisant un fuck, et là il sourit de plus belle, il semble exploser de rire et il se met à hocher la tête très vite au rythme de la musique en continuant de danser.
Je l'insulte en vain, je sais qu'il ne m'entends pas, mon père me calme en m'informant que leur présence n'est pas autorisée, et qu'ils vont bientôt se faire dégager.

La journée fut plutôt longue , on a dû aider les organisateurs à ranger le bordel qu'on avait foutu, mais heureusement cette manif était bien plus calme que celle de l'année passée.







On est fin août et la rentrée n'est que dans une dizaine de jours, j'en profiterais donc pour réviser et pour voir Andréa.
Andréa, c'est mon ex, et ma meilleur amie, on est sortie ensemble pendant 3 ans, et on a couché 5 fois, oui je sais, c'est pas grand chose, mais en fait on s'aime tellement, que c'est même pas de l'amour, cette fille c'est juste la meilleure, et on est fait pour être ami, rien d'autre.

Depuis 5 jours je suis enfermé chez moi à réviser,mais elle a réussi à me convaincre de sortir, on se retrouve dans un café, et on ne parle que de l'année à venir, l'année de première. Elle est en lycée d'art et moi j'ai quitté mon lycée général pour intégrer le sien, parce que je l'aime trop, et que je veux travailler dans la publicité. Ils gardent les mêmes classes chaque années, et il y a un voyage organisé au début de la terminale.



Tim, par rapport au lycée, il faut que je te parle de quelque chose, et il ne faut pas que tu t'énerves.


Oui ?

Je la regarde, attentif.
Elle se triture les doigts.


Écoute, dans les lycées d'art, la communauté lgbt est très présente, et en plus, tu vas intégrer ma classe, et dans ma classe, on est 14, et il y a que 6 héteros, dont 4 gay friendly, dont moi. Et je sais, je te connais, je connais tes opinions et ta famille, mais voilà, ce sont mes amis, tous, des trans, des gays, des non-binaires, des gens Queer. Et tu me connais, tu sais comment je suis, je vais pas arrêter de traîner avec eux, parce que tu ne les apprécies pas.

Je continue de la regarder. Ça me dégoûte, et j'y peux rien. Mais je suis plus intelligent que ça, je sais que mes idées sont de plus en plus minoritaires et démenties, et tant pis, je me bat pour ça, et je suis capable d'en faire abstraction, pour sauver mon amitié avec elle.


Ok, d'accord, c'est pas grave, vu que tu dis me connaître, tu sais que je te perdrais pour rien au monde et je vais pas non plus essayer de tuer tes amis.


Elle rigole nerveusement, j'avoue que ce n'est pas très drôle.



La fin des vacances s'est déroulée dans la joie et la bonne humeur, même si je n'arrêtais pas de repenser à ce qu'elle m'avait dit, j'allais devoir prendre sur moi. Je suis très informé sur l'ambiance de ce lycée, les gens s'aiment, s'entraident, tout ça... Bon, ça va être compliqué de défendre mes opinions.


Alors voilà, c'est la rentrée, Andréa est venu me chercher, et dans 5 minutes on sera devant son lycée, qui porte le nom d'un grand peintre.



On discute de tout et de rien, puis elle coupe court à la conversation, et se met à courir , elle me dépasse d'une dizaine de mètres, et je la vois sauter dans les bras d'un.....Garçon , je cois, noir, immense, efféminé, avec des cheveux long et tressés.

Elle est en train de rigoler avec ce groupe de personnes, et je m'arrête subitement à 2 mètres d'eux.


Je vous présente Tim, mon meilleur pote, dit elle toute guillerette en sautillant, mais ils me dévisagent tous.

Et moi aussi, je les dévisage, c'est les jeunes de la manif, ceux qui sont venus faire chier mon oncle, je serre le poing.

BleuWhere stories live. Discover now