L'ombre du trône : Je veux le pouvoir, la couronne et la gloire

Retrouvaille Avec Damian

Mon premier, véritable jour de travail. Muni d'un vase blanc en porcelaine, je traverse les couloirs de service. Ma mission est simple, l'échanger contre le pot souillé d'une des chambres de ma liste, le nettoyer puis recommencer avec la pièce suivante. Il y a plus d'une centaine de salles avec des vases de soulagement et je suis seul pour cette tâche ingrate, Monsieur Frat étant trop vieux. J'espérais une mort plus digne que épuisée et recouverte d'excréments.

Je pousse un long soupir et m'arrête devant une petite porte à ma gauche. D'après le plan que j'ai mémorisé, c'est l'ouverture la plus proche de la chambre du prince Damian. Rien que l'idée de le croiser dans ces conditions me révulse, mais je ne vais pas avoir le choix, je dois mettre les choses au clair avec lui.

Je prends une grande inspiration et sors du couloir de service. La porte est cachée derrière une peinture qui pivote lorsque je pousse le battant. Une fois de l'autre côté, je constate qu'on voit quasiment par la démarcations. Si on ne sait pas qu'il y a un passage secret, on passe devant sans même sans rendre compte. Je me demande si les nobles qui vivent ici ont conscience de tous ses tunnels ?

Je raffermis ma prise sur mon vase et me dirige vers la chambre de Son Altesse.

Comme me l'a enseigné Monsieur Fart, je toque trois fois et annonce mes intentions.

- Service de pot de chambre.

Pas de réponse. Je saisis mon trousseau de clés et déverrouille sa porte. À quoi bon fermer si n'importe quel serviteur peut entrer ? Il faudra que j'en parle à Damian, il ne doit rien laisser traîner dans sa chambre qui pourrait lui porter préjudice.

Je me faufile à l'intérieur et referme derrière moi. Mes yeux se posent sur l'imposant lit à baldaquin qui trône au milieu de la pièce. Juste en le regardant, je sais qu'il est doux et terriblement confortable. Une soierie noire brodée d'or digne des meilleurs couturiers du royaume. La même utilisée pour les rideaux et les fauteuils mono personnels qui font face à une imposante cheminée en marbre noir. Une coquetterie décorative peu utile dans un pays où il fait rarement moins de vingt degrés. Coller au mur, les divers meubles en verre sombre, des vases en grès, des sculptures d'orfèvre et autres miroirs finement travaillés. Aucun tableau ne vient parfaire la décoration.

Je réalise que toute la chambre est décorée sur les mêmes teintés noir et doré. Ce qui contraste grandement avec le reste du château tout en blanc. Même les murs en crépi fauve et ce sol en pierre bronze dénotent. Comme la pièce n'avait pas été construite en même temps que le reste de la propriété.

Je dépose le vase dans un petit coin prévu à cet effet et récupère l'autre étrangement vide. On dirait que Damian n'est pas souvent dans sa chambre.

Un grognement me tire de mes réflexions.

Je me fige. Ce son n'a rien d'humain.

Tout doucement je me retourne et pose mon regard glacial sur la panthère noire qui me bouche le passage. Mon cœur loupe un battement. L'animal est presque aussi grand que moi. Ses crocs sont plus longs que des poignards et sûrement tout aussi tranchants. Un seul coup de griffe m'arracherait la tête.

Reste calme Eden.

La bête m'observe, sa queue, décorée d'un bijou doré, remuant doucement derrière elle. Je tente un mouvement sur le côté, mais l'animal me réprimande d'un grognement. Je me stop et déglutis. Là je suis mal.

Le son d'une clé tournant dans la serrure me fait tourner la tête. Dans l'encadré de la porte, le beau visage de Damian, auréolé de ses cheveux noirs ondulés marque un temps d'arrêt en apercevant le spectacle sûrement comique que je lui offrir.