Blanc-Argentés : Destin d'une âme brisée

Chapitre 36 : Connor

Lorsque le soleil se couche et que la lumière peine à percer le couvert feuillu au-dessus de nos têtes, Wiatt annonce la fin de la marche qui a duré sans interruption depuis le lever du soleil. Alors que le printemps est à son apogée et que l'été approche, la journée a été particulièrement longue. Heureusement, l'ennemi ne semble pas avoir cherché à nous rattraper.

La patrouille de recherche de Dylan et Max, censée durer une heure, a finalement pris deux heures, mais les résultats sont positifs : pas de danger. Nos traces sont invisibles, et aucune marque de possibles assaillants n'indique qu'ils cherchent à nous rattraper. Même si aucune information n'est partagée, la sérénité semble revenir peu à peu au sein du groupe. Les enfants sont plus calmes, les adultes plus aptes à rire malgré l'urgence de la situation.

Maïa a joué un rôle clé dans ce changement d'ambiance. Tout au long de la journée, elle a circulé parmi les familles et les individus solitaires de la meute pour les rassurer. Ses paroles et actions ont porté leurs fruits, instaurant un bon équilibre malgré la persistance de l'inquiétude.

Cependant, pour ma part, l'angoisse ne m'a pas quitté. L'état de Nora n'a pas connu d'amélioration. Ses yeux restent fermés, sa bouche ne produit aucun son, et elle demeure immobile. Dès que la marche s'arrête, je m'isole pour prendre soin d'elle, vérifiant le bandage et veillant à ce que la plaie ne s'infecte pas. Bien que la fièvre ait légèrement baissé, ce n'est pas suffisant pour apaiser mes inquiétudes.

Nous nous trouvons maintenant dans une forêt plus dense, loin de tout pour que nos traces soient plus difficiles à trouver. Les odeurs sont plus variées et marquées. Nous ne sommes peut-être pas plus en sécurité, mais notre instinct nous le crie. C'est comme retourner à l'état sauvage, être entier, bien que dans ce contexte, je préférerais m'en passer. Cela me rappelle ma meute de naissance et cet état presque bestial qu'ils cherchaient à maintenir en permanence. Des souvenirs peu plaisants, mais cela semble actuellement être ce qui nous maintient en vie.

_ Elle s'est réveillée ? demande Sandra en arrivant rapidement.

Cette jeune fille ne manque jamais une occasion de s'enquérir de l'état de Nora. Le lien qui s'est créé entre elles deux est surprenant, s'établissant si rapidement. Mais il semble que l'adolescente ait réussi à se faire une place solide dans le cœur de l'amour de ma vie.

_ Pas encore, mais elle va mieux, la rassuré-je directement.

Son expression angoissée refait surface alors qu'elle fixe son amie dans mes bras.

_ Quand est-ce qu'elle se réveillera ? implore-t-elle.

La bouche entrouverte, je me retrouve incapable de lui répondre. Que puis-je dire ? J'aimerais moi-même avoir une réponse à cette question. En tant que celui qui est censé rassurer, je regarde Nora, les yeux toujours fermés, la peau toujours pâle, immobile, silencieuse.

_ Bientôt, elle se réveillera bientôt.

Mon sourire ne doit pas sembler sincère, mais je ne peux rien faire de plus pour tenter de la rassurer.

_ J'espère que tu ne mens pas, Connor, grince-t-elle en fronçant les sourcils.

Finalement, c'est probablement pour cela que ces deux-là s'entendent si bien. Même caractère résolu, une pointe de rébellion. 

_ Jamais je n'oserais te mentir voyons", la rassuré-je comme je peux. Allez, va rejoindre ta famille. Je suis sûr que ton petit frère a besoin de sa grande sœur.

Son regard se pose une dernière fois sur Nora avant de revenir sur moi.

_ Je te fais confiance alors. Prends soin d'elle.