Chapitre 10

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AARON


J'étais un idiot.

Un vrai idiot.

Le genre qui ravivait des traumatismes, qui les remettaient même en doute.

Et elle, elle était forte.

Forte à tel point qu'elle me mettait sous le nez ses problèmes. Qu'elle m'exposait ses failles.

J'admirais le courage qu'il lui avait fallu pour me montrer. Pour me laisser la toucher. Alors que j'avais été un connard.

Après ses explications, elle était sortie sans un mot. Sans un regard en arrière. Et moi, j'avais été incapable de bouger. Je l'ai regardé partir après m'être justifié comme un con à cause de mes conneries.

Elle était dehors. Une heure s'était écoulée. Et elle était allongée sur la pelouse. Les yeux fermés, la respiration régulière. Je l'observais, accoudé du balcon de ma chambre à l'étage. Elle était paisible, calme. Je préférais la voir comme ça que dans l'état d'angoisse qui lui prenait régulièrement depuis qu'elle était rentrée dans ma vie.

Demain, elle rentrera dans le second trimestre de sa grossesse. Le troisième mois. J'espérais secrètement pour elle que les désagréments que lui avait causait ces trois premiers mois, s'arrêteraient. Qu'ils la laisseraient tranquille.

Nous allions bientôt rentrer. Peut-être dans une semaine ou deux. J'avais du travail, et les gens m'attendaient. Et elle, elle devait retrouver Angel et Amy. Faire la connaissance d'Alex. Parce que, que je le veuille ou non, ils veulent tous faire partie de la vie de cet enfant. Et de celle de Lexie qui méritait d'avoir une vie différente de la précédente. Une vie heureuse.

J'entrepris de la rejoindre. Je n'avais rien d'autre à faire et je m'ennuyais comme un gamin. Je marchais à travers la maison à grandes enjambées. L'air chaud de l'extérieur parvint alors quand j'ouvris la baie vitrée.

J'avançai doucement vers elle. Le plus silencieusement possible ne souhaitant pas troubler son sommeil. Je m'allongeais auprès d'elle en fermant les yeux. J'étais rarement au calme, rarement dans un environnement aussi tranquille que celui-ci.

J'avais l'habitude de vivre entouré d'armes et de poudre blanche. Rien de paisible en fait. La mort me tournait sans arrêt autour. L'adrénaline était ma drogue et le danger, une habitude.

J'observais le profil de la jeune femme bercé dans la lumière du soleil. Elle était vraiment sublime. C'était indéniable. De longs cils noirs, un nez qui remonte légèrement en trompette. Des lèvres roses, une bouche gourmande.

Une de ses mèches de cheveux noirs reposait sur sa joue. J'avançai doucement ma main pour libérer son visage. Mes doigts se posèrent sur sa joue, puis, délicatement, je repoussai ses cheveux.

Mon index s'attarda sur sa pommette. Je repassai imperceptiblement sur la légère cicatrice dont elle m'avait appris l'existence plus tôt dans l'après-midi. Elle était presque invisible, mais elle était là. Bien présente. Rappelant au monde entier les horreurs qu'on lui avait fait vivre.

Son géniteur, à ce stade on ne pouvait plus appeler ça un père, méritait les pires horreurs. Et encore, je sentais qu'elle ne m'avait pas tout dit. Qu'il manquait une pièce essentielle au puzzle. Un élément primordial qui expliquerait cette peur irrationnelle et incontrôlable qu'elle avait logée au fond d'elle, d'un jour revoir son père, qu'il la reprenne.

Une vie pour une vieOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz