Chapitre 36

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AARON


Je continuai de donner des ordres à droite, à gauche en revoyant encore et encore notre stratégie dans ma tête. Rien ne devait être laissé au hasard.

Je m'assurai de nouveau que tout le monde était prêt et savait quoi faire et quand le faire avant de monter dans ma voiture. Alex était autant sur le qui-vive que moi. Amy avait décidé de filer un coup de main à Angel qui avait la responsabilité de prendre en charge Lexie dès que possible.

Je savais que rien n'allait être simple et que la stratégie mise en place ne se passerait pas comme prévu, mais nous étions préparés à toutes éventualités.

Lexie était avec ce monstre depuis un peu moins de 48 heures et durant tout ce temps mon cœur avait battu des records de vitesse. Je priai intérieurement pour que ce calvaire cesse au plus vite.

La photo de Lexie blessée envoyée par Wilson quelques heures auparavant m'avait apporté quelque chose d'inestimable, l'endroit où était enfermée la jeune femme. Il était évident que son père n'avait pas laissé ce détail au hasard, que c'était un piège dans lequel il souhaitait m'attirer.

Et j'y fonçai sans hésiter.

Une vague de voiture noire blindée traversait la ville à une allure déroutante. J'étais en tête de file avec pour seule destination, le manoir Wilson. Là où tout allait se dérouler. Mes mains étaient tellement crispées autour du volant qu'elles finirent par devenir douloureuses. Je ne pouvais m'empêcher d'imaginer les pires scénarios.

Les hommes avec moi dans la voiture ne disaient pas un mot, ils arboraient une mine sombre.

Dès que les voitures s'arrêtèrent à proximité du manoir, personne ne perdit de temps. Chacun savait ce qu'il devait faire.

Alex me lança un regard déterminé, il hocha la tête comme pour me faire comprendre qu'il était là, quoi qu'il arrive.

Je donnai le feu vert et l'enfer commença. Des coups de feu à répétition se firent entendre, ils brisèrent toutes les vitres. Très vite, les hommes de Wilson se défendirent et se mirent à tirer. Ils étaient déjà préparés, cachés derrière les murs à nous attendre, même sur le toit de la propriété.

Ils étaient partout.

Comme prévu.

Je restai volontairement en retrait attendant que quelques longues minutes s'écoulent. Puis les différents groupes organisés au sein de mes hommes se mirent à faire l'impensable. Ils battirent en retraite les uns après les autres.

Les quelques personnes blessées furent prises en charge par l'équipe d'Angel tandis que j'espérai que ce coup de bluff avait fonctionné.

Je pris ensuite le relais et me précipitai volontairement vers le son des balles. Vers le danger. Suivi de près par mon équipe, j'avançai, mes sens en alerte.

L'objectif était de faire croire à nos adversaires que la folie m'avait poussé à me précipiter, que j'étais une cible facile, pour qu'il m'emmène là où Lexie se trouvait.

Je tirai sur tout ce que je voyais sans la moindre hésitation. Nous n'étions que six, mais nous parvenions à traverser la propriété rapidement.

Evidement, notre « précipitation » ne passa pas inaperçu et, très vite, la stratégie adverse changea. On ne nous tira plus dessus, mais à côté. Ils nous rataient volontairement. Nous approchions d'une des entrées de la maison quand nous furent encerclés par une dizaine d'hommes, leur flingue pointait vers nous.

- C'est terminé Clarke, me lança l'un d'entre eux.

Ils prirent nos armes et nous attachèrent les mains. Nous nous laissions faire sans dire un mot.

Mon cœur battait dans mes tempes lourdement. J'analysai tout ce que je pouvais voir quand je pénétrai dans la maison, une maison sans âme et fade.

Escorté par les hommes de Wilson, je serrai les dents. Ils riaient comme s'ils avaient gagné à coup sûr, comme s'ils étaient inarrêtables. Je rêvais de le faire ravaler leur arrogance.

On marcha jusqu'à une porte sombre au fond d'un couloir. Je priai pour que, lorsqu'ils ouvriraient la porte, il y ait Lexie vivante et toujours enceinte. Ils prirent la peine de toquer et rentrèrent.

Mes yeux scannaient la pièce jusqu'à tomber sur les siens, effrayés.

Lexie.

Elle était assise sur une chaise au centre de la pièce, attachée à celle-ci. Voir sa joue abîmée me remplit d'une rage sans précédent, mais que je parvenais à masquer. Il y avait des hommes aux quatre coins de la pièce, ainsi que derrière moi.

Wilson m'observait depuis son bureau, derrière Lexie, les mains jointes et un sourire satisfait collé au visage. Il jubilait. Jo Smith était lui aussi présent. Juste à côté de Lexie. Il était beaucoup trop près.

Quand Lexie me vit, elle hoqueta et son regard se couvrit d'un voile de tristesse. Comme si ses espoirs venaient de disparaître. Je serrai les dents en regrettant d'être la source de son désespoir. Elle était vivante. Terrorisée, mais vivante.

- Je suis ravi de te voir Aaron, prononça Wilson en quittant le siège de son bureau. Nous t'attendions depuis un petit moment.

Il se posta juste devant moi en riant. J'allais lui arracher les entrailles.

- Pour être honnête, continua cet enfoiré en s'arrêtant, lui aussi, juste à côté de la jeune femme. Je pensais que tu viendrais plus tôt.

Il prit le menton de Lexie entre ses doigts lui arrachant une plainte.

- Regarde ce que tu as fait Clarke, dit-il en désignant les blessures abîmant son doux visage. Tout est ta faute. Si tu avais été plus raisonnable, nous n'en serions pas là.

Lexie ne me lâcha pas du regard, une petite larme dévala sa joue. Malgré tout, ses yeux étaient clairs quant au message qu'elle essayait de me faire passer. Je n'avais rien à me reprocher.

- Lâche-la, ne pus-je m'empêcher de lui cracher en sentant ma colère monter d'un cran.

Il rit à gorge déployée et Jo Smith se joint à lui.

J'allais tout casser.

Son sourire s'estompa très vite quand il sortit son arme pour la coller à mon front. Je ne baissai pas les yeux. C'était hors de question.

- Laisse-le tranquille, je t'en supplie, cria Lexie me déchirant le cœur.

Elle s'agitait sur sa chaise alors que le silence possédait la pièce. Son courage m'impressionnait. Enfermée depuis des jours, elle avait toujours le courage de tenir tête à son père.

- Ne t'inquiète pas ma princesse, dit Wilson en rangeant son arme. Il ne mourra pas tant que tu ne seras pas morte.

Je fis un pas un avant, prêt à le découper en deux, mais je fis vite remis à ma place par les hommes derrière moi.

- Je veux voir le désespoir le consumer quand j'aurais pris son enfant et que je t'aurais tué sous ses yeux. Je veux le voir mourir devant moi. Je veux qu'il me supplie de le tuer.

J'étais tendu, consumé par ma colère que je ne pouvais pas faire exploser. Wilson n'était pas le seul qui le mettait en rage, Jo Smith n'arrêtait pas de lancer des regards plein de concupiscence à Lexie.

- Je vous interdis de la toucher, dis-je, les dents serrées et le regard sombre.

Sans hésitation, Wilson prit son arme et, avec la crosse de celle-ci, frappa Lexie en plein visage. Elle cria sous la violence du coup. La voir comme ça envoya des décharges électriques dans tout mon corps.

- Mets-toi à genoux Clarke. Et supplie-moi.

Une vie pour une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant