Chapitre 21

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Je m'allume une clope, le cœur aussi carbonisé que le tabac, je marche jusqu'à chez Andréa, aucune envie de prendre le métro.

J'ai arrêter de pleurer, quelques jours. Je me suis contenté de serrer les dents et de lever les yeux aux ciels, de ne pas l'écouter parler, de ne pas le regarder.

Mercredi, je suis seul devant le lycée.
Je vois Maya, sortir de la cantine, et me sourire, elle traverse, j'avance vers elle et on se retrouve face à face, au bord du passage piéton.

Ça va ? Demande t-elle, comme si elle ne connaissait pas la réponse.

.... Qu'est-ce-qu'il y a ?

Elle fuit du regard une seconde et prend une grande respiration.

La photo, c'était moi.

Quoi ?

Je fronce les sourcils.

Je te jure, Tim, je pensais pas que.... Je l'avais juste envoyé à un pote et je pensais pas que... Je voulais pas. Je te promets, je voulais vraiment pas que ça se passe comme ça, je suis désolée.

Mes yeux se noircissent, je la regarde avec rage.

Tu te fous de ma gueule toi aussi ?

Écoute Cédric il..

Je la pousse.

Mais ferme là j'en ai rien à foutre putain.

Tout se passe bien trop vite.
J'ai pas le temps de la ramener vers moi.
La voiture est arrêtée, l'homme est assis prés d'elle et tente de la réveiller, mes lèvres sont entrouvertes, le béton est rougie.

Je relève les yeux vers les cris que j'entends.
J'ai l'impression que le monde est au ralenti, comme si le temps s'était arrêté. Un acouphène horrible couvre tout les bruits environnant.
Andréa accourt, ses cheveux flottent dans le vent, son visage est déformé par la peur. Je vois Cédric pousser la porte et courir lui aussi, il porte sa veste en cuir, celle de la première fois.
Ils ont tout vus.

Maintenant il est accroupi, et tient la tête de Maya entre ses mains.
Ses yeux sont énormes, je crois qu'il a une larme qui coule sur la joue, il me tue des yeux, et il est en train de me crier des choses, je n'entends pas, l'acouphène augmente, mes genoux flanchent et je tombe.

Je me relève difficilement au bout de quelques dizaines de secondes, je n'entends plus rien. Ils sont tous autour d'elle, le conducteur est au téléphone.

Je leur tourne le dos et je pars en courant.
Chez Andréa, je remets toutes mes affaires dans mon sac, et je pars, je cours, je marche, je m'arrête, je tape dans les murs, je crie.

J'explose, je pleure.

Il fait nuit, je suis recroquevillé dans un coin sombre, au milieu d'une ruelle mal éclairée.
Je renifle.
J'ai 90 appels manqués, de tout le monde.

Ça fait plus d'une semaine que je vais plus au lycée. Pendant trois jours, je suis resté dehors, et depuis je fais de mon mieux pour trouver un toit.

Les derniers messages que j'ai reçu viennent de Jess.
Maya est dans le coma.
Je serais pas poursuivi, l'automobiliste ne roulait pas à la vitesse autorisée, la faute lui revient, selon la loi.
Mais je sais que c'est de ma faute.
Je pleure depuis des heures.
Cette nuit je la passe dehors, encore. Il pleut, je suis dans un renfoncement de porte, et je regarde les voitures passer en tremblant, je me fonds un peu dans le paysage, les gouttes de pluie et mes larmes se mélangent.

En pleine nuit, quelqu'un est venu m'aider. J'ai pu me doucher et dormir un peu, avant de repartir.

BleuWhere stories live. Discover now