Prisonnier

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J'ai été trop bête.

Enfermé les geôles du palais, je fixe le néant de ma cellule. Il fait si sombre que j'arrive même pas à voir mes mains et un silence de mort règne. C'est terrifiant, j'ai l'impression d'être aux portes de la mort, privée de mes sens. Je caresse le sol dur et glacé pour me sentir vivant. Au moins je porte toujours mes vêtements d'apparat qui, en plus de m'épargner de la chaleur le jour, me protège du froid.

Accuser d'espionnage et d'assassinat.

Comment j'ai pu rater un truc pareil ? À force de parfaire l'image de Damian et comploter pour la couronne j'en ai oublié d'où je venais. Et à qui ma vie appartenait.

Car oui, qu'une seule personne peut me montrer aussi simplement.

La rapide ascension de Damian a dû parvenir aux oreilles du maître des ombres et avec elle, mon ascension. Pense-t-il qu'il s'agit d'un plan de Cassian ? Après tout, si le futur roi apporte lui son soutien, il deviendra plus influent que Tokarin.

Un rire sans joie m'échappe.

Il ne lui a pas fallu grand-chose pour me faire tomber. Des rumeurs, une haine déjà installée et ma négligence. Même si les Corbeaux ont prétendu que le problème était réglé, aucun coupable n'a été arrêté, aucun corps n'a été présenté. Une faille dans mon plan qu'il a parfaitement sur tournée à son avantage.

Le pire c'est que cette nouvelle vérité explique est parfaitement crédible !

Je cogne ma tête contre le mur dans mon dos et gemis de douleur et de frustration.

J'aurais dû éliminer Jalim en même temps que Tigna.

Son témoignage a été le clou de mon cercueil. C'est sa parole sans preuve, ce qui me vaut enferme et non la pendaison, mais je n'ai aucun moyen de démentir ses accusations. Surtout qu'il dit vrai... dans une certaine mesure.

En attendant que l'un des deux parties apporte prouve ses dires je reste là. Seule dans le noire est froid.

Aucun de mes amis n'est venu me rendre visite. Savent-ils seulement ce qui m'est arrivé ?

Bien sûr qu'ils savent. Même si aucun d'eux n'était là, je ne doute pas que ça ait dû se répandre dans tous les couloirs du palais.

Ils vont venir... Oui, je serai bientôt libre.

Depuis combien de temps suis-je ici ? Difficile de savoir sans repère temporel. La faim commence à peine à revenir, en revanche, la soif brûle ma gorge. J'ai l'impression qu'un désert s'est niché dans ma bouche. Je me suis bien trop accoutumé au luxe. J'avais oublié à quel point c'était douloureux.

Je serre les dents et bouge doucement ma langue pour augmenter la sécrétion de salive avant de l'avaler, ça apaise une seconde avant que la douleur ne revienne de plus belle.

Je tâte le sol à la recherche d'une flaque d'eau abandonnée, mais ce dernier est aussi aride des rues d'Era. On a beau être sous terre et mourir de froid, il ne fait pas assez humide avoir de la condensation au grand âme des prisonniers.

À l'heure qu'il est, mes camarades ont dû être informés de mon arrestation. La logique voudrait qu'ils nient toute implication avec moi. L'image du prince sera déjà entachée par ma condamnation et le sera jusqu'à ce qu'on prouve mon innocence.

C'est logique, mais une part de moi, celle qui apprécie notre petite bande, espère qu'ils viendront. Même si ce n'est qu'un regard. Mon cœur supplie d'être réconforté.

Je me frappe les joues.

Mais à quoi t'attends tu mon pauvre Eden ? C'est un prince et son Corbeau. Toi tu n'es rien. Ne l'oublie jamais... ne l'oublie pas...

L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant