Prince

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La rumeur de mon arrivée se répand vite dans les couloirs de la Cité et il ne faut pas longtemps aux vétérans pour me refiler les missions les plus dégradantes en plus de mes livraisons pour Castian. Me rabaisser les aides à se sentir mieux, j'imagine.

Tous ces travaux ne sont pas une perte complète de temps. J'ai pu visiter la totalité de la Cité sans éveiller les soupçons et localiser la cellule du prince.

À la nuit tombée, je me faufile dans la prison est de la Cité, un double des clés dans la poche. Mel est vraiment doué avec le métal. Pas de garde, j'ai entendu dire que le prince Damian était tellement insupportable que personne ne voulait s'occuper de lui. Même enchaîné, mutilé et soumis, il reste digne et arrogant. Est-ce une marque de bêtise ou d'intelligence ? Je ne saurais le dire. Mais cela m'arrange.

J'ouvre la grille – merci puissant Gungan, elle ne grince pas – et entre dans la petite pièce sombre. Le prince se redresse en m'entendant et pose son regard sombre sur moi. Les gardes ont raison, même assis dans la paille, les vêtements en lambeaux, le corps amaigri et le visage rachitique, il garde son aura royale. C'est peut-être vrai, ce qu'on dit, soit on naît roi, soit on ne naît rien.

Je souris à cette pensée.

Qu'importe notre naissance, de nous deux c'est moi qui serai roi.

Je me rapproche et pose un sac de biscuits devant lui. Il m'observe avec ses yeux noirs remplis de mépris et d'arrogance, attendant de savoir ce qui m'amène à lui.

— Prince Damian, je suis venu vous proposer un marché.

Il fronce les sourcils, méfiant.

— Quel genre de marché peut bien me proposer un pleutre dans ton genre ?

— Le genre qui inclut votre liberté.

— Mais bien sûr... Et que veux-tu en échange ?

Il me juge de haut en bas.

— Rien de plus que votre loyauté, dis-je en souriant.

Cette réponse lui arrache un petit rire.

— Oh vraiment ? En voilà une demande intrigante. Et comment comptes-tu me faire sortir d'ici ? Tu n'as pas l'air assez costaud pour me porter, crache-t-il en montrant sa jambe amoché à peine soignée.

— Qui a dit que j'allais vous porter ? Vous savez marcher, mon seigneur.

Il laisse échapper un rire rauque sans humour. Je sens qu'il veut me décocher une réplique cinglante sur son d'infirmité, mais sa fierté l'empêche de prononcer ces mots. Mon sourire se fait de plus en plus grand, j'ai du mal à cacher mon amusement.

Je m'agenouille devant le prince et sort la petite fiole rose de ma poche.

— Une goutte et la douleur disparaît.

Il fronce les sourcils, peu convaincu par mon poison.

— Tu penses vraiment que je vais boire ça ?

— Si c'est votre seule chance de sortir d'ici ? Oui, Altesse.

Il grogne, hésitant. Me scrutant de ses iris sombres, sondant mon âme.

— Vous pouvez me croire quand je vous dis que vous me serez plus utile sur le trône que dans cette cellule.

— Ma loyauté, c'est bien ça ? Ne serait-ce pas plutôt ma servitude que tu veux ?

— Je ne me permettrais pas.

Il est plus malin qu'il en a l'air, ça me plaît. Je sens que je vais bien m'amuser avec lui et inversement. Après de longues minutes de réflexion, il finit par hocher la tête.

L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloireWhere stories live. Discover now