Une vie pour une vie

Chapitre 14

AARON

« Encore cette même silhouette. Si lointaine.

C'était elle. Encore.

Et il était derrière elle. Encore.

J'étais figé, paralysé. Spectateur du massacre à venir.

Et je ne pouvais rien faire. Encore.

La seule chose que je pouvais faire, c'était hurler. Hurler aussi fort que je le pouvais.

Mais rien n'allait changer, je le savais.

Il s'approcha d'elle. Leva le poing, mais je ne pus voir la suite.

Une autre silhouette teintée de lumière était dressée devant moi, sa paume sur mon torse.

Et mes yeux se rouvrirent. »

Je mis du temps à récupérer de mon cauchemar. Je luttais encore contre mes propres démons avant de réellement émerger.

Mes yeux, jusqu'ici rivés sur le plafond, se mirent à parcourir ma chambre jusqu'à tomber sur une paire d'yeux noirs inquiets. Lexie était là, assise près de moi, du côté vide du lit. Sa main déposée sur mon torse nu, elle ne dit rien, elle se contentait de me fixer.

Comme dans mon cauchemar.

Nous nous sommes regardés quelques minutes. A tel point que je pus voir, même dans la pénombre, des frissons parcourir sa peau.

Alors un sentiment me traversa, un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis un moment. Un réel besoin de réconfort. Un besoin irrépressible de la sentir près de moi. D'oublier mon profond sentiment de solitude un temps.

Dicté par cet impérieux désir, mes deux bras encerclèrent son petit corps et le ramenèrent à moi. Un hoquet de surprise lui échappa. Elle était désormais allongée juste à côté de moi, sa joue contre ma peau brûlante.

Ma respiration encore rapide se calmait peu à peu. Lexie garda le silence, et commença même à s'endormir contre moi. Mes deux mains jusqu'alors sur sa taille, je remontai l'une des deux doucement jusqu'à ses cheveux. Mes doigts jouèrent avec une de ses mèches brunes.

Mon menton était posé sur le haut de sa tête, ma respiration dorénavant calme, elle se mit à bouger, comme pour s'écarter de moi. Elle voulait sûrement retrouver son lit. Mais je l'en empêchai resserrant ma prise.

- Reste un peu, chuchotai-je presque désespéré. S'il te plaît,

Elle ne sourcilla pas et reprit sa position initiale dans mes bras.

Les minutes s'écoulèrent. Je pensais Lexie endormie, mais sa voix calme brouilla le silence.

- Tu sais, commença-t-elle. Après mon viol, je n'aurais jamais imaginé me retrouver dans les bras d'un homme, au beau milieu de la nuit, sans être complètement paniquée.

Ses mots agirent sur moi comme une énorme prise de conscience. Je n'avais absolument pas pensé à cette éventualité. Je n'avais pensé qu'à mes besoins, mes envies. Mon corps crispé traduisait ma soudaine culpabilité. Elle dut le sentir, car elle reprit :

- J'aime ça, Aaron, être dans tes bras. Je ne sais pas pourquoi avec toi, c'est comme si tout allait bien, comme si je n'avais jamais connu ce traumatisme. La preuve je n'ai fait qu'un seul cauchemar depuis qu'on s'est rencontré. Ce qui relève du miracle honnêtement.