Chapitre 23 : Nora

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Après ce semi-refus de ma part, nous sommes rapidement sortis de la forêt. Tia nous y a rejoins, se confondant en excuse pour ne pas avoir pu être présente. Mais elle devait garder le territoire avec les autres, donc nécessairement, il n'y a rien à pardonner. Elle n'a fait que son devoir. Mais, n'ayant pas beaucoup de temps à perdre, elle a vite dû s'en aller, et nous sommes rentrés sans encombre dans la bâtisse Alpha pour y passer la nuit.

La porte se ferme lourdement derrière nous, mais elle n'est pas barricadée. Et l'ambiance est moins lugubre que d'habitude. L'endroit à retrouver cet aspect accueillant qu'il avait lorsque je suis arrivée. Mais comparé aux dernières fois où j'ai pu m'attarder ici, il n'y a pas un loup et le silence règne. Toute la meute doit être couchée, et donc il n'y a pas un bruit.

_ Nora, je te laisse pour ce soir. Je dois aller parler avec Wiatt, bonne nuit, me dit Connor en m'embrassant le front.

Alors que ma main glisse de la sienne, il s'éloigne avec lui. Il n'y a pas besoin de réfléchir pour comprendre qu'ils sont partis pour faire un nouveau rapport. Sois sur ce que lui et les garçons ont fait pendant que j'étais avec Tia, sois sur la situation de la meute ou sur celles avec lesquelles ils sont en communication.

_ Bonne nuit, je lui dis tout de même avant qu'il ne disparaisse totalement dans les couloirs.

Maïa ne perd pas de temps elle non plus, elle me fait un bref signe de main puis s'en va de son côté. Heureusement. Je pense qu'elle et moi avons dépassé nos capacités de communication de la journée. Je lui rends son signe et m'en vais à mon tour. Et, alors que je me dirige vers ma chambre, quelque chose au fond de moi me pousse à me rendre dans celle de Connor et de l'y attendre. Je suis tentée d'accuser notre lien, mais je comprends vite que cette envie vient bien de moi. Pendant quelques minutes, je reste debout dans le couloir, indécise. Ces réflexes que j'avais pris à mon arrivée ont la peau dure. Et par instinct, je me refuse à y aller. Ne pas me rapprocher restait jusque-là un moyen de ne pas souffrir. Mais le lien est déjà confirmé, j'ai déjà accepté que Connor et moi nous aimons au-delà du lien qui nous unie. Quoi qu'il advienne, je souffrirais. Soufflant, je décide que quitte à tout perdre une nouvelle fois, je n'ai qu'a profiter autant que possible.

Alors je fais demi-tour et prend le chemin de sa chambre. J'y rentre tranquillement, la porte toujours ouverte, faisant ce que j'ai à faire avant de lui voler un t-shirt et de m'installer sur le lit. D'abord assise, je me laisse vite tomber sur le dos, me lançant dans une admiration plaisante du plafond. Dans un calme et une sérénité que je n'avais plus connue depuis longtemps en me trouvant seule. Une de mes mains viens caresser mes paupières. Cette espèce de brulure désagréable m'a quitté. Il est possible que mes yeux aient luis. Mais à présent ce n'est plus le cas. Devrais-je me renseigner sur ce principe de lentille dont m'a parlé Connor aujourd'hui ? Même si ça vient des humains et que je sais pertinemment que ça ne changera pas vraiment la couleur de mes yeux, ça me soulagerait. De savoir que mis à part les personnes les ayants déjà vus, personne ne sera au courant de leur couleur originale. Ces expressions de pitiés que je vois si souvent ne font que m'enrager.

Les loups aux yeux blanc-argenté sont une légende, et je ne veux pas être une de leurs incarnations. Bien que cela soit vrai. La souffrance est déjà suffisamment grande pour que certains asseyent d'y compatir sans jamais pouvoir rien faire pour m'aider. Je laisse retomber ma main sur le matelas. J'y repenserais.

Connor ne semble pas près de revenir, et ça se comprend. Donc cette fois ci, connaissant maintenant par cœur le plafond au-dessus de moi, je ferme les yeux. J'ai été privée de mes sens cet après-midi, à présent je veux qu'ils reprennent le dessus. Sans voir, mon odorat et mon ouïe peuvent s'épanouirent. Évidemment, tard le soir, il n'y a pas grand bruit. Quelques pas qui frottent encore le plancher, des bribes de conversations que je fais en sorte de ne pas intercepter... Il y a aussi les restes d'odeurs de quelques repas pris il n'y a pas si longtemps que ça. De la viande surtout. Cette odeur qui a cette fâcheuse tendance à rester de façon plus récurrente dans l'air. Mangée à presque tous les repas par les lycanthropes que nous sommes, je ne suis pas sûr d'être déjà rentrée dans une maison où cette odeur ne flottait pas entre les murs. Et c'est quelque chose de plutôt rassurant. D'autant plus que dans la chambre de Connor, son odeur aussi est très présente autour de moi. Le cadre est parfait.

Blanc-Argentés : Destin d'une âme briséeWhere stories live. Discover now