Chapitre 2

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LEXIE


Bam

Une énième gifle. Pourquoi cette fois ? Car j'avais osé lui répondre. Lui dire que c'était un mauvais père, le pire qui existe. Et, comme mon père était un homme intelligent, il me répondait par la violence.

Encore.

J'ai quitté son bureau sous son regard assassin. C'est dans ces moments que je regrettais le gris de mes yeux. Car il avait le même. Et je hais cet homme. Plus que n'importe qui.

Je suis persuadée que c'est son caractère, ses excès de violence, son égoïsme et son arrogance qui ont tué ma mère. Elle m'aurait peut-être sortie de là, on se serait peut-être enfuie ensemble des griffes de ce monstre, mais un cancer l'a emporté. Un cancer des poumons l'a tué. Elle a disparu avant que je ne puisse la connaître. Je n'avais que trois ans. C'est mon plus grand regret.

Je me rappelle seulement de la douceur de sa peau et de son odeur. Malgré mon jeune âge, tout restait gravé dans ma mémoire. Quand j'étais enfant, c'était à ses souvenirs que je me raccrochais, à elle que je pensais quand j'étais au plus bas. J'ai arrêté de compter le nombre de fois où j'ai voulu la rejoindre. Une balle dans la tête, une trop forte dose de médicaments ou sauter d'une falaise ou bien d'un pont. J'ai pleuré en regardant le ciel et j'ai souri quand je la savais près de moi, à me regarder grandir. Elle était mon espoir, ma source de vie alors que je ne la connaissais pas. Ma défunte mère a toujours été plus importante que mon père, qui, lui, est toujours en vie.

J'aurais tant aimé la prendre dans mes bras une dernière fois.

Lui dire à quel point je l'aimais.


Quelques heures plus tard

Il fallait que je sorte que je quitte cet enfer qui est ma maison. Ce grand manoir qui m'a vu grandir, pleurer, souffrir sous les coups de mon père. Ce foyer que je haïssais presque autant que lui.

Je farfouillais dans mon armoire à la recherche de ma petite robe noire. L'une de mes préférées. Courte mais sobre, son décolleté mettait en valeur ma poitrine et mes épaules. Je me sentais belle à l'intérieur.

La dernière fois que je l'ai porté, c'était il y a trois semaines. Lors de cette fameuse soirée durant laquelle j'avais couché avec ce beau brun dans cette ruelle. C'est peut-être pour ça que j'aimais cette robe. Car à l'intérieur, le merveilleux souvenir de cette soirée me revenait. J'avais été désirée et je m'étais sentie protégée. Un sentiment qui m'était bien étranger mais qui, dans ses bras, sous ses mots doux, m'enveloppait de douceur.

Je me repassais le film de cette soirée dans ma tête, sa voix virile, ses mains douces mais possessives, son regard hypnotisant. Mais mon sourire s'effaça bien vite quand la panique me saisit aux tripes. Un détail me dérangeait. Une équation que l'euphorie m'a fait oublier.

TROIS SEMAINES

TROIS SEMAINES

TROIS SEMAINES

Trois semaines qui je n'avais pas eu mes règles.

Je me suis précipitée dans ma salle de bain. Mes mains passaient de tiroirs en tiroirs à la recherche de mes réponses. Mes tremblements causaient la chute de bien des choses et mon esprit embrouillé par l'angoisse m'empêchait de me concentrer correctement. Mon cœur fit un bond énorme dans ma poitrine quand, enfin, j'ai trouvai. Un test de grossesse. Je me suis jetée sur les toilettes et l'attente commença. Comme un supplice.

Une vie pour une vieWhere stories live. Discover now