Le débarbouillage

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Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi, assise contre cette porte, les cuisses contre ma poitrine, la tête sur les genoux, dans l'obscurité la plus totale de cette chambre.

Ma respiration était lente, mon cœur battait calmement. Pourtant, je me sentais mal. Parler de ce que j'ai vécu, de celle que j'étais avant à ces femmes que je considère à présent comme des amies... Je les avais laissé me guider dans le choix de vêtements même si je reconnais que la grande majorité ne me plaisait absolument pas. Je les avais laissé m'aider à faire les pâtisseries. J'avais laissé Wanda me nettoyer le visage.

Je relevais ma tête dans le noir et allais glisser ma main gauche entièrement sur ma joue. C'était un sentiment agréable, cela faisait très longtemps que personne ne s'était occupée de moi comme toutes ces personnes ici.

Au bout d'un moment, un sourire étira mes lèvres. Je voyais le visage de Clint devant moi, ses lèvres qui bougeaient, inaudible, pour me dire que je lui avais manqué. Je rosis, en repensant à ces regards, à sa manière de me parler.

Lentement, je finis par me relever, la tete tournée vers la porte, et tapotais de la main, recherchant un éventuel bouton pour allumer la lumière, avant que je ne me rappelle...

- Friday... ?

- Oui, Madame Smith ?

- Peux-tu allumer la lumière s'il te plaît ?

- Bien sûr. Entendis-je avant que la lumiere ne s'allume. Et voici.

- Merci, Friday.

Je mis à nouveau un temps avant d'ouvrir les yeux. Au vue de la distance entre les portes dans le couloir, je me doutais que ce qui se trouvait derrière moi serait aussi grand. Je poussais un profond soupir et ouvrais les yeux. Déjà, je peux dire que la porte face à moi était d'un blanc éclatant. Je hochais la tête pour moi-même, tentant de me donner de la contenance et finis par me retourner, très lentement.

La pièce était tout aussi blanche que cette porte, et faisait aisément la taille de mon ancien appartement entier. Je me sentis perdue, même si je n'avais pas encore bougé.

Les meubles qui composaient la chambre étaient beige, un peu doré. Dès l'entrée, j'étais déjà accueilli par une petite table d'appoint située au mur de gauche. En suivant ce pan de mur, je trouvais deux portes à 3 mètres de distance l'une de l'autre.
A ma droite se trouvait le lit en mode cooconing blanc et or rose avec ses deux tables de chevets incrustées dans le bois. Au pied de ce lit se trouvait une malle et devant elle une nouvelle table avec un vase et de grandes plumes roses dedans. Je continuais de suivre le mur de droite jusqu'à un nouveau meuble où se trouvaient certains paquets, posés bien proprement. Une commode avec une immense télévision dessus était dans la continuité de ce fameux meuble.

Mon regard arriva à la baie vitrée. La vue était imprenable sur une magnifique étendue d'arbres verdoyants.

Je restais immobile et cherchais du regard le reste des paquets avant de regarder à nouveau les deux portes à ma gauche. Un peu curieuse malgré la gêne que me procurait tout cet espace, je me faufilais vers la première porte et l'ouvris.

La salle de bain était à l'image de la chambre : Grande, spacieuse, lumineuse, avec un énorme miroir sur tout un pan de mur. En dessous se trouvait un double lavabo, juste à côté des toilettes. Un peu plus loin, une douche italienne et une baignoire se trouvaient séparées par une baie vitrée.

Je lançais un coup d'oeil rapide au miroir, à mon reflet. Doucement je m'en approchais et posais mes mains sur le lavabo tout en me regardant.

Cela faisait très longtemps que je ne m'étais pas regardée. Dans mon ancien appartement, il n'y avait qu'un petit miroir et je ne l'utilisais jamais. Mes cheveux étaient longs, ils m'arrivaient presque au milieu du dos. Mes yeux étaient plus claires qu'avant. Mon visage semblait plus net, plus lumineux. Je baissais la tête doucement et lançais un coup d'oeil à la lumière de mon réacteur. Lui aussi faisait parti de moi. Je plaçais à nouveau mon regard sur le miroir et levais le maillot de Steve lentement. Je regardais mon ventre apparaître puis ma poitrine et le réacteur. C'était un appareil assez étrange, vu par le miroir, et la lumière me brûlait un peu les yeux.

Je fis la grimace et baissais rapidement le maillot, le ramenant le plus possible vers le bas. Je n'aimais pas mon corps. Je ne l'aimais pas, depuis ce qu'il m'était arrivée, plus jeune et plus ronde. Je baissais la tête et soupirais avant de revenir sur mes pas. Une fois la porte refermée je passais à la suivante.

