Chapitre 1

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AARON


Une ambiance que je ne connaissais que trop bien.

Celle des néons aux couleurs multiples passant du bleu, au violet, m'éblouissant parfois. Celle de la musique bien trop forte m'empêchant de m'écouter penser. Celle des femmes et des hommes qui se mouvaient dans la foule.

Une ambiance dans laquelle je plongeais tous les soirs. Ou presque.

Boire.

Et boire encore.

Jamais suffisamment pour oublier ou perdre le contrôle, mais pour me vider la tête un instant. Une sorte d'échappatoire au monde de la drogue qui était le mien. Le sang, les armes, les meurtres, la violence m'entouraient tout le temps. Et cette poudre blanche si précieuse et si convoitée était mon gagne-pain.

Concentré sur mon verre, accoudé au bar observant mes hommes avec la femme qui leur tiendrait compagnie le temps d'une nuit, je profitais de cet instant de calme.

Mes yeux balayaient le monde, observant chaque femme et chaque homme présent. Assistant à des techniques de drague désastreuses ou bien encore à des femmes qui ne souhaitaient qu'une chose, mon attention pour une nuit. Des vipères assoiffées d'argent et de sexe qui voit en moi une cible potentielle. Si elles savaient...

Mon regard se posa alors sur une robe noire, courte portée par une jeune femme brune qui semblait presque dans un autre monde. Ses mains passaient dans ses cheveux, sur son corps et ses yeux restaient clos. Elle était seule, libre, profitant d'une certaine tranquillité. Voguant sur le rythme rapide de la musique. D'elle émanait un lâcher prise hypnotisant. À travers son corps, elle exprimait sa libération des poids de sa vie. Le temps d'une danse.

Le poids de mon regard qui ne se détachait pas d'elle, dut la sortir de sa torpeur. Elle releva la tête et le gris de ses yeux me transperça. Ses yeux si perçants coupèrent toutes formes de théorie étrange inventées de toute pièce par mon esprit embourbé par l'alcool. Elle me détailla sans la moindre gène passant par mon visage, glissant doucement jusqu'à mon buste en passant par mes mains.

J'étais impassible portant mon verre à ma bouche tandis qu'elle continuait de m'épier, curieuse.

Un rictus étira ses lèvres rosées en même temps que les miennes. Et sans s'en rendre compte, elle débuta un jeu. Un jeu terrible.

Elle s'apprêtait à valser avec le diable.

Ses hanches bougèrent sur le rythme de la musique. De nouveau, ses mains glissèrent doucement sur son corps, ses hanches, son dos, son cou et remontèrent dans ses cheveux. Sa tête se balançait de droite à gauche sans cesser de me regarder.

Elle était terriblement sexy.

Ses yeux si clairs ne me lâchaient pas, comme si au moment où ils se détacheraient de moi. Tout s'arrêterait.

Je restai pour autant impassible. Croyait-elle qu'elle avait affaire à un petit joueur ? Que ça allait être simple ?

Si c'est le cas, elle s'était lourdement trompée.

Mon manque cruel de réaction l'agaça un instant, les sourcils froncés. Puis ses traits s'apaisèrent de nouveau.

Elle venait d'avoir une idée.

Jusque-là, mes doigts tapaient sur mon verre en rythme avec la musique environnante, mais je me surpris à perdre le fil quand je la vis s'approcher d'un autre.

Grand, maigre comme un clou et sans grand talent pour la danse. Il la regardait avec un air pervers scotché au visage. Ses yeux n'avaient pas croisé les siens, trop occupés à détailler sa poitrine.

Un con.

Un con qui mit ses mains sur ses hanches.

Un con qui la touchait.

Ce regard gris retrouva mes yeux, elle était satisfaite. J'avais réagi.

Puis tout est allé très vite.

Il essaya de l'embrasser, mais elle recula pour le stopper. La déception et la surprise se lisaient sur son visage pervers et soumis à l'alcool. Il retenta une deuxième fois en tenant ses poignets plus fort et la collant encore plus contre lui. J'allais les rejoindre. J'allais lui coller mon poing dans la figure. Ou même pourquoi pas une balle. Un châtiment bien plus rapide et définitif. Mais elle agit la première. Son genou rencontra ses couilles violemment puis son coude frappa sa nuque le mettant à terre, inconscient. Elle remit sa robe en place en vitesse comme si tout était normal. Comme si elle ne venait pas de mettre un homme d'un mètre quatre-vingts au sol en un coup de genou.

