Bleu

Chapitre 5

Je ne sais pas comment j'ai trouvé le sommeil. Mais c'est ma grande sœur qui vient me le dérober.
Elle est assise au bord de mon lit, et me secoue un peu.

Tim, Tim debout, il est 9h.

Hmmmmm....

Je remonte la couette jusqu'à mon front.

Tim ! Faut aller à la messe.

Je sursaute, j'avais totalement oublié.

En bons chrétiens, on va à la messe du dimanche, 'fin bon, en réalité, on y va que toute les deux semaines. La dernière fois, c'était avant la rentrée.

Je me redresse, et la regarde.

Wow, t'a pas beaucoup dormi toi.

Hm, je me frotte les yeux, et elle me prend contre elle.

T'inquiète, tu te reposera après. C'était bien la soirée ? Pourquoi t'a pas dormi là-bas, on aurait pu se rejoindre directement à l'église?

Je ne dis rien, et respire son odeur, Sarah, ma sœur de 27ans, sent particulièrement bon, elle est rassurante.

Elle caresse mes cheveux puis se relève en m'invitant à venir déjeuner.

Je fixe le vide en mangeant ma tartine.
Je me suis branlé, en pensant à un mec, à lui de plus, ce con que j'avais envie d'insulter à la Manif Pour Tous. Je suis pas gay et je le serais jamais, je suis pas pailleté , je suis pas du style à me dandiner sur du Beyoncé, j'aime les filles, j'ai presque aimé Andréa, j'aime mes parents, j'aime mon oncle, je suis un garçon et ma couleur préféré, c'est le bleu.

J'éteins mon portable aux portes de l'église d'Anvers.
En disant bonjour à tout les fidèles, je comprends que je n'ai vraiment pas assez dormi.
« Tu es si pâle » « Tu es cerné » « Ça va ? » « Tu es malade ? »
Amen.


En ressortant, la lumière du soleil me brûle les yeux, et je n'ai qu'une envie, retourner dans mon lit.

Tim.

Andréa.
Je me frotte les yeux avant de la regarder, je vois légèrement flou, mais je comprends qu'elle s'approche de moi. Elle dit bonjour à mes parents puis à ma sœur, et eux me disent à tout-à- l'heure.

On se retrouve, assis dans le même café qu'il y a deux semaines.

J'ai du mal à me concentrer, je fait tourner ma cuillère dans mon café.

Faut l'excuser, elle est impulsive, et puis tu sais Maya t'en veux pas, c'est juste que Jess est vraiment à cheval sur plein de trucs, un peu comme toi de base.

Mais je, je comprends pas ce que j'ai fait de mal, dis-je doucement.

Elle boit une gorgé de thé.

Ben en fait , Maya, elle est trans, tu sais. C'est à dire qu'elle est né dans un corps d'homme, mais que à l'intérieur c'est une femme, et en fait elle déteste son corps, même si parfois ses vêtement, son style extravaguant peut prêter à confusion, elle déteste ses attributs masculins, elle les renie, elle n'a aucune envie d'en parler, du coup on en parle pas, et on la considère totalement comme une fille, autant que moi, que Jess ou Aude, tu vois ?

Euh, ouais je crois.

Cool ! S'écrit-elle en reprenant une gorgée.

Je porte la tasse de café à mes lèvres.

Et du coup, Cédric ?

J'avale ma gorgée, elle est amère.

On pourrait éviter le sujet ?

Elle me regarde quelques instants, sceptique.

Oh, euh, ok.


En rentrant chez moi, je m'affale sur mon lit, et je m'endors aussitôt, en me réveillant, je panique. Quelle heure est-il , quel jour est-on, suis-je tomber dans le comma ?

23h06.
Demande d'amis Instagram @cédubleu
Refusé.

Pendant trois heures j'ai fait les devoirs que je n'avais pas pu faire durant ce week-end tumultueux, puis je m'endors vers 2h30.

Lundi.
9H31, Place de Clichy, je suis en retard.

Je marche vite, mais je me fait tirer en arrière et en tombe presque, et ses bras attrapes mes épaules pour me retenir.

Hey ! Lance t il, aussi souriant que Cheshire.

'lut. Dis-je doucement en évitant de croiser son regard.

Ça va ? Me demande t-il alors qu'on continue de marcher.

Hm.

Un silence se fait.

Hrm, il se racle la gorge, tousse un peu puis me regarde, voulant sûrement que je m'exprime.

Quoi ? Répondis-je, sèchement.

Il hausse un sourcil.

Bon écoute, en fait je tiens juste pas à te parler, donc au pire tu me réponds même pas et on fait semblant que c'est un accord commun, hein ? Je lâche, voulant fuir tout rappel de ce que j'ai fait seul dans mon lit.

Encore un sourire, mais incompréhensif cette fois, un petit mouvement de tête, et voilà je le vois plus, je continue de marcher.

Tim.

J'ouvre la porte du lycée.

Tim.

Je vais chercher un billet de retard.

Tim.

Je monte les escaliers.

Timmm... insiste-il.

J'ouvre la porte de la classe.

Ah, Tim, Cédric parfait, il ne manquait qu'un binôme et vu que vous êtes les derniers arrivés... déclara la professeur d'art.

Putain, marmonnais-je avant d'aller m'asseoir, à la place habituelle de Maya, qui est désormais à ma place aux côtés d'Andréa.

Parfait, s'exclame Cédric en s'asseyant à côté de moi, se balançant sur sa chaise, tout sourire, victorieux.