Mes achats étaient posés proprement sur un long banc, les uns contre les autres, horizontalement par rapport à l'endroit où je me trouvais, attendant sagement devant une grande et imposante armoire. J'approchais ma main et glissais mes doigts sur le bois, les portes s'ouvrirent, ainsi que les nombreux tiroirs. C'était dingue à quel point l'armoire était profonde ! Aussi profonde qu'un couloir.

J'entrais et regardais autour de moi. L'armoire n'avait pas besoin d'être remplie, elle l'était déjà et pas par des affaires que je venais d'acheter avec les filles mais avec d'autres vêtements et accessoires neufs, qui correspondaient beaucoup mieux à celle que j'étais, d'ailleurs. Un des derniers tiroirs fermés s'ouvrit lentement et laissa apparaître une enveloppe blanche avec mon nom écrit dessus. Je la pris, et reconnu l'écriture égocentrique de mon hôte. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres et je me mis en quête de lire la lettre.

Éléa,

Bien que nous sommes tous conscient que rien ne te rendra ta pâtisserie ou tout ce que tu as perdu, voici un petit cadeau de bienvenue. Une chambre connectée à Friday ainsi qu'à nous, un dressing déjà bien fourni...
Oui, nous t'avons envoyé avec les filles seulement pour te faire ton paradis. En espérant qu'il te plaise.
Bienvenue chez toi, ma grande.

Les Avengers.

Les larmes me montèrent aux yeux et je dus poser mon postérieur sur l'une des portes pour éviter une chute. Ils étaient tous si attentionnés avec moi..

Je remis la lettre dans son écrin et dans le tiroir par la suite. Je voulais que ça reste ici, bien rangé proprement. Une fois fait, je décidais de me doucher. Pour se faire, j'allais chercher les affaires que je souhaitais porter le soir même, de quoi me laver et me dirigeais vers la salle de bain.

Tout en me déshabillant avant d'entrer dans la douche, j'évitais soigneusement de me regarder dans Le miroir. Lentement, je vis mes formes apparaître dans mon champ périphérique et me mis à soupirer. C'était fou ce que ce... Concrètement, posons les bons mots ici, ce harcèlement scolaire, ce harcèlement moral m'avait fait. J'avais été humilié.

Des images et des voix de cet ancien temps s'emparèrent de ma tête. Je la baissais, entendant leurs rires, crachant encore leurs venins...

"Tu n'arriveras à rien dans la vie, Ugly Smith"

Ugly Smith. Ce surnom dont on m'avait fait cadeau cette année là. Je fis la moue et secouais la tête doucement, tentant de chasser toutes ces pensées néfastes. Il ne fallait pas que je me laisse abattre. J'avais changé. Je n'avais plus 17 ans mais bientôt 30. Je n'étais plus au lycée, j'avais fait de mon rêve une réalité, même si tout était parti en fumée. Et à présent j'étais chez les Avengers. Ce n'était pas un souhait, je me rappelais même avoir dit à Clint lors de notre premier échange que je ne souhaitais pas devenir comme Iron Man. Lorsque j'étais arrivée ici, effrayée, je n'avais pas saisi la chance que j'avais. Les avengers m'ont accueilli les bras ouverts, ils étaient gentils et me respectaient. Même si je me mefiais quand même, car j'avais été trop déçu par le passé, je devais bien reconnaître que je me sentais un peu mieux ici, près d'eux.

Là où je ne me sentais pas à l'aise, c'était avec le fait de changer. Passer du temps avec eux, apprendre à les connaître, être avec eux... tout ceci me plaisait beaucoup. Mais devoir changer et m'adapter à la nouvelle femme que j'étais était un vrai challenge.

Sous la douche, me passant Le gant savonneux sur la peau, je me mis à penser à chaque Avengers. Steve m'avait prêté ses affaires pour l'hôpital. Thor m'avait donné son sang. Natasha m'avait dit que Le dieu s'était amouraché de moi. Je rougis à ça. Cela faisait bien longtemps que personne n'avait ressenti de sentiments à mon égard. Et en parlant de sentiments, voici monsieur Clint Barton qui pointait le bout de son nez dans mes pensées. Monsieur Silence. Un sourire un peu niais étira mes lèvres et je soupirais de tendresse. Je trouvais cet homme adorable. Il était mignon, très mignon. Il était gentil et attentionné, à l'écoute... il m'avait fait à manger et lui aussi m'avait sauvé la vie. Je rougis doublement et sans vraiment m'en rendre compte allait glisser mon index sur mes lèvres. Les siennes avaient été posé là, ne serait-ce qu'un court instant pour me donner de l'air, certes, mais elles s'étaient retrouvées dessus..

Je terminais de me laver et de m'habiller, brossais mes longs cheveux lorsque j'entendis quelqu'un toquer à la porte...

De l'autre côté du comptoirWhere stories live. Discover now