Chapitre 13 : Nora

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Le couvert semble me faire de l'œil, poser prêts de l'assiette, entre la fourchette et la cuillère.
Ce serai simple rapide. Peut-être pas sans douleur mais sans retour.
Un preste trait dans mon cou et c'est un billet pour le repos éternel.

Mon esprit carbure alors que mon corps reste comme paralysé. Dois-je me lever et l'empoigner pour en finir ou bien encore attendre pour savoir quel sort le destin nous réserve ? Si je le fais, je suis sûr de la fin. Si j'attends, rien ne me dit que la finalité ne sera pas plus douloureuse pour le même résultat.

Je pourrais rejoindre ma famille. Papa et maman. Je n'ai de souvenir d'eux que ceux qui persistent difficilement dans mon esprit. Je ne me rappel plus de leurs visages, et il ne me reste en mémoire qu'une bride de leurs voix respectives. Elles semblent si lointaines.


Je pourrais les retrouver rapidement. Leurs dire à quel point ils m'ont manqué.

Et mes amis. Ces amis que j'ai laissés trop vite. J'avais déjà vécu ce genre de situation. Je savais très bien ce que c'était. Je savais comment réagir. Pourtant je n'ai été d'aucune aide.
Je pourrai leurs demander pardon. Leurs dire à quel point je suis désolé de ne pas leurs avoir permis de côtoyer ce monde plus longtemps.

Je quitterai peut-être Connor, mais je n'ai pas confirmé le lien. Il pourra survivre, s'en remettre. Continuer sa vie. Beaucoup de loups font leurs vies sans leur âme-sœur. C'est possible.
Je ne manquerais à personne. Je suis tellement insignifiante que je n'ai même pas besoin d'être remplacé.

Sans que je n'y pense, je me rapproche du plateau.
J'avise la lame aiguiser quelques instants. Pesant inlassablement le pour et le contre. Je ne veux plus perdre personne, si je pars, il n'y a plus de risque que ça arrive.
Simple et efficace, je me perdrais moi-même.

Je m'empare du de l'objet et le sert fort. Coup du destin ou détermination, ma main, bien que blesser ne me fait plus du tout mal.
Dans des gestes précis, je fais tourner le couteau sur lui-même. Les reflets de la lumière de la lune bougent avec lui. S'en est presque hypnotisant.

Petit à petit, je lève le couteau. Il se rapproche dangereusement de mon cou, mais je n'en ai pas peur. Bien au contraire. Ce serai signe de délivrance. Je serai enfin libre. Délivrer de toute souffrance.

Le couteau s'avance encore. Ma décision semble être prise par la force des choses. Il suffit d'un geste et je n'aurais plus de problème. Même s'il n'est pas en argent, si je m'y prends bien, je mourrais facilement.
Mais alors que je m'apprête à mettre un terme à mes souffrances, un bruit, une voix, me sort de mes idées sombre.

_ Nora ? M'appelle la voix encore ensommeillée de Sandra.

Mon geste se stoppe instantanément. J'avais oublié la présence de la petite.

_ C'est toi ? Tu es venue dormir ? Poursuit-elle.

J'abaisse doucement ma main. J'ai très envie de le faire mais je ne peux pas me permettre de me laisser aller devant elle.

_ Tu viens ? Persiste-t-elle tandis que j'entends les draps se froisser.

Je pose le couvert sans un bruit et me tourne vers elle. Elle est tournée vers moi, redresser à l'aide de son coude. Sa bouille encore endormie est incroyablement mignonne.

_ J'arrive, je souffle en prenant place dans le lit.


_ Tu faisais quoi ? Me demande-t-elle en s'installant confortablement sur le matelas.

_ Je réfléchissais, je lui dis l'aire de rien. Maintenant dors, tu as besoin de te reposer.

Elle hoche la tête et ferme les yeux. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour s'endormir.
J'essaye de faire de même, mais à part fixer le plafond, je ne parviens à rien.
Ma vie n'a plus rien d'appréciable. Je crains qu'à partir de maintenant le monde des rêves ne soit encore pire.

Blanc-Argentés : Destin d'une âme briséeWhere stories live. Discover now