O2: Loane PDV

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- L O A N E -

Les yeux fixés sur le paysage, tandis que la voiture filait à tout allure sur des routes que je n'avais jamais empruntées, j'essayais de ne pas pleurer.Beberly, cet adorable type sans aucun talent de majordome mais qui me tenait compagnie, m'admirait en silence avec cet air désolé qu'il ne sortait que lorsque j'allais craquer.

«Nous sommes arrivés, mademoiselle Hoqt, fini-t-il par annoncer.
-Merci Beberly, répondis-je sans tourner la tête.

Il sortit de la voiture et ouvrit ma porte d'un geste sec, avant d'aller récupérer mes affaires dans le coffre. Pendant ce temps, je passai mes mains dans mes cheveux presque sales déjà, marmonnant quelques mots incompréhensibles.

Quelques élèves étaient là déjà et détaillaient de leurs yeux étranges la voiture, alors je me rendis compte que je passais dors et déjà pour une affreuse petite fille riche, image que j'allais devoir briser aussi vite que possible. Je reluquais un par un chaque adolescent que je voyais, persuadée que j'allais finir par tomber sur un quelconque visage connu, lorsqu'une fille sortie du lot, s'approchant de moi sans la moindre hésitation. Beberly grimaça à ses cheveux rouges, mais surtout à son air renfrogné et nonchalant.

«Bouge ton cul la nouvelle! Je suis forcée de te faire visiter.
-Sympa l'accueil ... Sifflai-je entre mes dents.
-Tu n'as encore rien vu! Répondit-elle, Wilfred tu nous suis, je ne porte pas les bagages moi.
-Je m'appelle Bebery, la corrigea mon seul allié.
-Je m'en tape, Wilfred.

Ma guide me jeta un coup d'œil déjà agacé et se retourna brusquement en soupirant. Quelques mètres plus loin à peine, on tomba nez-à-nez avec une grande blonde avec des jambes de mannequin. Je l'aurais sûrement trouvée très jolie si son nez ne dégoulinait pas de sang, comme si elle venait de se battre avec je ne sais quoi ou de se prendre une porte peut-être. Cette idée me fit pouffer et eu le mérite de me réconforter un peu.

-Attends toi à des représailles, salope! Je veux des excuses, tout de suite! s'exclama-t-elle en agitant son doigt au dessus de sa tête d'un air menaçant.

Je savais qu'elle s'adressait à la fille qui devait me faire visiter l'école, et je savais aussi qu'elle avait l'air d'être une sacrée dure à cuir.

-Vas te laver le visage et fiche-nous la paix, lui conseillai-je sans hausser la voix. Blondasse.

Immédiatement, Beberly me jeta un coup d'oeil des plus surpris. Il devait se demander ce qui m'avait pris, et toute réponse à cette interrogation aurait été stupide à part sans doutes celle selon laquelle j'avais juste voulu m'affirmer, me donner une image moins fragile que ce que j'étais réellement. Je n'étais pas certaine que ça ait fonctionné.

-C'est quoi ça, un Pitbull ? Répliqua la vilaine en me désignant d'un mouvement de tête dédaigneux.

-Tu devrais te reconnaître non ? Lui cracha ma guide tandis que quelques élèves curieux s'approchaient déjà de nous. Alors que le ton montait entre les deux filles, je regardais ces jeunes se rassembler en un groupe autour de la scène, me répétant que la pire chose qui aurait pu m'arriver ce jour-là était bel et bien en train de se produire: un scandale avec moi en plein milieux.

-Ne me compare pas à un vulgaire chien !

-Tu as raison, tu n'arrives même pas à la cheville d'un vulgaire chien.» Conclu la rousse en affichant un sourire satisfait.

L'autre n'ajouta rien, visiblement scotchée, et se laissa encaisser un coup d'épaule. Ensuite, on se dirigea vers une sorte d'escalier de secours, qui menait visiblement aux dortoirs, je ne pouvais m'empêcher de détailler la démarche de cette étrange fille que je n'avais pu quitter depuis mon arrivée. Après quelques minutes de silence rythmé par nos pas sur les marches métalliques, elle fini par se retourner vers moi pour demander:

Magie NoireWhere stories live. Discover now