Bleu

Chapitre 11

11H50.
On est tous réunis et on fume une clope devant le lycée, on parlent tous de nos projets.
Cédric et moi on ne se regarde pas trop, et en cours d'histoire je m'assois aux côtés d'Andréa, qui rougit en me racontant son week-end avec Maya.

Je ne parle pas trop, je sens le regard de Cédric derrière moi.
Je ne veux pas qu'il en parle à qui que ce soit.

En art, on est assis à cotés depuis 2h, la moitié du cours.
On a présenté notre projet devant la classe, et on a eu 16.

On regarde Jess et Aude passer au tableau.
Il rapproche ma chaise de la sienne, et pose sa main sur ma cuisse.
Je m'efforce de regarder la présentation de nos camarades.
Sa main remonte vers mon entre jambe, et se pose dessus.
Je me mords la lèvre et je le sens sourire, mais ça ne me fait pas rire.
Je me durcit sous ses caresses, et le professeur annonce la pose.
Je regarde Cédric, pris d'une envie folle de l'insulter, je ne peux pas me lever.
Il me sourit en se levant, prenant son paquet de clope et son briquet posés sur la table.
Il pose sa main sur mon épaule puis sort de la classe avec tout les autres, fier de lui.
Je reste assis, croisant les jambes, me mordant le doigt, frustré.

C'était pas vraiment ce que j'imaginais par faire comme si de rien était.

Toute la semaine il a pas arrêté de me relancer.
C'est comme si il voulait me forcer à admettre la difficulté de faire comme si de rien était.

Samedi, je suis allongé dans mon lit, je regarde le poster de la manif.

......

Je ferme les yeux quelques secondes. Je peux pas, je peux juste pas, c'est impossible.
Je comprends pas comment j'en suis arrivé là.
Le lendemain à la messe, j'étais totalement dans les vapes, on me parlait, je n'entendais pas.

J'ai décidé de l'ignorer, et je crois qu'il l'a mal pris, car il m'ignore aussi désormais.

Jeudi, 15h52.

Je sors du cours pour aller au toilette.

Je fais ce que j'ai à faire et en rouvrant la porte des chiottes il est là juste devant moi.
Il me laisse pas le temps de parler qu'il s'approche de moi, je recule, il ferme la porte derrière nous, tournant le verrou.
Je le fixe, il glisse une main sur ma taille, puis dans mon dos, je tente de reculer mais il me rapproche de lui, puis ses lèvres s'échouent contre les miennes, je ne réponds pas vraiment au baiser, je tente de le pousser mais il insiste, et à trop reculer, je finis par être plaqué contre le mur. Il passe une main dans mes cheveux, les tirant légèrement, et je me met à répondre au baiser, subtilement.
Je sens sa satisfaction, il colle son bassin au mien et j'écarte un peu les jambes. Ma main vient parcourir son dos.
Il me donne un léger coup de bassin, et en sentant son érection je gémis, puis je pose une main sur son torse, stoppant le baiser.

Il me regarde, incompréhensif, puis il tente de venir m'embrasser dans le cou, mais je le repousse.
Il rigole nerveusement.

Mais tu ...

Je le coupe.

Nan, je peux pas Cédric, je veux pas, c'était une erreur, tu le sais, c'est pas moi.

Il entrouvre la bouche et fronce les sourcils.

Tu te rends compte que tu dis que de la merde, commence t-il, tu voudrais pas t'écouter un peu ?

Tu voudrais pas arrêter de forcer ? On dirait juste ton putain de plan cul là. Je veux pas de ça, c'est tout.

Je le pousse et sort des chiottes en trottinant.

Quand j'ouvre la porte de la classe, tout les regards se rivent sur moi.
Ils ont du trouver ça suspect quand Cédric est sortit du cours juste après moi.

Ça fait 10mn que je me suis rassis, l'ambiance me semble tendue.
Quand il entre, sans avoir toqué, il marche énergiquement avant de se laisser tomber sur sa chaise.

En ramenant mon regard devant moi, je croise celui de Maya, elle m'a vu l'observer.
Je reporte mon attention sur ma feuille, sous le regard curieux d'Andréa.

Et je l'entends, donner un léger coup de pied d'énervement dans la table devant lui.

A la sortie, je marche vite pour rentrer chez moi, mais il me rattrape et me prend par le poignet.

Tim, steuplait, viens.

Il me supplie des yeux.

Pourquoi ? Pour me prouver que j'ai pas à avoir peur ? Ced, si il y a une seule chose dont j'ai peur c'est que tu tombes amoureux alors que ça sera jamais réciproque.

Je crois que j'ai un talent hors pair pour briser les rêves des mecs gays.
Ses sourcils se froncent, et son emprise se desserre autour de mon poignet.
Je tourne les talons et rentre chez moi, le laissant là.

Ça fait 3h que j'essaye de trouver le sommeil, il doit être 2h quand j'entends mon téléphone vibrer.
Nouveaux messages – numéro inconnu.

-Explique moi
-Tim

J'attends une dizaine de minutes avant de recevoir un 3éme message.

-Ose me dire que t'a détester

-Cédric, le week-end que j'ai passé chez toi, j'étais dans un autre monde, un monde où j'avais rien, pas de famille, pas de cerveau

-Ton cœur et moi, ça te suffit pas ?

J'attends un peu avant de répondre.

-Non

-t'es dans le déni

-j'en ai rien à foutre

-t'a plus d'arguments

-lâche moi

-non

Je ne réponds rien et éteints mon portable.
Le matin en le rallumant, un seul nouveau message s'affiche.

-Tu sais, souvent, les peurs qu'on imagine chez les autres, c'est celles qui sont enfouies au fond de nous.

Touché.
Je me lève, énervé.
Arrivé en cours vendredi matin je les ignore tous, et je sèche le sport.