Je n'avais pas bougé de mon tabouret près du bar. Sidéré. J'étais sidéré par temps de force. De colère. Une colère qui fit presque écho à la mienne. Elle avait eu peur, ses mains tremblantes en témoignaient, mais elle était debout à côté de sa victime, fière.

Les gens, choqués par la scène qui venait de se dérouler sous leurs yeux, ne purent d'empêcher de fixer le bout de femme d'un mètre soixante sans la moindre égratignure. Un coup d'œil vers l'entrée et je vis le videur marcher rapidement vers elle. Je m'approchai donc de cette jeune femme, arrivant dans son dos et saisissant son bras. Elle se laissa faire tandis que je l'entraînai vers l'extérieur.



LEXIE


La force de sa poigne ne me laissait pas vraiment le choix quant à ma destination. On marchait vite à travers la foule toujours regroupée autour de ce connard. Il pensait sans doute que notre danse rapide lui donnait un accès gratuit et illimité vers ma bouche, mon corps. Comme si mon consentement lui avait été donné quand je l'avais invité à danser.

Heureusement que je sais me battre. Que j'ai appris à me défendre contre ce genre d'individu.

Mon attention se détourna quand je sentis un vent frais balayait ma peau. Nous étions dehors.

Moi et ce grand brun aux yeux noirs. Ce noir profond qui m'avait donné envie d'être désirée. J'avais une envie de me sentir puissante et ses réactions m'ont donné satisfaction.

C'était une première.

L'aura qui l'entourait été sombre. Si sombre que, quand son regard trouva le mien, des frissons recouvrirent ma peau.

Ses yeux parcouraient mon corps à la recherche d'une quelconque blessure peut-être. Il s'arrêta sur mes mains qui tremblaient toujours.

J'avais réussi à le mettre à terre, mais la peur avait parcouru l'entièreté de mon corps. Mes sens en éveil, car rien en moi n'était prêt à revivre ce traumatisme.

Il s'approcha soudainement de moi.

J'eus le réflexe de reculer. Il s'arrêta net.

Ses yeux perçants me sondaient.

- Tu as peur de moi ?

Une voix grave, virile qui en ferait trembler plus d'une. Je ne sus quoi répondre encore trop bouleversée. Rien en lui ne m'indiquait le danger, mon corps ne le craignait pas. Ce même corps qui en présence d'autres hommes serait mort de peur, là, il était apaisé.

Sans me lâcher des yeux, il continua d'avancer. Je l'ai laissé faire. Son contact doux m'engloba dans un sentiment de sécurité agréable.

J'aimais son contact.

- Tu es blessé ?

Comme un écho bercé par une pointe d'inquiétude, sa voix transperça la nuit noire.

- Non... Je suis juste un peu secouée.

Ses mains glissèrent doucement quittant mes mains pour remonter le long de mes bras jusqu'à mon cou. Aucune force, une simple pression qui éveilla bien des frissons en moi. Son corps se colla brusquement au mien laissant à ma bouche échapper un gémissement. Sa bouche s'approcha de mon oreille et murmura :

- Soit je t'appelle un taxi et tu rentres chez toi, soit je te fais tout ce que je rêve de te faire depuis que mon regard à croisé le tien dans ce bar.

Pour toute réponse, j'ai saisi son visage et j'ai plaqué impulsivement ses lèvres sur les miennes. Tout d'abord surpris, il retrouva rapidement ses esprits et glissa sa langue contre la mienne. Il était brutal comme l'envie le dévorer depuis tout ce temps. Ses mains se baladèrent sur mon corps, pressées, tandis que je commençais déjà à le déshabiller.

Je ne savais rien de lui, mais, pour la première fois depuis longtemps, je m'étais abandonnée à un homme.

Cet homme...

Une vie pour une vieDove le storie prendono vita. Scoprilo ora