Chapitre 4

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Je me tourne vers lui, et bizarrement, il ne sourit pas, il hausse un sourcil, tenant toujours sa bière à la main.
Il se redresse, s'asseyant face à moi. Je le regarde quelques secondes avant de baisser les yeux sur ses lèvres, et là je retrouve son sourire. Il est rasé de prés, et on dirait qu'il a la peau douce, moi je suis totalement imberbe, en fait je crois que j'ai une tête d'ado pré-pubère, et, et mes pensées sont coupées par sa bouche qui s'abat sur mes lèvres. Je n'ai pas le temps de réagir mentalement que je me retrouve à répondre à ce baiser, sans vraiment le vouloir, sans vraiment le comprendre, ni l'accepter.
Il passe sa langue sur ma lèvre inférieure et j'entrouvre la bouche, sa langue vient aussitôt frôler la mienne , puis elles s'enlacent, se caressent, je crois que je frissonne, mais il pose sa main sur ma taille. Et je le repousse. On se fixe une fraction de secondes avant de se remettre dans nos positions initiales. Je crois que j'ai arrêté plus tôt qu'il ne le souhaitait. Ses pupilles étaient légèrement dilatées.

Mon cœur bat fort, j'ai l'impression de sentir le sang couler dans mes veines, une sorte de tension émerge en moi. Je suis énervé.
Énervé parce qu'il a adoré, et que les frissons qui m'ont parcouru, ne me laisse aucune raisons d'avoir détesté.
Je m'essuie la bouche du revers de manche de mon sweat puis regarde Aude.

Contente ? Je demande.

Très, elle sourit satisfaite puis lance un regard complice à Jess.

Hrm, je reprends, hum tiens , Maya, action ou vérité?

Vérité !

Ok, hum... Je réfléchis quelques secondes. Tu t'es déjà branlé ?

Elle fronce les sourcils.

Putain, murmure Jess, t'as toujours pas compris que y'a des questions à pas poser ?!

Oh c'est bon calme, il est pas habitué il peut pas comprendre ! Me défend Andréa.

Mais tu sais très bien que c'est super blessant pour elle !

Bien sûr que je le sais mais faut le comprendre lui aussi non ? Elle rétorque.

Elles continuent de s'engueuler, mais je décide de me lever, c'en est assez.
On me retient par le bras, en tournant les yeux je croise ceux de Cédric.
Je regarde sa main serrée sur mon poignet et je me détache de son emprise, le goût de sa salive encore présent sur mes lèvres, avant de sortir du salon sous les appels d'Andréa qui tente de me retenir elle aussi.

Je claque la porte.
Je suis devant le métro, j'ai arrêté de penser pendant dix minutes je crois.
Le métro est fermée, évidement, il est tard.
Alors je me remets à marcher, les mains dans les poches.

J'écoute Don't Understand, de Low. Je suis partagé entre la tristesse, et l'énervement.
Le baiser m'a terriblement plu, et je l'avouerais pas. Parce que c'est pas normal, de kiffer ça, 'fin si, c'est un baiser, donc c'est normal de ressentir quelque chose, mais ce quelque chose là, il ne rime à rien, parce que c'est un garçon, et que j'en suis un, et que ça ira pas plus loin.

Quand j'arrive chez moi il est 5h, j'essaye de faire le moins de bruit possible en enfonçant la clé dans la porte. Je retire mes chaussures à l'entrée et rejoins ma chambre à pas de chat. Je ne me change pas et me met directement dans mon lit, je ferme les yeux, je n'ai pas envie de voir mon plafond. Ma tête tourne un peu, j'ai eu le temps de dé-saouler, mais pourtant, dès que je m'allonge, ma tête tourne, sans arrêt, comme si j'étais dans un wagon de montagne russe, sur un looping, qui ne s'arrête jamais. Alors je me redresse, le dos contre la tête de lit, et j'ouvre les yeux. Je respire doucement, et je regarde droit devant moi.

Puis je baisse les yeux sur mon entre-jambe, et j'observe ma braguette. Je l'abaisse, doucement.
Je passe ma main sous mon caleçon, fermant les yeux, et me prends en main, commençant à me masser de haut en bas, puis de bas en haut.
Je penche la tête en arrière, mon crâne touche le mur, j'essaye de m'imaginer des scènes de sexe pour durcir, mais ça ne vient pas, je pense à Andréa, ça avait marché, la dernière fois. Mais toujours rien, exaspéré, je rouvre les yeux en soupirant et je les referme aussitôt en apercevant le poster de la Manif Pour Tous, seulement c'est trop tard, ça me renvoie directement au bleu, à ses cheveux, ses yeux, Cédric. Je me raidis, et entrouvre la bouche.
Je continue mes vas et viens sur mon sexe gonflé.

Hmm.
Je me mords la lèvre.
J'accélère le mouvement en rouvrant les yeux, les murs de ma chambre me font voir son sourire.

Haan...

Je pose ma main sur ma bouche tout en continuant, et en fermant les yeux, très fort.
Je ralenti, repensant au baiser, me mordant le doigt.

Je me stoppe subitement en rouvrant les yeux, le jour se lève.

Je regarde autour de moi, désorienté, puis je remonte mon caleçon et referme ma braguette. Je me tourne vers le mur, me couvrant de la couette, repliant mes genoux contre mon torse.
Mais qu'est ce que je viens de faire ?
Merde.

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