Chapitre 35

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LEXIE


Je tournai un rond dans cette chambre que j'aurais espéré ne jamais revoir. J'ignorai combien de temps s'est écoulé depuis mon enlèvement. Les volets étaient baissés et les fenêtres condamnées.

Bien que les circonstances ne m'aidaient pas, je gardais un semblant de calme. Il ne fallait en aucun cas que mon accouchement se déclenche alors que je suis dans les pires conditions possibles.

Un homme que je ne connaissais pas m'avait apporté un plateau-repas. J'avais balancé ce dernier sur la porte sans ménagement. J'étais terrorisée à l'idée d'être empoisonnée ou que quoi que ce soit ait été mis dans l'eau ou dans la nourriture.

L'entièreté de mes pensées était tournée vers Aaron. Il devait être mort d'inquiétude, devenir fou. Je priai intérieurement pour qu'il comprenne, qu'il ne tombe pas dans les pièges sûrement orchestrés par mon géniteur.

Debout au milieu de la pièce, je me figeai de peur lorsque j'entendis le bruit d'une clé dans la serrure. Je ne pus retenir quelques pas en arrière quand mon père entra dans la chambre. Je ne l'avais pas encore vu malgré le temps que j'avais passé dans cette chambre depuis mon arrivée.

- Bonjour Lexie, dit-il avec cette même voix qui avait hanté mes cauchemars pendant des années. Pourquoi as-tu mis tout ce bazar ?

Il faisait référence à l'assiette et au verre gisant sur le sol. Son regard ne me quittait pas, il me fixait dangereusement sans même cacher son arrogance et sa fierté de me savoir ici, à sa merci.

Je ne comptais pas me démonter face à lui, pas cette fois, même si la panique me serrait la gorge et m'empêchait de respirer correctement. Ses yeux glissèrent sur mon corps en insistant sur mon ventre. Sans pouvoir m'en empêcher, j'y posai une main protectrice.

Il avança vers moi d'un pas lent, tel un prédateur. Je ne bougeai pas jusqu'à ce qu'il soit assez près pour tenter de mettre ses mains sales sur mon ventre, mon bébé.

Je reculai vivement et affrontai son regard furieux. Il me gifla sans la moindre hésitation. Je fus sonnée par la force de son geste et vacillai légèrement. Il ne perdit pas une seconde pour saisir mon menton et approcha son immonde visage du mien.

- Je pensais pourtant t'avoir appris à ne pas te rebeller face à un homme. Cet imbécile de Clarke t'a sûrement servi des espoirs sur un plateau d'argent, mais ici, dans ma maison, tu n'es rien, rien qu'un obstacle qui bientôt n'en sera plus un.

Il se redressa en lâchant mon visage, il arborait un sourire condescendant et fier.

- Bientôt, je te tuerai, m'annonça-t-il en riant. Bientôt, je t'arracherai ton bébé et te mettrai une balle dans la tête. Bientôt, je ruinerai la vie de Clarke et aurais son enfant, un enfant que j'élèverai pour qu'il devienne aussi cruel que moi.

Sans plus pouvoir contenir ma colère, je lui crachai au visage lui faisant lâcher sa prise sur mon visage. Je reculai encore pour mettre une certaine distance entre nous. Une colère dangereuse voila son regard.

Il me saisit par la gorge et me poussa d'une main jusqu'au mur le plus proche. Ma tête cogna violemment ce dernier tandis que mon souffle se faisait court. Il approcha sa bouche de mon oreille, je sentais son souffle chaud dans ma nuque.

- Si tu ne veux pas que ta fin soit encore plus pathétique que prévu, je te conseille de rester sage.

Il me lâcha subitement me faisant vaciller. Il partit sans un regard en arrière, en me laissant avec un goût amer d'incertitude. Je peinais à réaliser dans quelle merde je me retrouvais de nouveau.

Mon sort était incertain tandis que celui de mon bébé semblait tout tracer par mon père.

Je tournai en rond au milieu de cette pièce. Plus j'observai ma chambre, plus je me rendais compte qu'elle représentait l'appel à l'aide d'une adolescente piégée dans un cauchemar.

Les murs étaient blancs, le lit avait beau être grand, il n'avait aucun charme. C'était juste un matelas sur des lattes en bois. Tandis que le reste n'avait rien de chaleureux. Un bureau simple et une petite armoire.

Je n'avais besoin de rien de plus. Tout cela me convenait, mais rien n'exprimait le moindre souvenir. Pas de photo au mur, si ce n'est la photo de ma mère posée sur ma table de nuit, pas de décoration. Comme si cette chambre ne représentait que ma peine, étouffante et douloureuse.

Des heures s'étaient écoulées. Des heures rythmées par des exercices de respiration pour que je reste calme et de vives inquiétudes quand j'entendais des pas dans le couloir.

Je m'assis sur mon lit en rivant mon regard sur la photo de ma mère. Elle souriait. Comme si sa vie n'était pas un véritable enfer. Comme si son sort n'était pas déjà scellé par la cruauté de mon géniteur.

La porte s'ouvrit de nouveau sur mon père. Il souriait encore plus que la première fois qu'il était venu. Sa fierté me mettait hors de moi.

Je me levai en voyant ses yeux détaillaient l'hématome qui se formait sur ma joue. Sa gifle avait été encore plus violente que je le croyais.

Il se posta devant moi et sortit son téléphone de la poche de son pantalon. Il me prit en photo en continuant de sourire.

- Je sens que Clarke va adorer ce cliché, dit-il en riant. J'ai tellement hâte qu'il vienne, ivre de rage et avec l'envie aveuglante de te sauver.



AARON


Je collai une balle dans la tête de l'homme en face de moi. Il faisait partie des troupes de Wilson. Il nous avait attaqués à l'aérodrome il y a quelques heures et désormais, après un très long interrogatoire semé de douleur et d'arrogance, il était mort.

Je partis me laver les mains couvertes de sang. J'avais défoulé ma colère sur lui, j'y avais mis toute ma force. Mais je n'avais rien tiré de lui. Il avait ri alors qu'il pissait le sang et m'avait insulté, moi et mes hommes, de tous les noms quand je lui avais mis une deuxième balle dans la jambe.

Plus personne ne m'approchait sans avoir quelques choses de très important à me dire. Même mes amis préféraient restés à distance tant ma colère était grande et ma peine affligeante.

J'entendis mon téléphone bipper dans la pièce d'à côté. J'attendais désespérément des nouvelles de Lexie, mais certainement pas de cette nature.

Cette fois-ci Wilson ne s'était pas contenté de glisser des photos dans une enveloppe, il me les envoyait directement sur mon téléphone.

Je n'étais pas stupide, je savais qu'il m'envoyait une photo de la jeune femme blessée pour me provoquer, pour me rendre fou. Je n'allais pas agir sur un coup de tête pour la simple et bonne raison que c'était bien trop dangereux pour Lexie et notre bébé.

Au lieu de péter un plomb, j'emmagasinai ma rage pour la faire sortir une fois que Wilson sera en face de moi. A ma merci.

Une vie pour une vieWhere stories live. Discover now