Chapitre 5

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LEXIE


Quelques coups contre ma porte réveillèrent mon esprit embrumé. Depuis quelques jours, une petite blonde venait m'apporter, midi et soir, un plateau repas. Elle me disait quelques mots attendant de moi une réponse, puis partait devant mon manque de réactivité.

Ma tentative d'évasion qui s'était soldée par un échec il y a peu, me nouait l'estomac. Ça, en plus des nausées quotidiennes. J'avais l'impression d'être sur le fil du rasoir. Que ma vie pouvait basculer d'une minute à l'autre.

Aaron était porté disparu. De ce que j'avais compris, il n'était pas ici. Surement occupé à régler ses affaires de mafieux ailleurs.

Toujours accompagnée d'un grand sourire, la jeune femme pénétra la pièce. C'était toujours la même chose. Un sourire suivit de son air rembruni devant son plateau, posait ici un peu plus tôt dans la journée, encore plein. J'étais épuisée. La grossesse ne semblait pas me réussir jusque-là.

Je ne la regardais même plus faire. Les yeux mi-clos, bercée par le sommeil, je suivais son parcours au son de ses pas.

Elle s'est arrêtée devant la petite table qui devait servir de bureau, récupérait mon ancien repas pour déposer le nouveau. J'attendais la suite. Ses quelques mots habituels et la porte qui claque me signifiant qu'elle était partie.

Mais rien de tout ça.

Elle vint s'asseoir près de moi. Je la sentais attendre que je daigne ouvrir les yeux. Alors je l'ai fait.

Tout comme Angel, elle dégageait une forme de douceur insoupçonnée dans ce monde de brutes. Ses longs cheveux blonds retombaient en cascade sur ses épaules et ses grands yeux verts semblaient analyser mon état de santé. Elle ressemblait à un ange.

- Ça t'embête si on discute un peu toi et moi ?

Tout d'abord surprise, j'ai ensuite essayé de déceler une possible hypocrisie. Mais rien. Émanait d'elle une bienveillance flagrante.

Je me suis lentement redressée avec son aide. L'épuisement se lisait dans mes cernes. Elle se releva pour me ramener le bol de soupe fumant. Il dégageait une odeur délicieuse. À la base, si je refusais de manger c'était à cause de cette envie constante de vomir. J'estimais avoir passé suffisamment de temps aux toilettes pour les dix prochaines années. Mais, ce mélange de légumes me donnait faim.

- Je m'appelle Amy. Aaron est un ami d'enfance. Je ne travaille pas pour lui. Enfin pas vraiment. Je gère une galerie d'art dans le centre, mais il m'arrive de lui donner un petit coup de main de temps à autre.

Elle était comme un moulin à paroles extrêmement rapide. Son côté pétillant me fit sourire. Elle ne ressemblait pas aux clichés qu'on se faisait de l'amie d'enfance d'un grand mafieux.

Elle posa sa main sur la mienne, l'air soudain plus sérieux.

- Tu veux bien me dire pourquoi tu ne manges pas ?

J'ai détourné les yeux.

- Je suis nauséeuse depuis quelques jours. Je vomis constamment.

C'était la vérité. Ou une partie du moins. Je n'avais jamais été du genre à me confier sur mes sentiments, mes pensées. Pourtant, Amy n'était pas convaincu, son regard fixe me le montrait. Elle m'imposait son silence pour me pousser à parler.

Une vie pour une vieDove le storie prendono vita. Scoprilo ora