Chapitre 9 : Nora

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Tia a dû me quitter après que nous ayons siffler la moitié de la bouteille. Elle a ceci dit pris la peine de l'emporter avec elle. Si elle ne l'avait pas fait, je ne suis pas sûre que j'aurais pu m'empêcher de la finir. Et ça n'aurait pas été pour me déplaire. L'alcool permet d'oublier, au moins un temps.

Je me retrouve seule dans sa chambre. Je détaille chaque élément comme si je le redécouvrais.

L'alcool de Dracula lotax est clairement mon préféré. Son goût comme son effet me conviennent totalement. Si bien que m'enivrer avec n'est pas bien compliqué. Je me lève, chancelante, puis retombe sur le lit. Je grogne de mécontentement et retente l'expérience. Cette fois ci je parviens à me maintenir droite. Du moins c'est ce que je pense malgré le sol tanguant sous mes pieds.

Mes sens ne sont pas de la partie, tout du moins ils ne le sont plus. Je ne peux me fier qu'à ma vision plus ou moins correcte et mes pieds.

Je fais le tour de la chambre bien que j'ai déjà eu le temps de l'observer de fond en comble, regarde par la fenêtre le soleil qui descend déjà doucement. Comme un rappel que le monde continue de tourner peu importe ma souffrance.

Quelques enfants courent. Poursuivis par deux louveteaux transformés mais maladroits qui trébuchent tous les trois pas. Ils s'amusent dans l'insouciance la plus totale. Ils ont une belle enfance eux. Je ne peux pas m'empêcher de les jalouser. Du coin de l'œil, je vois quelques femmes les surveiller. Certaines sont accompagnées de leurs compagnons. Eux aussi ont l'aire incroyablement heureux. Je doute avoir déjà arboré une telle expression, car je ne me rappelle plus la dernière fois où j'ai pu apprécier le moment sans me soucier de quoi que ce soit. Ni même si ça à déjà été le cas.

J'avise une femme aux cheveux noirs. Son compagnon à ses côtés observe avec elle les enfants courant plus loin. Puis délicatement, il se met à caresser le ventre rond de la louve. Et je comprends que j'ai abusé de la boisson quand ces deux inconnus sont remplacés par moi et Connor. Profitant le sourire aux lèvres du soleil en attendant un enfant.

Je me retourne rapidement, manquant de tomber par terre. Presque horrifier de ce que mon esprit c'est permis d'imaginer. Le souffle coupé, je prends appuie sur une armoire, main plaquée sur la bouche, bouleversée. Il s'agit typiquement du genre d'image que je me suis toujours empêchée d'imaginer. Non pas que m'imaginer heureuse me déplaise, mais plutôt que cela m'est impensable. Car il m'est arrivé trop de choses pour que je puisse un jour espérer vivre cela sans que ce ne me soit arraché dans la seconde. Je m'éloigne avec une démarche peu assurée de la fenêtre, chancelante aussi bien du choc que de l'ivresse. Il est temps de sortir de cette chambre.

Le pas lourd, je passe la porte et regarde le couloir afin de m'assurer qu'il n'y a personne. Je suis loin d'être dans l'humeur idéale pour que quelqu'un vienne me questionner sur mon état. Les gens ne savent déjà pas s'y prendre quand je suis sobre, je ne veux pas à avoir à le subir en étant ivre. Un pied après l'autre, je m'avance dans le couloir.

J'avance ensuite à pas de loup jusqu'à la chambre de Connor. Je ne sais même pas pourquoi. C'est une direction purement dictée par mon instinct. Une place supposée être sûre par la simple et bonne raison qu'elle est celle où la présence de mon âme sœur est la plus marquée. Et malgré toutes mes convictions, je n'arrive pas à clarifier suffisamment mes pensées pour faire marche arrière. L'alcool et l'instinct sont les seules choses qui dictent mon comportement depuis plusieurs dizaines de minutes.

J'essaye de lever le nez afin de me repérer à l'odeur, mais rien. Je n'arrive pas à me concentrer sur une fragrance précise. Tout se mélange et me brule le nez et la gorge. Tout se brouille et se mélange, je suis incapable de distinguer une information d'une autre et avance donc sans chercher à comprendre.

Blanc-Argentés : Destin d'une âme briséeWhere stories live. Discover now