Chapitre 31 : Nora

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Après une semaine, le système est parfaitement rodé. Le matin, je fais le tour du village pour dire bonjour aux parents et récupérer par la même occasion les enfants. Puis je passe la journée à les occuper avec Sandra qui me rejoint en milieu de matinée. Les Bêtas font un travail remarquable, conciliant avec ce qui leur est demandé leur vie personnelle ou familiale. Voici près de trois semaines que je suis ici, et je m'y sens plutôt bien. Je pourrais même dire, presque comme chez moi.

La journée a commencé il y a peu, et les enfants sont déjà en train de se courir après dans la salle commune de la bâtisse Alpha. Sandra est assise à côté de moi, préférant finir de se réveiller plutôt que de se mêler aux jeux enfantins des louveteaux. « J'ai passé cet âge » s'est-elle défendue en s'asseyant.

Assises chacune sur une chaise à l'entrée de la salle commune, nous nous apprêtons à rassembler les troupes pour les emmener manger. Nous avons appris avec les jours que, ce moment de la journée est le plus musclé. Réussir à canaliser leur énergie débordante pour qu'ils s'asseyent tous à table et mangent tranquillement s'avère parfois compliqué. Aujourd'hui, alors que tous les petits sont pris dans une partie folle de chat, je pense que la tache sera ardue. En me complaisant de la vision joyeuse devant moi, j'attends que le temps passe. Quand quelques-uns des enfants viennent me chercher un à un, me disant de toutes les manières possibles à quels points ils ont faim, je sais qu'il est temps de lever le camp.

Avec l'aide de Sandra, les enfants jouant encore sont vite rassemblés et nous partons sans tarder jusqu'à la salle à manger.

- Ne trouves-tu pas que je suis une formidable assistante ? Me questionne Sandra, mains sur les hanches et sourire fière.

- Une parfaite assistante, je dirais même.

Je la félicite et instinctivement, viens caresser le haut de sa tête de ma main. Alors qu'elle rayonne de fierté en appréciant ce contact, je constate qu'il s'agit d'un geste que je ne m'étais pas surprise à faire depuis un certain temps. Petit à petit, j'avance.

- Et surtout vous restez sages ! s'exclame Sandra lorsque nous entrons dans la salle.

Elle s'insère lentement entre les rangs dérangés formés par les petits et fait en sorte qu'ils s'installent chacun à leurs places. Pendant qu'elle s'en occupe, je me charge de chercher le chariot sur lequel se trouve le repas du midi, préparé plus tôt le matin par quelques membres volontaires de la meute. Du riz, des brocolis et, assurément, des steaks saignants pouvant ravir n'importe quel loup se respectant.

En bout de table, une fois tout le monde servi, je surveille d'un œil les enfants en train de manger en discutant avec Sandra devant nos propres assiettes.

- Et il ne s'arrête jamais de pleurer ! Je pense sérieusement à quitter la maison lorsqu'il aura fait sa première transformation, se lamente-t-elle.

- Dis-toi que tu as toi aussi été comme ça, j'essaye de la rassurer.

- Mais j'avais ni frère ni sœur pour pâtir de mes cris.

- Et tes parents ?

Elle se reconcentre sur ses légumes pour ne pas faire face à mes arguments alors que je m'amuse de sa réaction. Je n'ai pas de frère ni de sœur, je n'en ai pas eu l'occasion. Mais la voir se plaindre de son jeune frère me fait doucement sourire. Me rappelle ce qu'est supposé être une famille normale. Ce qui finalement est loin d'être le cas des personnes m'entourant. Les parents de Connor et Maïa ont préféré rester dans une meutes aux codes... discutables. Le père de Wiatt était un criminel en force, et, pour ce qui est de ses Bêtas, n'ayant pas vu leur famille, je pense qu'ils faisaient partie des membres ayant quitté la meute après la chute de l'ancien Alpha. Un jour, sûrement, je leur demanderais confirmation. Ou bien préférerais-je attendre qu'ils me le confirment de leur propre chef.

Blanc-Argentés : Destin d'une âme briséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant